Dans le Grand Katanga, la province du Haut-Katanga est devenue invivable, plongé dans une insécurité permanente. A ce jour, les forces de l’ordre et de sécurité se battent contre un ennemi invisible qui tire son énergie des forces obscures qui cherchent par tous les moyens à ternir le mandat du Président de la République, Félix Tshisekedi. Heureusement, les Katangais du Haut-Katanga ont compris les dessous d’une insécurité artificielle entretenue à des fins essentiellement politiques. Après le Haut-Katanga, c’est Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, qui est visée. Le projet est d’inoculer le même virus d’insécurité pour jeter le doute sur la tenue des élections générales en décembre prochain. Dans la partie Ouest de la RDC, ces mêmes tireurs de ficelles du Haut-Katanga veulent se servir des tensions dans le Grand Bandundu pour embraser toute cette partie de la République. Vu sous cet angle, l’on comprend aisément les motivations réelles du déplacement, à longue durée, dans la capitale congolaise, de Moïse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République. L’on comprend aussi les réelles motivations de la marche du 20 mai, tout comme son désir ardent d’atteindre la province du Kongo Central, sans l’avis favorable des autorités de cette province. Le schéma est bien simple : créer l’insécurité pour précipiter le chaos, hypothéquer les élections et ternir l’image du régime Tshisekedi. Reflexe idéal d’un bon pyromane.
La marche du 20 mai dernier du bloc de l’Opposition, auquel étaient également associés Martin Fayulu de l’ECIDé, Delly Sesanga d’ENVOL et Matata Ponyo de LGD, a mis en avant Moïse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République. Comme si la publicité qui lui a été offerte autour de cette marche – du reste réprimée par les forces de l’ordre réagissant aux jets de pierres des manifestants – ne suffisait pas, le leader d’Ensemble pour la République s’est offert un show en tentant d’atteindre, contre l’avis des autorités provinciales, le Kongo Central, contournant les préalables portés à la connaissance du coordonnateur provincial adjoint d’Ensemble pour la République, son parti politique, par le gouverneur Guy Bandu Ndungidi. Qu’est-ce à dire ?
Décryptage
La réaction de Katumbi se justifie à maints égards. En réalité, le leader d’Ensemble pour la République joue sa dernière carte pour réaliser son rêve d’accéder à la magistrature suprême. Depuis Kabila, lorsqu’il régnait encore sur la toute puissante province du Katanga, l’homme a été toujours hanté par cette ambition de se voir confier les clés du Palais de la nation
A l’époque, Joseph Kabila l’a laissé venir, jusqu’à ce qu’il se décide de le neutraliser en précipitant le démembrement du Grand Katanga. Et Katumbi n’a jamais pardonné à «l’homme de Kingakati».
Déterminé à lui barrer la route à la présidentielle de 2015, Kabila l’a d’ailleurs contraint à l’exil, lu fermant la porte à tout retour en République Démocratique du Congo.
On se rappelle que, pour punir Kabila, Katumbi avait mobilisé ses puissants lobbys occidentaux en parrainant le conclave de Genève qui finira par coopter Martin Fayulu comme candidat commun de l’Opposition à la présidentielle de décembre 2018. Le reste a malheureusement joué en sa défaveur. Connaissant le jeu, le peuple a décidé autrement en confiant finalement les clés du Palais de la Nation à Félix Tshisekedi. Le plan de Genève a fait flop.
Cinq ans après, Katumbi tente de rééditer le même scénario en embarquant certains leaders, dont Martin Fayulu, le produit sorti en novembre 2018 du laboratoire de Genève, dans un nouveau deal politique. Ainsi pour rebondir, est né à Lubumbashi il y a deux mois, le bloc de l’Opposition qu’il a formé avec Martin Fayulu, Matata Ponyo et Delly Sesanga, tous curieusement déclarés candidats à la présidentielle de décembre 2023.
Comment vont-ils gérer leurs ambitions communes ? En tout cas, pour Katumbi, l’équation est bien simple : tous doivent s’effacer à son profit.
Pour l’instant, dans le bloc de l’Opposition, la question n’est pas à l’ordre du jour. Toujours est-il que, de part et d’autre, on en parle.
Quoi qu’il en soit, dans les rangs d’Ensemble pour la République, on ne se fait pas d’illusion. En décembre 2023, dit-on, c’est Katumbi ou rien ! Ça va certainement chauffé….
Stratégie de la victimisation
Qu’en est-il cependant pour l’instant ? Quelle est donc cette surprise que concocte encore Katumbi ?
