Au-delà du rituel

Le séjour newyorkais de Félix Tshisekedi à la 78ème session de l’assemblée générale des Nations Unies ne sera pas de tout repos. Loin de là. Outre l’exercice devenu rituel de la dénonciation du Rwanda dont l’armée occupe depuis un an des pans entiers de la province du Nord-Kivu, les soucis ne manquent pas au pays. De fortes pressions sont exercées sur le gouvernement à la suite de l’arrestation et la mise sous mandat d’arrêt provisoire du journaliste Stanis Bujakera.
Des organismes nationaux et internationaux de défense des droits humains et de la liberté de presse sont montés au créneau, faisant entendre à grand bruit leur désapprobation face à la restriction des libertés individuelles qui vont crescendo à mesure qu’approchent les échéances électorales de décembre. Le procès devant la justice militaire de Salomon Kalonda, un civil, proche collaborateur de Moïse Katumbi, l’un des candidats déclarés à l’élection présidentielle, n’est pas non plus de nature à apaiser les esprits d’alliés éventuels d’un régime qui durcit le ton à un trimestre des élections générales.
Félix Tshisekedi était dans les airs quand, à Goma, les autorités provinciales procédaient à l’inhumation de la soixantaine de corps des victimes de la tuerie des membres d’un groupe religieux par la garde républicaine le 30 août. Une cérémonie organisée à la va-vite sans l’accord des familles des victimes qui n’avaient pas été préalablement identifiées. Quarante-huit heures après, la tension n’était pas retombée dans une ville traumatisée et qui accorde peu de crédit au procès en cours, où comparaissent six militaires dont officiers supérieurs.
La conséquence de cette tragédie est traduite par le rappel à Kinshasa «pour consultation» du gouverneur-militaire, le lieutenant-général Constant Ndima, et son remplacement à titre intérimaire par le général-major Peter Cirimwami, jusqu’alors commandant des opérations Sukola 2. Seulement, il s’observerait en sourdine une sorte de confusion, ce dernier ayant été signifié de sa prise de fonction par le ministre de la Défense, alors que son prédécesseur l’avait été par… le ministre de l’Intérieur.
Autant d’écheveaux que le chef de l’Etat est appelé à dénouer en urgence, sans compter la dépréciation continue de la monnaie nationale qui rend l’accessibilité aux biens et services des plus aléatoires. Mais aussi, l’impossibilité de voyager après la faillite de Congo Airways, la compagnie aérienne nationale, rendant quasi impossible la connexion interprovinciale.

Econews