Le Rwanda réclame des terres en RDC ! : Kagame disqualifie le M23 et défie la communauté internationale

Acculé de toutes parts, la traque interminable des FLDR, tout comme le génocide rwandais, qu’il a utilisé comme fonds de commerce, ne faisant plus recette, le président rwandais Paul Kagame a fini par révéler au grand jour les vraies raisons de l’entreprise criminelle qu’il a mis en œuvre dans l’Est de la République Démocratique du Congo. C’est depuis Cotonou, au Bénin, que l’homme fort de Kigali a finalement vendu la mèche. Il ne cache plus son envie d’envahir la République Démocratique du Congo pour corriger, dit-il, une vieille injustice née de la Conférence de Berlin qui aurait ravi à son pays, le Rwanda, une partie de son territoire en faveur de la RDC. Que reste-t-il encore aux « terroristes » du M23 dès lors leur parrain, Kagame, a déclaré tout haut ce qu’il cherche depuis toujours en RDC. Le M23 n’est qu’une illusion, tout comme ses revendications. Il n’a jamais existé. Pour la communauté internationale qui a toujours cru au discours soporifique de Kigali, c’est le moment de se ressaisir. En prétendant réclamer des terres en RDC, Kagame remet en cause les fondamentaux des rapports entre les Etas, foulant aux pieds les principes fondateurs de l’Union africaine et des Nations Unies, c’est-à-dire l’intangibilité des frontières issues de la colonisation.

Traquer les rebelles des FDLR, protéger des Tutsi congolais ou encore sécuriser les frontières n’auront été qu’un épouvantail que le président rwandais, Paul Kagame, a toujours agité pour justifier les multiples incursions de ses troupes dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. En une vingtaine d’années, Paul Kagame a berné le monde entier, faisant du génocide rwandais de 1994 son fonds de commerce pour couvrir ses crimes odieux commis sur le sol congolais. Le décompte macabre se chiffre à plus de dix millions de morts.

Curieusement, le monde a fermé les yeux, laissant à Paul Kagame la voie libre pour tuer et massacrer les Congolais sur ses terres. En contrepartie, le président rwandais a mis en place, se servant de ses relais militaires dans l’Est de la RDC, de nombreux groupes armés pour entretenir le désordre et piller à souhait les immenses ressources naturelles de la RDC. Ce pillage systématique de la RDC dure depuis plus de 20 ans, avec un passif fait des pillages, des viols et des tueries en série.

Ne sachant assouvir sa soif de se servir sur le sol congolais, le Rwanda réactive fin 2022 le M23, pourtant vaincu et neutralisé. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le M23 tue et pille, au grand dam d’une communauté internationale qui a décidé de fermer les yeux, embarquée dans la rhétorique trompeuse de Kigali.

Face au M23, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a choisi la voie de la fermeté, fermant la porte à toute forme de «dialogue politique» avec ce que Kinshasa considère – avec raison d’ailleurs – comme des marionnettes de Kigali. En réalité, cette posture ferme de Kinshasa commence à payer. Car Kagame, acculé de toutes parts jusqu’à son dernier retranchement, a fini par perdre son sang-froid, révélant enfin les raisons réelles de toutes ses incursions armées en RDC.

LES MASQUES TOMBENT

C’est depuis Cotonou, en Bénin, où il a bouclé sa samedi une visite d’Etat que le président rwandais a enfin jeté le pavé dans la marre.

Paul Kagame a achévé dimanche sa visite au Bénin.

Invité par Patrice Talon, il s’est exprimé au cours de la conférence de presse organisée samedi au Palais présidentiel de la Marina. Il s’est étendu sur la question relative au M23.

«Le problème du Congo, le problème de la région ou encore le problème du Rwanda n’est pas le M23. Le M23 est la résultante de plusieurs autres problèmes qui n’ont pas été résolus depuis des décennies.

Le problème du M23 existait même avant que Tshisekedi ne devienne président.

Cela remonte même à 2012 », a-t-il dit, suivant des propos relayés par le site d’infos en ligne actualite.cd.

D’une certaine manière, le M23, création de Kigali, participe à ce travail de reconquête.

