La période pré-électorale s’annonce particulièrement agitée. C’est dans la rue que Pouvoir et Opposition ont décidé de régler leurs comptes. Le premier acte s’est joué, le samedi 20 mai 2023, à Kinshasa où l’Opposition a dû affronter deux partis politique de la majorité au pouvoir. Dans les rangs de l’Opposition, la répression a été au rendez-vous. Ce que minimise l’Hôtel de ville de Kinshasa qui menace plutôt de traduire en justice les quatre leaders du bloc de l’Opposition, à savoir Katumbi, Matata, Fayulu et Sesanga. Autrement dit, la partie ne fait que commencer…
Les rues de la ville de Kins- hasa ont vibré, le samedi 20 mai 2023, à la suite de l’appel à une marche populaire lancé par le bloc de l’Opposition formé autour de Moïse Katumbi, Augustin Matata, Martin Fayulu et Delly Sesanga. Pour contrer cette activité, le Pouvoir a également mobilisé dans ses rangs en annonçant le même samedi deux manifestations politiques dans la ville. La première était la marche de la Ligue des jeunes de l’UDPS en soutien aux institutions de la République. Pour contenir la population du district peuplé de la Tshangu, le parti politique ACP du gouverneur Gentiny Ngobila a aussi improvisé une matinée politique au stade municipal de Masina.
Quant à l’Opposition, elle devait se contenter d’un itinéraire, taillé sur mesure, selon ses quatre leaders, lui imposé par le gouverneur Ngobila. Sans surprise, la répression est au rendez-vous de la marche de l’Opposition. Le bilan officiel fait état de quelques blessés graves, aussi bien dans les rangs des manifestants que des forces de l’ordre.
Quant aux organisateurs de cette marche, ils font état de mort d’hommes, sans préciser le nombre
Décidément, avant les joutes électorales de décembre prochain, Opposition et Pouvoir se règlent leurs comptes dans la rue.
Tirs à balles réelles : le bloc de l’opposition charge Ngobila
Au regard de la forte répression du 20 mai, les principaux leaders du bloc de l’Opposition ont vigoureusement chargé le gouverneur Ngobila.
Delly Sesanga, président d’ENVOL et l’un des quatre leaders du bloc de l’Opposition, s’en est pris à Gentiny Ngobila qu’il accuse d’avoir transformé la Police «en milice au service d’un pouvoir. Du jamais vu !»
«Ce que vous voyez, c’est l’entrave à la liberté reconnue par la Constitution. Nous sommes là paisiblement pour faire la marche et c’est la Police qui fait entrave en collusion avec un parti politique adverse, l’UDPS», a déclaré Delly Sesanga, rappelant que «ce pays n’appartient ni à Ngobila ni à Tshisekedi », tout en estimant que «la population a pleinement droit de manifester ».
Sur son compte twitter, Moise Katumbi, leader d’Ensemble pour la République, a salué le courage des Kinois qui ont bravé la peur : «Je veux remercier ceux qui ont bravé la violence d’État pour dire non à la dictature qui s’empare de la RDC. Le pouvoir a exercé une folle répression. Des centaines d’innocents en ont fait l’expérience», promettant de «se battre pour eux et pour tous les Congolais».
Même manifestation de colère de Matata Ponyo Mapon qui ne cache pas sa tristesse face au recul de la démocratie en RDC. «C’est triste de voir le Pouvoir politique bafouer le droit de l’homme de cette manière. Ce qui rappelle les périodes de dictature connues dans le monde. Ces pratiques dictatoriales ne nous dissuaderont jamais. Nous allons continuer à protester pour réclamer nos droits confisqués», a écrit Matata sur son compte twitter.
A l’instar de Delly Sesanga, Martin Fayulu n’a pas non plus épargné le gouverneur Ngobila : «M. Ngobila, gouverneur de la ville de Kinshasa, et le général Kasongo, commissaire provincial de Police, doivent démissionner. Ils sont les partisans de M. Tshisekedi et donc incapables d’assurer le service public. La CPI doit déjà ouvrir un dossier sur eux». Bien avant, Fayulu annonçait déjà les couleurs de ce que devait être la journée du 20 mai : «Le Gouverneur de la ville de Kinshasa, M. Ngobila, membre de l’Union Sacrée, joue avec le feu».
