La Commission électorale nationale indépendante (CENI) entame bientôt la dernière phase d’enrôlement des électeurs dans l’aire opérationnelle 3 qui comprend, entre autres, les provinces sous tension du Nord-Kivu et de l’Ituri. Entre le Gouvernement et la CENI, des concertations se multiplient pour voir comment atteindre les électeurs des territoires qui échappent au contrôle de Kinshasa. Pour la CENI, c’est un casse-tête qu’elle n’est pas prête à surmonter.
Les opérations d’enrôlement des électeurs entrent bien tôt dans leur phase ultime avec la couverture de la troisième aire opérationnelle qui comprend, entre autres, les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, deux provinces dont une bonne partie échappe encore au contrôle de Kinshasa. A la CENI, on craint que le cycle électoral ne soit perturbé en mettant à l’écart des millions d’électeurs. Entre le Gouvernement et la Centrale électorale, des concertations s’enchaînent pour trouver une voie de sortie. La question a été passée au peigne fin au ministère de l’Intérieur dans le Comité de pilotage pour la sécurisation du processus électoral.
A cet effet, le 1er vice-Président de la CENI, Bienvenu Ilanga Lembow, a pris une part active à la deuxième réunion du Comité de pilotage pour la sécurisation du processus électoral, présidée par le vice-Premier ministre (VPM) en charge de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Daniel Aselo Okito.
Cette rencontre résultait de l’audience accordée vendredi 10 février 2023 par le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, au Président de la CENI, Denis Kadima Kazadi, à laquelle ont également pris part le VPM Daniel Aselo et le ministre de la Défense nationale, Gilbert Kabanda. Les représentants des ministères directement concernés par la question électorale, notamment les Finances et le Budget, ainsi que le commissaire général de la Police nationale congolaise, Dieudonné Amuli, et des officiers supérieurs de l’armée ont été associés à cette rencontre.
Il était essentiellement question de lever les options autour du déploiement du personnel et du matériel de la CENI dans la dernière aire opérationnelle dite 3, particulièrement dans les zones sous tension de l’Ituri et du Nord-Kivu. La situation des déplacés internes a été également prise en compte.
D’emblée, le VPM Aselo a fait observer que l’armée va appuyer la police dans cette démarche pour mener à bien cette opération de sécu-risation du processus électoral dans cette zone opérationnelle en proie à l’insécurité dans certains territoires.
Pour la circonstance, le n°1 de la PNC, Dieudonné Amuli, a dressé la cartographie de la situation sécuritaire dans cette partie de la République en donnant quelques détails sur l’arrivée du matériel de la CENI dans cette zone.
Pour sa part, le 1er vice-président de la CENI, accompagné de différents experts de la Centrale électorale, dont le secrétaire exécutif national, Thotho Mabiku Totokani, du directeur des opérations, Joseph Nsenda, a donné un aperçu de l’évolution de l’opération d’identification et d’enrôlement dans les deux premières aires opérationnelles, avant de mettre le cap sur l’aire 3, y compris le lancement des opérations d’enrôlement au Canada et aux Etats-Unis.
La CENI est confiante, mais…
A la CENI, il y a une nette détermination de ne laisser aucun Congolais hors de ce processus électoral en optant pour un déploiement à grande échelle, incluant l’ensemble des compatriotes en âge de voter et remplissant les conditions requises.
«Nous nous sommes retrouvés ici dans le cadre du Comité de pilotage pour la sécurisation du processus électoral. C’est le cadre officiel qui permet à tous les partenaires qui ont en charge de la sécurité du territoire national d’échanger avec la CENI, pour accompagner le processus électoral. Comme tout le monde le sait, il subsiste quelques endroits à problèmes où la CENI ne peut pas accéder assez facilement pour le déploiement aussi bien du matériel que de son personnel. Il est donc tout à fait indiqué que la CENI vienne vers le gouvernement qui a l’apanage de cette question sécuritaire pour se rassurer que les opérations peuvent bien être organisées en ces lieux-là. Ce qui, à l’évidence, nous a conduits au ministère de l’Intérieur», a souligné le 1er vice-président Bienvenu Ilanga.
«C’est une question qui préoccupe l’ensemble du Gouvernement et même le chef de l’Etat est en train de se déployer chaque jour pour que la situation sécuritaire dans cette aire opérationnelle puisse sensiblement changer. La CENI s’est fait également ce même souci. C’est comme cela que son Président est allé vers le Premier ministre qui nous a invités, le ministre de la Défense et moi-même pour nous faire connaitre la préoccupation de la Centrale électorale. Celle de savoir dans quelle mesure elle peut lancer l’opération d’enrôlement des électeurs dans l’aire opérationnelle 3. C’est ainsi que sous ses instructions, nous avons décidé de tenir cette réunion dans le cadre du cadre créé légalement, à savoir le Comité de pilotage pour la sécurisation du processus électoral pour que techniquement nous puissions l’étudier et tirer les conséquences de manière à donner les orientations à la CENI par rapport à son déploiement », note-t-il
«Il y a des aspects qui ne sont réservés qu’aux forces de sécurité et défense et cela ne sert à rien d’en donner davantage des détails ici. Mais la question est bel et bien étudiée à ce niveau. La CENI aura des orientations pour qu’elle voie dans quelle localité elle ne peut peut-être pas mettre les pieds présentement pour préserver la vie des humains. Car dans cette partie du pays, il y a des localités occupées par le Rwanda à travers le M23. Nous n’allons pas sacrifier les humains. S’il faut sacrifier un peu le processus, cela se fera. L’essentiel est de voir comment avoir la maîtrise de la gestion de l’étendue du territoire national pour que tous les Congolais puissent participer à ce processus », a conclu le Vice-Premier ministre.
Francis M.