Brexit : Londres et l’UE trouvent un accord sur l’Irlande du Nord

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a proclamé lundi un «nouveau chapitre» dans les relations post-Brexit avec l’UE, après avoir obtenu un accord décisif pour réglementer le commerce en Irlande du Nord.
L’héritage de Boris John son en prend un coup. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s’est félicité ce lundi 27 février de l’ouverture d’«un nouveau chapitre» dans la relation entre Londres et l’Union européenne grâce à la conclusion d’un accord pour modifier le protocole post-Brexit pour l’Irlande du Nord, suite à plusieurs mois de tensions et de difficiles négociations.
Dans sa forme initiale, ce protocole, plutôt générateur de discorde, est un héritage de l’ère Johnson mais il avait rapidement suscité des mécontentements. Si bien que Boris Johnson, a régulièrement attisé la colère de l’UE en proposant régulièrement la possibilité d’outrepasser certaines dispositions du protocole.
«C’est le début d’un nouveau chapitre dans nos relations», a déclaré Rishi Sunak, annonçant cet accord lors d’une conférence de presse commune avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Windsor, en périphérie ouest de Londres. Le dirigeant britannique a également salué «une avancée décisive», potentiellement facilité par le rapprochement forcé par la guerre en Ukraine.
«Le Royaume-Uni et l’Union européenne ont peut-être eu des différends dans le passé, mais nous sommes des alliés, des partenaires commerciaux et des amis et nous l’avons clairement constaté l’année dernière lorsque nous nous sommes unis avec d’autres pour soutenir l’Ukraine», a déclaré le locataire du 10 Downing Street.
«Je pense que ce sur quoi nous nous sommes mis d’accord aujourd’hui est historique», a renchéri Ursula von der Leyen, évoquant également cette idée d’«un nouveau chapitre ». «Et le plus important, c’est qu’il protège la paix durement obtenue grâce à l’accord du Vendredi Saint» qui a mis fin au conflit entre unionistes surtout protestants et républicains en majorité catholiques et dont le 25e anniversaire sera célébré en avril, a rappelé la dirigeante européenne.

Moins de contrôles douaniers
Signé en 2020, le protocole nord-irlandais réglemente la circulation des biens entre le reste du Royaume-Uni et l’Irlande du Nord, qui dispose de la seule frontière terrestre avec l’Union européenne.
Ce protocole voulait éviter une frontière terrestre entre l’Irlande et l’Irlande du Nord qui risquerait de fragiliser la paix conclue en 1998 après trois décennies sanglantes, tout en protégeant le marché unique européen.
De fait, l’accord de Windsor va considérablement réduire les contrôles douaniers nécessaires sur les marchandises de Grande-Bretagne arrivant en Irlande du Nord. Mais il va aussi réduire l’application de réglementations de l’UE dans la province britannique. «Nous avons modifié le texte juridique du protocole afin de nous assurer que nous pouvons apporter des modifications critiques à la TVA et aux droits d’accise pour l’ensemble du Royaume-Uni. Ainsi, nos réductions du coût d’une pinte au pub s’appliqueront désormais également en Irlande du Nord», s’est encore félicité le Premier Ministre britannique sur les réseaux sociaux.
Le «cadre de Windsor» présenté lundi «supprime le sentiment de toute frontière» en mer d’Irlande, a également fait valoir le Premier ministre. Seules les marchandises qui présentent un risque de se retrouver en République d’Irlande, et donc sur le marché unique européen, seront soumises à des contrôles.
Pour répondre aux préoccupations des unionistes, qui veulent avoir leur mot à dire sur l’application de règles européennes en Irlande du Nord, le Parlement local disposera d’un «frein d’urgence». S’il est actionné, «le gouvernement britannique disposera d’un véto», a expliqué Rishi Sunak, évoquant au passage un «puissant» mécanisme de «sauvegarde».
Pour apaiser les unionistes, Londres avait menacé au printemps dernier de revenir unilatéralement sur le protocole, suscitant la colère de Dublin et de Bruxelles qui avait alors brandi le spectre d’une guerre commerciale.
À Londres, Rishi Sunak se prépare donc à des explications délicates ce lundi soir devant les députés, dont certains ont déjà exprimé leur mécontentement. Il doit éviter une fronde qui affecterait son autorité après quatre mois au pouvoir, mais après avoir entretenu le flou, il a confirmé que le nouvel accord serait soumis à un vote « au moment opportun».
Ursula von der Leyen doit quant à elle rencontrer Charles III, une visite critiquée par certains qui déplorent que le roi se retrouve mêlé à des discussions politiques aussi controversées. «Le roi est heureux de rencontrer n’importe quel dirigeant étranger en visite au Royaume-Uni et c’est le conseil du gouvernement qu’il le fasse», a simplement réagi le palais de Buckingham dans un communiqué.

Econews