Au crépuscule de son deuxième et dernier mandat en 2018, le président Joseph Kabila avait exprimé son amertume des choses qu’il n’avait pas pu accomplir, dont son incapacité humblement exprimée à changer l’homme congolais. Son successeur, en dépit de sa bonne foi – quoique cette disposition ne soit pas une qualité en politique -, expérimente à son tour la difficulté à impulser une éthique au sein d’une société minée par des antivaleurs au premier rang desquels trône la sacro-sainte corruption.
A chacune de ses adresses publiques au pays comme à l’étranger devant les diasporas congolaises,…
le président Tshisekedi ne perd pas la moindre occasion de fustiger l’administration de la justice dans son pays. Malgré des efforts consentis en termes de réformes dont la plus emblématique reste le rajeunissement du corps judiciaire, force est de reconnaître que ce dernier accuse des pesanteurs qui ont une incidence inhibitrice sur le climat des affaires.
Contrairement à l’affirmation biblique selon laquelle la justice élève une nation, Félix Tshisekedi, lui aussi à la fin de son mandat (le premier), en est venu à considérer que la posture de la justice congolaise détruit la Nation. Venant du Magistrat suprême, déçu et se défendant néanmoins de faire une fixation sur ce qui apparaît comme l’un de ses échecs majeurs, une remise en question introspective des concernés s’impose.
Mais les magistrats, toutes juridictions confondues, ne sont pas dupes. Ils sont au fait des pressions politiques sous lesquelles ils croulent littéralement. Autrement, ils ne s’expliqueraient pas des mises sous mandat de dépôt d’opposants ni des menaces et incarcérations cavalières d’hommes de médias.
A l’approche des échéances électorales de décembre 2023, l’ambiance devient de plus en plus délétère pour les tenants d’opinions divergeant de celles du pouvoir incarné justement par le chef de l’Etat qui n’a de cesse de porter des coups d’estoc sur ce même corps qui lui sert de bras séculier.
Au nom de la séparation des pouvoirs, Félix Tshisekedi a beau jeu de fustiger une justice au rabais. Mais dans les coulisses on ne peut s’empêcher de rire sous cape devant les prises de position du chef de l’Etat dont le pouvoir vacillant est fermement soutenu par cette même justice qu’il dépeint sous des couleurs les plus sombres.
Dans un pays où les 3/4 des dossiers portés en justice traitent des conflits fonciers et où c’est le plus offrant qui l’emporte, le chemin à parcourir est encore long.
Econews