Ainsi qu’annoncé lors du lancement de la convocation de l’électorat et du début de l’opération de réception et de traitement des candidatures à la députation nationale le 24 juin dernier, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a entamé des échanges avec des ténors de l’opposition afin de dégager, selon lui, des voies pour un processus électoral inclusif et apaisé. Les premiers à répondre à l’invitation, comme il fallait s’y attendre, sont les quatre candidats à la présidentielle dont les opinions sur la conduite des opérations pré-électorales sont on ne peut plus divergentes de l’autosatisfaction affichée par le président de la CENI à qui ils contestent du reste toute légitimité. Ce lundi, c’est Adolphe Muzito, leader de Nouvel Elan, qui ira à la rencontre du président de la CENI. Entre-temps, la CENI maintient la date du 20 décembre 2023 pour la tenue des élections générales. Tout compte fait, la main tendue de Denis Kadima ne serait juste qu’un marché de dupes qui finira par accoucher d’une souris.
La révisitation de la loi électorale, la recomposition de la Cour constitutionnelle, l’organisation d’un audit du fichier électoral par un cabinet indépendant, sans omettre l’épineuse question de la mise en place d’un bureau de la CENI consensuel… Ce sont là quelques-unes des exigences portées par le quatuor Fayulu-Matata-Sesanga et Katumbi lors de leur réception à la CENI le vendredi 30 juin. Le président d’Ensemble pour la République (Moïse Katumbi) étant représenté par son secrétaire général Bolengetenge.
Selon eux, seule la rencontre de ces exigences et correctifs permettra d’instaurer la confiance entre les parties prenantes et donc la tenue des élections crédibles, transparentes, impartiales, inclusives et apaisées.
«Nous avons suggéré au président de la CENI que nous puissions tous avancer. Que les listes soient affichées, les opérations continuent mais l’audit aussi se fait. Si l’audit vient nous révéler que le fichier est correct, nous serons d’accord; mais si l’audit nous dit que le fichier n’est pas consommable, il faudra qu’il (Kadima) prenne ses responsabilités et nous prendrons les nôtres», a déclaré Martin Fayulu au terme de débats à huis clos qui ont duré pas moins de quatre heures.
De son côté, le président de la CENI est resté intransigeant, maintenant que le fichier est fiable après l’audité effectué en dépit de la rétractation de l’OIF et qu’il va afficher les noms des électeurs tel que recommandé par son audit. «Nous avons dit nous sommes d’accord, mais il faut un audit externe par un cabinet indépendant. Il a pris cette proposition qu’il va amener à la plénière de la CENI et après nous aurons la réponse », a confirmé le leader de Lamuka.
En acceptant de répondre positivement à l’invitation de Denis Kadima, après des marches de protestation avortées ou dispersées dans la violence, des restrictions de mouvements, l’arrestation du conseiller de Moïse Katumbi ou des sit-in étouffés dans l’œuf, les Quatre sont tombés dans un piège savamment monté dont la finalité pour la CENI est de se dédouaner tant aux yeux de l’opinion nationale que de la communauté internationale par une démonstration de sa bonne foi. Et par ricochet, présenter les quatre opposants sous un jour malveillant.
L’OPPOSITION DANS LA NASSE
Pourtant, Fayulu et consorts étaient conscients que leurs revendications n’avaient aucune chance d’aboutir. Le gouvernement, en effet, par la voix de son porte-parole, le ministre Patrick Muyaya, affiche une attitude invariable : répondre favorablement aux revendications de l’opposition serait synonyme de «glissement», la seule option d’une frange politique qui a peur d’aller aux élections et qui privilégie des négociations politiques en vue d’un partage des responsabilités gouvernementales.
Pour autant, en attirant l’opposition dans sa nasse, Denis Kadima ne s’en tire pas non plus à bon compte. Sa conduite d’un processus électoral hyper-politisé, faisant la sourde oreille aux appels à la raison la plus élémentaire le disposent à un fiasco électoral aux conséquences désastreuses. Sans compter le fait qu’en plus de ses tiraillements avec le ministre des Finances qui ne ferait pas diligence pour défaire les cordons de la bourse, son comportement est de nature à aggraver la frilosité des «partenaires extérieurs » censés financer – du moins en partie – les opérations électorales.
Dans un cas comme dans l’autre, le processus électoral ne s’annonce guère sous de bons auspices. Affirmer sans ambages que les élections du 20 décembre 2023 seront tenues à la date échue sans accrocs et dans un esprit apaisé relèverait, sauf une remise en question de la dernière heure, d’une coupable vue de l’esprit.
Adolphe Muzito ce lundi avec Kadima
Après les concertations avec le quatuor de l’Opposition, Denis Kadima prévoit de s’entretenir ce lundi avec Adolphe Muzito, leader de Nouvel Elan. C’est le président de la CENI qui a pris le temps de l’annoncer sur son compte twitter.
Vraisemblablement, il s’agit d’un échange qui s’inscrit dans la suite de ceux que la CENI a engagés avec les forces politiques de l’Opposition dans la perspective des élections générales du 20 décembre 2023.
A la CENI, on craint que le processus électoral déraille, alors que le train électoral amorce son dernier virage. Ces rencontres entre la CENI et les principaux leaders vont dans le sens de créer un climat d’apaisement, alors que la CENI fait face à de graves difficultés pour répondre à l’échéance du 20 décembre 2023, date prévue pour les élections générales du 4ème cycle électoral de la 3ème République.
Econews