On savait que l’administration publique congolaise était minée par différents réseaux de détournement de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat. Il y a quelques années, le Gouvernement avait eu l’ingénieuse idée de bancariser la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat au travers les banques commerciales.
L’initiative, certes douloureuse pour ceux qui se sont toujours servis aux mamelles de l’Etat, a permis de réduire sensiblement le coulage des dépenses de rémunérations au sein de la Fonction publique.
Parallèlement à cette innovation, l’Etat congolais avait multiplié des réformes, souvent réalisées avec un réel accompagnement des partenaires extérieurs, principalement la Banque mondiale, pour une maîtrise des effectifs des agents et fonctionnaires de l’Etat.
On pensait que le mal était extirpé et qu’on avait enfin un fichier assaini, répertoriant tous les agents et fonctionnaires réellement actifs ou passifs au sein de l’administration publique. On pensait aussi que la bancarisation de la paie avait placé autant de garde-fous, rendant presqu’impossible tout développement d’un réseau de détournement dans la paie des agents de l’Etat.
Avec le temps, on se rend compte que les maffieux qui gangrènent les couloirs de l’administration publique ont, concomitamment, développé des pratiques aussi sophistiquées qu’ils sont parvenus à contourner tout le dispositif de contrôle aussi bien des effectifs que du fichier de la paie de la Fonction publique.
On savait tout aussi que le mal, longtemps décrié, persistait toujours dans l’administration publique. On vient finalement d’en avoir le cœur net avec le dernier rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) qui rend compte d’un détournement monstrueux, chiffré à plus de 65 millions de dollars américains par mois, de la paie des agents de l’Etat.
L’IGF est arrivée à cette conclusion après une mission d’audit du fichier de la paie de quelques services de l’Etat, dont l’armée, la police, l’enseignement primaire et secondaire ainsi que les secrétariats généraux.
C’est dire combien le Trésor public est saigné à blanc. Que dire de plus ? Sinon, reconnaître que le mal est profond.
En réalité, l’IGF a porté à la place publique une vieille vérité, une lapalissade qui rappelle tout le désordre qui continue à miner la Fonction publique congolaise.
En effet, tout se passe comme si toutes les réformes ou contrôles initiés au sein de l’administration publique ont terminé leur course dans les tiroirs, sans effets réels sur le terrain.
A la Fonction publique, le cancer des détournements a atteint un stade très avancé. Une ingénierie a été mise en place pour entretenir ce fléau.
Nettoyer le fichier de la paie de la Fonction publique exige donc courage et détermination de la part du Gouvernement. L’IGF a joué sa partition en dénonçant, on attend voir le Gouvernement et la Justice jouer la leur pour mettre hors d’état de nuire tous les réseaux maffieux qui pullulent au sein de l’administration publique.
A ce titre, l’IGF a donné suffisamment d’indices pour un nettoyage en règle du fichier de la paie de la Fonction publique.
Econews