Le football congolais est malade, très malade. On pensait que la faute était imputable à ces longues années du règne de Constant Omari Selemani, soit environ 13 ans aux commandes de la FECOFA (Fédération congolaise de football association). Aujourd’hui, on se rend bien compte que le mal est profond. La crise est systémique, car malgré le départ de Constant Omari, le football congolais périclite. Pire, il a atteint une phase avancée de déliquescence.
La débâcle des Léopards locaux à la dernière édition du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), où la RDC a été débarquée dès la phase de groupes, affichant deux matchs nuls, une défaite et aucun but marqué, prouve le niveau de déconfiture du football national.
Dans un rapport interne, se pliant aux instructions du ministre des Sports et Loisirs, la FECOFA s’est totalement dédouanée, se déchargeant de toute responsabilité. Son président a.i., Donatien Tshimanga, s’est fendu en conjectures, rejetant la responsabilité de cet échec aux gens qui sont loin de la sphère d’influence de la FECOFA.
De l’avis de la FECOFA, la déroute de la RDC au CHAN 2023 était plutôt le fait d’un championnat suspendu, faute de subvention du Trésor public – une raison moins évidentes -, du manque de trousse médicale et d’équipement sportif adapté au climat de l’Algérie. Une façon d’accuser indirectement l’équimentier officiel de la RDC, O’Neills, qui, selon la FECOFA, n’aurait pas mis à la disposition des Léopards A’ les équipements requis.
A tout prendre, ces deux dernières raisons évoquées par la FECOFA indexent directement aussi le ministère des Sports, principal gestionnaire des fonds débloqués par le Gouvernement, suivant les recommandations du Conseil des ministres – la FECOFA étant aussi sous tutelle financière de la FIFA. En bottant en touche, la FECOFA a aussi subtilement accusé le ministre des Sports de détournement.
A ce jour, les faisceaux d’informations parvenues à Econews indiquent que la FECOFA a géré de bout en bout tous les fonds publics mis à la disposition de la sélection nationale. A ce titre, elle n’a aucune raison de se dédouaner.
Ainsi, il s’avère que plusieurs factures, libellées « Prise en charge médicale des Léopards » lors de cette compétition organisée en Algérie, soit près de 20.000 USD, ont été actionnées et payées par la FECOFA. Les prestataires ont tous été payés par le comptable public, conformément à la volonté du Conseil des ministres alors que les affairistes du Comité Tshimanga s’étaient vigoureusement opposés à cette procédure.
Un autre élément qui cloue la FECOFA est tiré d’un échange que son secrétaire général a eu avec un membre du cabinet du ministre des Sports. Il s’agissait en fait d’une réquisition médicale, composée des produits locaux qu’un médecin du Centre National de Médecine des Sports devait acheminer. Curieusement, ce rapport, truffé d’incohérences, porte juste la signature d’un même individu.
Dépité, un journaliste sportif n’a pas manqué de commenter ce rapport de la FECOFA : « Ce rapport de la FECOFA adressait au ministre est la pire que cette institution ait pu rédiger ces dix dernières années, car sans analyse de fond de la question ni projection ».
O’Neills sort la grande artillerie
Aux accusations fantaisistes de la FECOFA qui a fait part des équipements inappropriés mis à la disposition des Léopards A’, l’Irlandais O’Neills a fait un démenti (voir documents en annexe) qui étale au grand les graves dysfonctionnements qui rongent l’instance nationale de football.
L’équipementier O’neills, sous contrat avec la FECOFA jusqu’au mois de mars 2023, se dit victime d’une machination du Comité Tshimanga pour le mettre hors de course dans la prochaine adjudication.
En effet, la FECOFA l’accuse, sans raison valable, de n’avoir pas livré des tenues adaptées au froid glacial de l’Algérie pendant le tournoi du CHAN. Ce que rejette catégoriquement Serge Ndongala, représentant d’O Neills en RDC.
A travers, une correspondance devenue virale, la société irlandaise démontre noir sur blanc que la FECOFA ne maitrisait rien des contours de ce tournoi ; la question de l’argent ayant sans doute pris le dessus sur toute autre considération. Même les noms des athlètes étaient mal écrits sur les tenues, relève O’Neills. Ce qui étale le manque de sérieux qui règne au sein de la FECOFA.
C’est dire que la FECOFA navigue à vue. La déconfiture du football a un nom, c’est la FECOFA. Et il ne faut pas chercher trop loin.
Tout compte fait, Donatien Tshimanga est une pieuvre qu’il faut éloigner, le plus rapidement possible, du football congolais. Heureusement, des élections sont annoncées incessamment à la FECOFA, sous l’égide de la CAF et de la FIFA. Ça sera l’occasion de faire un nettoyage à fond de l’instance nationale du football.
Econews