La réponse est bien simple. En décidant d’établir momentanément son quartier général à Kinshasa, Katumbi a opté pour un combat à corps à corps avec le Président de la République, Félix Tshisekedi. Sa stratégie est de multiplier des provocations pour amener Félix Tshisekedi à la faute.
Le premier test s’est joué avec la marche du 20 mai. Tout est planifié pour que les forces de l’ordre commettent un carnage à mettre sur le dos du Président de la République. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu. Certes, la répression policière, résultats de multiples provocations avec jets de pierres, était au rendez-vous, mais le carnage tant attendu n’a pas eu lieu.
Réunir les images pour la communauté internationale est ce que Katumbi cherche. Il se sait moins populaire qu’il y a quelques années. Aussi, tente-t-il de rebâtir subtilement son image.
Preuve qu’il y avait une communauté internationale aux aguets qui n’attendait qu’une occasion, l’on s’étonne de la célérité avec laquelle les Etats-Unis et l’Union européenne ont réagi au bilan de la marche du 20 mai. Tout était chronométré, avec des actions bien précises.
La marche du 20 mai n’ayant pas été à la hauteur des attentes, il fallait improviser quelque chose pour dénigrer davantage le pouvoir de Tshisekedi. Le tour a été vite trouvé en improvisant une tournée du leader d’Ensemble pour la République dans la province du Kongo Central, sans avoir recueilli au préalable l’avis des autorités provinciales pour garantir la sécurité de Katumbi et sa suite.
De toute façon, l’équipe de « l’homme de Kashobwe » n’en avait pas besoin. Le plus important était de créer un incident à mettre, une fois encore, sur le passif de Félix Tshisekedi.
C’est exactement ce qui s’est passé le mardi 23 mai 2023 sur la Route de Matadi, à la sortie de la ville de Kinshasa. En effet, la Police s’était interposée, barrant la route au cortège de Katumbi. Cortège du reste, avec très peu de monde !
Comme tout était tracé dans un schéma précis, son porte-parole, Olivier Kamitatu, a, dans les heures qui suivent, improvisé une conférence de presse. En réalité, la conférence n’est pas un fait anodin. Ça faisait partie du plan.
Comme si il fallait une preuve de plus, la petite foule qui a suivi les quatre opposants, jeudi matin, pour la marche devant aboutir au sit-in devant le siège de la CENI illustre le peu d’engouement réel qu’il suscite… Il sait, ils savent qu’ils ne drainent plus des foules, mais comptent sur les médias pour compenser ce gap avec les images à leur produire…
«La peur des élections les gagne et tout semble dire qu’elles auront lieu le 20 décembre 2023, arrêtez de distraire le public, préparez-vous, dit un observateur de la politique congolaise », commente un analyste indépendant.
Que dire de cette succession des faits, depuis le Katanga jusqu’à Kinshasa, en passant par le Kongo Central ?
En effet, Katumbi est à la recherche d’un incident majeur pour s’attirer la sympathie de la communauté internationale et ses parrains qui continuent à rêver de le voir à la magistrature suprême de la RDC. Pour Katumbi, c’est sa dernière chance. Il a certes raté 2018, mais en 2023, il joue le tout pour le tout – même s’il faut embraser le pays.
C’est dire qu’il est dans la peau d’un pyromane qui cherche à attiser le feu pour venir enfin en sauveur dans la peau d’un sapeur-pompier. Y arrivera-t-il ? Difficile à dire !
Tshisekedi clôt le débat
Un adage rappelle que «le chien aboie, la caravane passe». Jeudi 25 mai, devant la diaspora congolaise réunie à l’ambassade de la RDC en Chine, le Président de la République a réitéré le vœu d’organiser les élections à la date convenue du 20 décembre 2023 : «Les élections auront bel et bien lieu et à la date prévue et personne ne nous empêchera de le faire», a assuré le président Tshisekedi avant de tacler les leaders qui ont choisi la rue pour se faire entendre. «L’Opposition ne sait pas ce qu’elle veut… Elle a dénoncé la CENI, la Cour constitutionnelle, mais a finalement rejoint le processus électoral», a dit Félix Tshisekedi. Et d’ajouter : «Ça me rappelle un peu 2018 quand ils disaient non à la machine à voter, puis à une semaine des élections, ils l’ont acceptée».
A la CENI, l’engagement est sans équivoque et le glissement du cycle électoral n’est pas à l’ordre du jour.
Econews