Réponse du berger à la bergère, le gouverneur Gentiny Ngobila a fait fi de toutes ces attaques, promettant plutôt de poursuivre en justice les quatre leaders de l’Opposition d’avoir enfreint la loi en ne respectant pas l’itinéraire convenu avec l’Hôtel de ville de Kinshasa.
Quoi qu’il en soit, le ministre des Droits humains, Albert-Fabrice Puela, a condamné dans un communiqué, sans autres précisions,«les actes de répression» et de «brutalité» contre les manifestants, y compris des «mineurs». «Nous exigeons de la justice des enquêtes urgentes pour que les responsabilités soient établies sur les différentes violations constatées», a-t-il dit.
Me Georges Kapiamba, président de l’ACAJ, a dit avoir «relevé plusieurs cas de violence commis par certains éléments de la Police nationale congolaise, aidés en cela par une personne en tenue civile, notamment contre un jeune manifestant apparemment mineur». L’ACAJ a condamné ces actes, exigeant «une enquête judiciaire crédible pour identifier et sanctionner sévèrement leurs auteurs ».
Econews
«Marches à Kinshasa, la Police a veillé sur l’ordre public»
Le commissariat provincial de la police ville de Kinshasa informe le public qu’il a déployé des milliers de policiers le samedi 20 mai 2023 pour encadrer et sécuriser les 3 activités politiques organisées dans la ville : la marche des partis politiques ECIDE, ENSEMBLE POUR LA RÉPUBLIQUE, ENVOL et LGD, la marche de la jeunesse de l’ UDPS et le meeting de l’ACP au stade municipal de Masina.
La marche de l’UDPS est partie du rond-point Ngaba jusqu’à Saint Raphaël de Limete sans heurts.
Celle des quatre (4) partis politiques dits de l’opposition n’a pas respecté l’itinéraire donné par Son Excellence Monsieur le Gouverneur de la ville. Au lieu de partir de la place Sakombi dans la commune de Ngaliema jusqu’à la place YMCA via l’avenue Kasavubu, les responsables de ces partis ont tenté de débuter la marche depuis la commune de Lemba, perturbant ainsi l’ordre public et exposant leurs militants au danger d’affrontement avec un parti rival.
La police a rétabli l’ordre public en demandant aux partis dits de l’opposition de respecter l’itinéraire convenu avec l’autorité urbaine. Visiblement, ces derniers voulaient créer des incidents et provoquer des cas de mort d’hommes. De 09 heures à 14 heures ils ont refusé d’écouter la police qui s’est vue dans l’obligation de reconduire, sous bonne escorte, les organisateurs de ladite marche jusqu’au quartier GB en passant par Bypass, UPN et Kintambo.
Le Commissariat provincial qui condamne fermement la violence d’où qu’elle vienne établit le bilan provisoire ci-après :
- Six (6) machettes saisies entre les mains de certains manifestants manifestement drogués venus pour semer le chaos.
- 27 policiers blessés dont 1 est dans un état comateux et trois grièvement par les projectiles lancés par les manifestants des quatre partis politiques ayant refusé de respecter l’itinéraire donné par l’autorité urbaine
•14 individus, auteurs des actes de vandalisme contre le sous-commissariat de Kianza qu’ils ont voulu incendier, ont été arrêtés - Un (1) journaliste blessée, agressée par une bande de manifestants surexcités.
- Deux (2) véhicules Land cruiser de la police caillassés
- Trois (3) policiers, auteurs de brutalités contre les manifestants et sur un mineur, sont arrêtés. Ces derniers seront déférés devant la justice militaire afin qu’ils répondent de leur acte.
Les enquêtes sont ouvertes et se poursuivent sur d’autres cas de bavures qui pourront être signalés.
Le Commissaire provincial félicite, par ailleurs, les policiers qui se sont bien comportés durant cette opération pour leur professionnalisme et abnégation malgré les provocations des manifestants.
Fait à Kinshasa, le 20 mai 2023
Le commissaire provincial et commandant ville
KASONGO KITENGE Sylvano
Commissaire divisionnaire