Opération sauvetage. Selon le Financial Times, UBS rachète Credit Suisse, au bord de la faillite, pour deux milliards de dollars US, après de rudes négociations. Une opération imposée par les autorités monétaires suisses qui craignaient une contagion dans leur système financier.
La plus grande banque de Suisse UBS, poussée par les autorités, a donc accepté dimanche d’acheter sa rivale Credit Suisse pour deux milliards de dollars américains, selon le Financial Times, acceptant de doubler la mise in extremis pour empêcher une débâcle et un mouvement de panique sur les marchés lundi.
Selon le quotidien financier, UBS a accepté de doubler le montant initialement proposé pour surmonter les réticences de Credit Suisse et de l’un de ses principaux actionnaires.
La transaction se ferait uniquement en actions UBS et valoriserait l’action Credit Suisse à un prix de 50 centimes, au lieu des 25 initialement proposés, qui reste très inférieur au cours du titre vendredi à la clôture (1,86 franc). La transaction est examinée à Berne par le gouvernement fédéral, déjà réuni d’urgence jeudi et samedi.
Selon CH Media, le gouvernement doit informer les parties concernées à partir de 17H00 GMT (vendredi 17 mars 2023, Ndlr)et ensuite donner une conférence de presse pour dévoiler les détails de l’accord.
La fusion entre ces géants, qui font tous deux partie du club très fermé des 30 établissements bancaires trop importants pour faire faillite, devrait donc être bouclée et annoncée à temps pour l’ouverture des marchés asiatiques. L’espoir étant que cela puisse suffire à empêcher une panique généralisée.
La fin de l’argent pas cher
Le secteur bancaire est sous tension depuis que les grandes banques centrales ont augmenté fortement leurs taux afin d’essayer de maîtriser l’inflation. Nombre d’établissements ont omis de se préparer après avoir eu accès, pendant des années, à de l’argent pas cher. La récente faillite de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis et d’autres banques régionales américaines a augmenté l’angoisse des investisseurs et les a poussés à vendre les titres des banques considérées comme les maillons faibles.
C’est le cas du Credit Suisse qui depuis deux ans va de scandales retentissants en revers. Et malgré les efforts de sa direction pour vanter un plan de restructuration sur trois ans, rien n’y a fait. Les investisseurs ont voté avec leurs pieds et l’établissement zurichois a eu du mal à accéder des liquidités à des prix raisonnables. Une bouée de sauvetage de 50 milliards de francs suisses lancée mercredi par la banque centrale suisse, après une journée noire en Bourse, n’a donné qu’un bref répit à la banque.
Les autorités de régulation et le gouvernement fédéral ont eu à faire à une pression immense des principaux partenaires économiques de la Suisse pour assainir la situation avant qu’elle ne contamine le monde entier. Selon le Financial Times et Blick, les clients de la banque ont retiré 10 milliards de francs suisses en une seule journée en fin de semaine dernière.
Des garanties importantes offertes à UBS
Selon l’agence Bloomberg, UBS exige que les pouvoirs publics prennent en charge des frais légaux et des pertes potentielles qui peuvent se chiffrer en milliards de francs.
Samedi, les discussions butaient sur l’activité banque d’investissement, selon l’agence financière, un des scénarios à l’étude étant une reprise uniquement de la gestion d’actifs et de fortune avec une cession de cette branche. En revanche, UBS, qui a passé plusieurs années à se redresser après le choc de la crise financière de 2008 et un sauvetage massif de l’Etat, commence à récolter les fruits de ses efforts et il a fallu énormément d’efforts des autorités pour que la direction de la banque accepte d’endosser l’habit du sauveur.
La Commission de la concurrence pourrait également sourciller selon la configuration du rachat. Les discussions portent aussi sur le sort à réserver à la branche helvétique de Credit Suisse, un des pans profitables du groupe qui a perdu 7,3 milliards de francs suisses l’année dernière et table encore sur des pertes «substantielles» en 2023. Cette branche rassemble la banque de détail et les crédits aux PME. Une des pistes envisagées par les analystes est celle d’une introduction en Bourse, qui pourrait limiter les licenciements en Suisse en raison des doublons avec les activités d’UBS. Dimanche, le syndicat des salariés des banques en Suisse a «exigé» la participation des partenaires sociaux aux discussions, compte tenu des enjeux «énormes» pour l’emploi. Problème : «Quand la Bourse ouvrira lundi le Credit Suisse pourrait appartenir au passé », prédisait le tabloïd Blick.
Avec AFP