En séjour dans la province du Kasaï Central, Delly Sesanga, président du parti politique ENVOL et candidat déclaré à la présidentielle de décembre prochain, a eu droit samedi à un accueil tout à fait particulier à Kananga, chef-lieu de la province. Son parti politique se dit indigné du degré d’intolérance qui gagne les milieux politiques congolais, à moins de six mois des élections générales de décembre prochain. Si Sesanga estime que l’attaque de son cortège est un acte prémédite des adeptes du parti au pouvoir, l’UDPS, il ne cache pas sa détermination à aller jusqu’au bout. Son ambition est de vulgariser le plus possible son projet de refondation de la République Démocratique du Congo. Au peuple de Kananga, venu nombreux l’accueillir à l’aéroport, le leader d’ENVOL a lancé : «Un autre Congo est possible». Candidat président de la République, il attend donc redonner le sourire au peuple congolais, estimant que «le pouvoir de Tshisekedi est un pouvoir de régression».
En voyage d’immersion dans la province du Kasaï Central, Delly Sesanga a eu droit à un accueil gité, le samedi 29 juillet 2023. Son cortège a été donc caillassé par des partisans, rapporte-t-on, du parti au pouvoir, l’UDPS, qui ne sont pas prêts à accepter dans la province un autre discours que c celui du régime ou de ses affidés.
A la suite de cet acte barbare, ENVOL, le parti politique de Delly Sesanga, n’a pas caché son indignation, faisant du climat d’intolérance qui gagne le pays.
Dimanche, c’était le tour de Delly Sesanga de réunir la presse à sa résidence de Kananga pour faire part, à son tour, de sa désapprobation. Elu provincial de Kananga et élu national de Luiza, dans la province du Kasaï Central, Delly Sesanga se sent donc en droit de rendre visite à son électorat.
De l’aéroport jusqu’au centre-ville, le cortège de Sesanga a été caillassé, visiblement instrumentalisés par l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel, se dit-on au sein d’ENVOL.Ces jeunes avaient barricadé le passage pour empêcher l’élu de Luiza d’aller à l’espace Mukenge Shabantu où il devrait s’adresser à la population et plus particulièrement aux membres du parti Envol qui l’y attendaient en masse.
«Le Kasaï n’est pas un espace réservé à un parti ou à un individu», a-t-il lancé d’entrée de jeu. Sans porter des gants, Delly Sesanga a dénoncé les graves dérives du régime en place à Kinshasa.
Malgré ce plan monté pour perturber son séjour à Kananga, Delly Sesanga ne désarme pas. Il note que « les autorités provinciales savent que la population est fatiguée et utilisent la peur et la violence pour forcer les citoyens à avoir une retenue (…) Il y a beaucoup de violence pour que les gens puissent être sur la retenue. C’est en fait ça l’objectif, instiller la violence ».
Le leader d’ENVOL n’attend donc baisser les bras. Bien au contraire. «La violence que vous voyez est une violence organisée par l’UDPS et appuyée par le Gouvernement, ça fait partie d’une stratégie», note Delly Sesanga. Et de préciser : «Les violences dont nous sommes victimes sont orchestrées par les pouvoirs publics, en vue de réduire au silence un peuple à qui ce pouvoir n’a rien eu à donner pendant cinq ans, en dépit de ce que le Kasaï Central, le Kasaï Occidental ont voté à plus de 98% pour Félix Tshisekedi lors de la dernière élection. Et donc nous sommes là pour assurer la défense des intérêts des Congolais, nous ne récupérons devant rien: ni la violence, ni la force qu’ils utilisent indûment ne nous fera reculer ».
Malgré cette violence inouïe et la tentative de son élimination physique, Sesanga reste droit dans ses bottes : «Qu’ils ne pensent pas que la violence nous fera reculer. Ils avaient érigé des barrages, dissuadé nos soutiens qui devraient venir nombreux à l’aéroport, seuls les cascadeurs ont pu passer, nous sommes là et nous y restons ».
Delly Sesanga pense que l’UDPS n’a pas un bilan à défendre. La seule voie qui lui reste, c’est de s’imposer par la violence. «Il y a beaucoup de violence pour que les gens puissent être sur la retenue. C’est en fait ça l’objectif, instiller la violence. L’UDPS au Kasaï n’a que la violence pour exister », fustige Delly Sesanga.
Le combat de la refondation de l’Etat
Au peuple de Kananga, il a, une fois de plus, rappelé le sens de son combat politique : la refondation de l’Etat, estimant qu’«un autre Congo est possible ».