Paul Kagame le démontre subtilement : « En ce qui concerne le M23 et toutes les personnes liées au M23, les Congolais qui ont bénéficié de l’héritage rwandais, les frontières qui ont été construites durant la période coloniale ont affecté et divisé nos peuples. Une partie du Rwanda qui a été donnée au Congo, le sud à l’Ouganda, etc.

Nous avons une coopération qui existe déjà dans ces zones.

Il y a déjà des liens qui existent entre les peuples. C’est évident. Vous pouvez remonter dans l’histoire ».

Il pense dès lors amener toute l’Afrique à plaider la cause du Rwanda pour ramener, selon lui, une paix durable dans la région des Grands Lacs. «Ce problème, dit-il, va au-delà de ma personne, au-delà de la personne du président Tshisekedi. Toutes ces personnes qui étaient présentes en cette période ne sont plus là. En 2012, nous n’avons pas bien géré la question et aujourd’hui, onze ans après, le problème existe toujours. Tous les pays africains ont été impliqués dans la résolution de cette question, mais personne n’a pu réussir quoi que ce soit ».

Le président rwandais espère obtenir gain de cause avec le double processus de Nairobi et de Luanda. Une logique qui ne passe pas à Kinshasa.

Mais, pour Kagame, «il faut trouver la solution à cette crise. Aujourd’hui, nous avons le processus de Nairobi et celui de Luanda qui ont mis tout en oeuvre pour résoudre cette question, mais je pense qu’ils sont en train de chercher une solution. Les démarches entreprises ont essayé, mais apparemment la RDC ne veut pas que la question soit résolue. C’est quand même ironique ».

A tout prendre, pour Kagame, la paix dans la région des Grands Lacs passe donc par la cession d’une partie du territoire congolais au Rwanda.

«Aujourd’hui, nous ne pouvons continuer à nous plaindre du problème éternellement alors que nous connaissons là où il y a le nœud. C’est comme si nous même nous ne souhaitons pas trouver la solution. On tourne autour du pot, malheureusement », a déclaré, à cet effet, le président rwandais.

VIVE RÉACTION DE KINSHASA

A Kinshasa, c’est le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, qui s’est chargé de remettre à sa place le président rwandais.

«Kagame transgresse l’histoire, ses propos constituent une nouvelle provocation.

Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il est la cause de l’insécurité dans l’Est de la RDC, créateur du RCD, CNDP, M23. Ce qu’il ne doit jamais oublier, ce que nous défendrons chaque centimètre de notre territoire », a réagi Patrick Muyaya sur son compte twitter.

Dans ce nouveau bras de fer, la RDC peut compter sur un soutien de taille, celui de la Suisse qui préside en mai prochain la présidence du Conseil de sécurité des Nations Unies.

En séjour en RDC, le président de la Confédération helvétique a promis de porter haut la cause de la RDC. «Notre pays est attaché au respect de l’intégrité territoriale de la RDC, ce qui signifie qu’il est inadmissible qu’un pays tiers mène des opérations militaires dans un autre Etat », a dit le président suisse, cité par le ministre Patrick Muyaya.

Dans les commentaires largement partagés sur la toile, Me Kasonga Billy note : «Ceci confirme que toutes les revendications portées par le M23 ne sont que fallacieuses, mensongères et vide même leur combat de toute substance.

Ceci est la preuve que Kagame a échoué dans son mode opératoire stratégique de la guerre par procuration pour faire main basse sur les terres congolaises ». Il est d’avis qu’en se dévoilant, cette déclaration « réconforte le Président Tshisekedi et la population congolaise dans leur thèse de ne plus jamais dialoguer avec le M23 et que le vrai interlocuteur, c’est le Rwanda (et l’Ouganda à une certaine mesure) ».

Le professeur Lohata Tambwe Okitokosa Paul – René va plutôt dans l’extrême : «La RDC doit sans délai adresser un courrier diplomatique aux autorités de l’Union Africaine pour demander purement et simplement l’exclusion de cet État voyou de l’organisation panafricaine, pour avoir porté atteinte à un des principes fondateurs sacro-saints de l’ UA (alors OUA), depuis 1963, à savoir la non-violation des frontières héritées de la colonisation (…) L’heure est grave : le temps de jouissance, de divisions, d’hésitation et d’indécision est révolu. Aucun mètre carré du territoire terrestre, aérien et lacustre ou fluvial du pays de Lumumba n’ira au Rwanda. La vérité triomphera ! »

Econews