La phrase est du professeur Banza Malale, en marge du forum organisé dernièrement par l’Université de Lubumbashi autour du dernier arrêt controversé de la Cour constitutionnelle dans l’affaire Bukanga-Lonzo.
Le droit est malade, s’est donc exclamé le professeur Banza, plutôt désemparé de la grande dérive qui mine désormais la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire de la République Démocratique du Congo.
Si la justice élève une nation, comme on l’aime bien le dire, celle de la RDC enlève plutôt à la RDC toute sa sève. Elle dégrade l’Etat de droit et réinstaure l’arbitraire avec une justice à géométrie où tous ne sont pas forcément égaux devant la loi. Si non, comment comprendre qu’à l’espace d’une année, la Cour constitutionnelle se soit dédit de manière aussi honteuse.
Jeudi à l’Assemblée nationale, chambre basse du Parlement, la question a été soulevée à la plénière par un député national, sans lien d’ailleurs avec l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon, principal suspect dans l’affaire Bukanga-Lonzo. L’lu national s’est donc interrogé sur l’abime dans laquelle la Cour constitutionnelle a entrainé toute la République. Comment dès lors faire confiance à une Cour qui peut se dédire ? Qu’est-ce qui garantit sa crédibilité lorsqu’on sait que la même Cour passe pour le dernier rempart dans la validation des résultats de la présidentielle et des législatives ?
C’est dire que le mal est profond. Pour l’instant, on s’imagine encore tout le mal que la Cour constitutionnelle a assené à notre système judiciaire. Certains s’en félicite, parce qu’enfin leur ennemi juré, Matata Ponyuo Mapon, sera jugé pour des faits qu’on lui reproche dans la débâcle du projet de Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Mais, les plus avisés en pleurent et ne cachent pas leur désarroi face à une haute Cour qui s’est désacralisée.
Autant donner raison au prof Banza Malale quand il dit tout haut que le droit est malade. Il l’est réellement.
Que retenir finalement ? A tout prendre, il n’est pas trop tard pour la Cour constitutionnelle de se repentir. Il y va non seulement de son honneur mais surtout de sa crédibilité. Elle a certes trébuché dans son jugement, mais rien ne l’empêche de corriger son erreur.
A plus forte raison, c’est l’indépendance de la justice qui est en jeu. La justice ne peut se laisser inféoder par la politique. Ça sera une belle manière de creuser sa propre tombe. Pour consolider sa démocratie, la RDC a besoin d’une justice véritablement indépendante. Ce n’est pas avec le spectacle désormais que nous livre la Cour constitutionnelle qu’il atteindre cet objectif.
ECONEWS