«Cinq ans après l’exercice du pouvoir par Félix Tshisekedi, son pouvoir brille par une rare impuissance à répondre aux attentes des Congolais, partout. Et en particulier au Kasaï où ni Katende, ni la Miba, ni la route Kalamba Mbuji, ni la route Kananga Mbuji-Maji, rien de tout cela qui fait partie des espérances de la population n’a été entrepris, y compris là où le pouvoir précédent a laissé à 60% des travaux comme ceux du barrage Katende, rien n’a été entrepris pour pouvoir continuer. C’est un pouvoir de la régression », a indiqué le président d’ENVOL.
Sesanga est d’avis que la population congolaise en général, et de l’espace Kasaï, en particulier, ont été emportées dans les «mensonges d’Etat et des promesses non tenues». Ce peuple, pense-t-il, «veut désormais voir comme toutes les provinces du Congo, les choses changer».
C’est le sens du programme alternatif, bâti sur le concept de la «refondation du Congo», que propose son parti, ENVOL, à la présidentielle de décembre 2023.
Au Président Félix Tshisekedi qui a décidé de faire taire l’opposition, Delly Sesanga réplique : «Je peux très bien comprendre que Félix Tshisekedi qui a dit à Mbuji-Maji qu’il réprimerait sans égards aux droits de l’homme, ait par son discours donné une licence à ses partisans de s’en prendre par la violence à ceux qui ont un discours différent. Mais le Président Tshisekedi ne doit pas oublier qu’il est un citoyen comme tous les autres. Et que notre constitution érigé en haute trahison le fait de vouloir imposer sur l’étendue du pays un pouvoir unique qui serait une marche en arrière». Et de lancer : «Le Kasaï n’est pas un pays. Aujourd’hui, à vouloir trop faire du Kasaï une zone à part, le Kasaï n’est pas un pays, le Kasaï est une province ».
Delly Sesanga n’attend donc pas se dérober de sa mission d’élu du Kasaï Central : «Je suis élu de cette ville de Kananga comme député provincial, je suis élu dans cette province dans le territoire de Luiza comme député national. J’ai donc la mission christique de défendre les intérêts de mon peuple, de mes électeurs, de la population congolaise tout entière et de ceux des circonscriptions qui m’ont élu. Je peux dire aujourd’hui à l’opinion nationale et internationale que ce peuple souffre… Il n’y a pas d’emplois, il n’y a pas de relance agricole, il n’y a pas de routes. Et donc face à tout cela, la population du Kasaï a démontré qu’elle n’est plus dupe et qu’elle ne recule pas devant les intimidations, devant les violences, qui sont orchestrées par le pouvoir ». «Je ne construis pas ma candidature sur la victimisation. Je ne suis pas un acteur politique qui pleure. Je ne mendie ni la liberté, parce qu’elle nous est donnée dans la Constitution, ni la protection de qui que ce soit, j’exige que tous les droits des Congolais, que l’égale protection des droits soit observée à l’endroit de tout un chacun y compris à notre endroit. Et le fait d’être candidat à l’élection présidentielle ne constitue nullement un crime. Nous avons le droit de dire aux Congolais ce que nous pensons de ce pouvoir et de la nécessité qu’il y a à avoir une alternance…», a conclu Delly Sesanga.
Le cortège de Delly Sesanga caillassé à Kananga
En effet, dès sa sortie de l’aéroport de Kananga, le cortège de Sesanga a été caillassé par des individus, identifiés comme étant de l’UDPS. En dépit de la présence de la police qui l’escortait, Delly Sesanga a reçu un projectile qui l’a blessé à la tête.
La réaction d’ENVOL, son parti politique, n’a pas tardé. Dans un communiqué signé par son porte-parole, Rodrigue Ramazani, ENVOL « condamne cette barbarie qui résulte de la volonté du régime à soustraire notre démocratie du principe de débat et de la recherche d’une vision pour l’amélioration des conditions de vie de nos populations». ENVOL appelle, par conséquent «l’ensemble du peuple congolais à ne pas céder à ces intimidations mais à demeurer mobilisés, déterminé o tout mettre en œuvre pour empêcher le fraude électorale et imposer le changement politique».
Sur place, dans la ville de Kananga, on rapporte que, dans un communiqué lu, dimanche 30 juillet sur une Radio locale, le vice-gouverneur du Kasaï Central, Martin Makita, a instruit les services de sécurité de diligenter des enquêtes afin de mettre la main sur les auteurs de ces actes pour qu’ils soient déférés devant les instances judiciaires.
«J’invite tout le monde au calme, à l’amour patriotique et nous demandons aux services de sécurité d’ouvrir une enquête pour dénoncer tous les meneurs qui devront répondre de leurs actes », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «Nous restons tous vigilants et attachés à la vision du Président de la République qui se bat jour et nuit pour la paix et cohésion sociale sans laquelle les élections apaisées ne peuvent lieu ».
Francis N.