La République Démocratique du Congo a lancé jeudi sa première grande campagne de vaccination avec un nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 (nOPV2), afin de protéger les enfants contre les conséquences dévastatrices du virus.
Bien que des campagnes aient déjà été organisées dans le pays pour enrayer les épidémies dues au variant du poliovirus circulant de type 2 (cPVDV2), c’est la première fois que la RDC mène une campagne de vaccination à une aussi grande échelle. À partir du 1er juin 2023, une campagne de vaccination massive ciblera plus de 17 millions d’enfants de moins de cinq ans pendant trois jours dans 20 provinces.
Avec plus de 20 millions de doses de vaccin nOPV2, déjà disponibles en RDC, la campagne ouvre la voie à une prochaine initiative d’envergure nationale prévue en juillet 2023. Les précédentes séries de vaccination organisées en 2022 et en début d’année étaient limitées à un maximum de deux provinces chacune.
Plus de 20 pays de la Région africaine de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont déployé plus de 600 millions de doses de ce vaccin depuis son lancement en mars 2021. Après deux séries de vaccination de haute qualité, plus de 80 % de ces pays n’ont enregistré aucun nouveau cas de transmission du variant de poliovirus de type 2 en circulation. Il s’agit de la forme la plus fréquente de la poliomyélite, et les pays africains sont à l’avant-garde du déploiement de ce nouvel outil pour protéger les enfants.
La République Démocratique du Congo représente près de la moitié du nombre total de cas dus au variant de poliovirus de type 2 en circulation dans la Région, avec 407 cas notifiés entre janvier 2022 et la fin mai 2023. En conséquence, le ministère de la Santé publique, Hygiène et Prévention a donné la priorité aux communautés sous-vaccinées, avec l’appui de l’OMS. Des efforts supplémentaires seront consentis pour une étroite collaboration avec les dirigeants et personnes influentes au niveau local afin d’instaurer la confiance à l’égard du vaccin et l’acceptation de celui-ci.
Pour le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, la priorité consiste à interrompre la transmission du poliovirus sauvage de type 1 (PVS1) et à mettre un terme aux épidémies dues au variant de poliovirus en circulation. Les experts techniques de la lutte antipoliomyélitique travaillent en étroite collaboration avec les autorités sanitaires nationales pour renforcer les capacités au niveau des pays, conformément à la Stratégie 2022-2026 de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite. Il s’agit d’intégrer les activités de lutte antipoliomyélitique à d’autres programmes de santé essentiels dans les pays touchés afin de réduire le nombre d’enfants «zéro dose», c’est-à-dire les enfants jamais vaccinés.
Le Programme d’éradication de la poliomyélite de l’OMS dans la Région africaine a mis en place des systèmes d’information géographique et d’autres outils novateurs qui permettent aux équipes de cartographier rapidement les zones dans lesquelles les établissements de santé sont situés, de localiser les habitations dans lesquelles vivent les enfants éligibles (en particulier les enfants «zéro dose») et de suivre les mouvements des équipes de vaccination pendant les campagnes de riposte aux épidémies de poliomyélite afin d’atteindre chaque enfant, même dans les endroits les plus éloignés.
«Ces solutions sont désormais utilisées au-delà de la lutte contre la poliomyélite pour soutenir d’autres interventions sanitaires dans la Région africaine de l’OMS », déclare KebbaTouray, directeur du Centre du système d’information géographique du Bureau régional de l’Afrique.
Le Dr Lusamba Kabamba, coordonnateur de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite en République Démocratique du Congo, souligne que la surveillance des activités menées avant la campagne à l’aide de nouvelles technologies constitue un avantage très précieux.
«L’outil Open Data Kit (ODK) est une application mobile et simple qui fournit des logiciels et des normes pour la collecte électronique des données sur le terrain. À l’aide d’un formulaire simple et éditable, les contrôleurs indépendants, les vaccinateurs, les superviseurs et les agents de santé peuvent non seulement planifier une campagne de vaccination, mais aussi en évaluer la qualité en consignant les données et les observations clés dans les formulaires», explique le Dr Lusamba Kabamba.
Il relève également que les équipes sur le terrain pourront partager des points de géolocalisation en temps quasi réel (marqués à l’aide de l’outil ODK), avec des informations sur les sites où il est possible d’installer les postes de vaccination, le nombre de centres de santé visités, la qualité des marquages sur les maisons visitées par les vaccinateurs, ainsi que la qualité des marqueurs des doigts utilisés pour identifier les enfants vaccinés. L’outil permet par ailleurs aux équipes de localiser les enfants qui ont manqué leur vaccination.
Les épidémies se produisent dans des zones où l’immunité de la population est faible. En République Démocratique du Congo, la vaccination de tous les enfants se heurte à des difficultés persistantes, parmi lesquelles les conflits et l’insécurité qui perturbent les services et compliquent les tâches difficiles des agents de santé; et le refus continu du vaccin en raison de la désinformation et de la lassitude des communautés, exacerbées par les expériences vécues pendant la pandémie de COVID-19. Ces difficultés favorisent la transmission et contribuent à la poursuite des flambées de variants du poliovirus dans les communautés sous-vaccinées ou non vaccinées.
L’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite est un partenariat public-privé qui regroupe des gouvernements nationaux et six principaux partenaires, dont l’Organisation mondiale de la santé, le Rotary International, les Centres pour le contrôle et de prévention des maladies des États-Unis d’Amérique, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la Fondation Bill & Melinda Gates, et Gavi, l’Alliance du vaccin. Son objectif est d’éradiquer la poliomyélite partout dans le monde.
Avec Com/OMS