Il a suffi de deux semaines à peine pour que le sort de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) soit définitivement scellé. Les choses sont allées à la vitesse de l’éclair entre le coup de gueule du ministre malien des Affaires étrangères du 16 juin exigeant le départ « sans délai » de la force onusienne de son pays et la décision du Conseil de sécurité de l’ONU du 30 juin actant la fin de la mission avec un « départ accéléré » sous six mois. Clap de fin donc pour une mission présente au Mali depuis dix ans, sans résultats probants, du moins de l’avis du pouvoir militaire issu… du coup d’Etat ayant renversé Ibrahim Boubacar Keita (IBK) le 18 août 2020, et en dépit d’un budget annuel de 1 milliard 200 mille dollars US.
«Le réalisme impose le constat de l’échec de la MINUSMA dont le mandat ne répond pas aux défis sécuritaires », martelait alors Abdoulaye Diop. La MINUSMA qui compte 12.000 hommes de 55 nationalités est donnée pour la plus importante des opérations de maintien de la paix de l’ONU dans le monde, dotée d’un budget de plus de 1 milliard de dollars US. En dix ans d’une présence controversée, elle n’a pas empêché la partition de fait du Mali dont le Nord (l’Azawad) échappe à l’autorité centrale.
A peu de choses près, les « malheurs » de la MINUSMA ressemblent à s’y méprendre à ceux de la MONUSCO, présente en République Démocratique du Congo depuis bientôt 24 ans. Elle aussi, hier encore la plus importante des opérations déployées en Afrique n’est pas en mesure de répondre aux défis sécuritaires. Des massacres de masse sont régulièrement enregistrés, parfois à un jet de pierre de leurs cantonnements. Comme la MINUSMA dont les opérations sont entravées par la présence encombrante des mercenaires russes du groupe Wagner, la MONUSCO ne sait pas où donner de la tête avec des arrivées continuelles de forces régionales aux mandats sulfureux.
Si le Mali a obtenu en deux semaines l’annulation du mandat de la MINUSMA, Kinshasa ne peut en dire autant. Depuis plus de cinq ans, les gouvernements congolais tentent de se débarrasser d’une mission dont les chefs successifs se comportent en proconsuls d’une «communauté internationale» régnant sur un non-Etat sous tutelle.
Que la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, Bintou Keita, conditionne le départ de la MONUSCO «à la montée en puissance des FARDC» est un signe qui ne trompe pas.
Econews