Le Président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo, intervient ce mercredi 20 septembre à la tribune de la 78e session ordinaire de l’assemblée générale des Nations Unies. C’est l’occasion pour le Chef de l’Etat de rappeler au Monde toutes les atrocités imposées depuis une vingtaine d’années à la République Démocratique du Congo et à son peuple. Le Monde le connaît surement, mais il continue à fermer les yeux. Ce mercredi, Félix Tshisekedi a l’occasion de rappeler au Monde réuni à New York que «trop, c’est trop» et que le peuple congolais a tous les droits de vivre en paix dans son propre pays. Vérité et fermeté, c’est ce qu’on attend du discours de Félix Tshisekedi ce mercredi aux Nations Unies.
Prenant part à la 78ème session de l’assemblée générale des Nations Unies, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, devrait prendre la parole ce mercredi 20 septembre devant les quelque 193 chefs d’Etat et de gouvernement présents à New York. Un dernier exercice du genre de son premier mandat finissant. Au-delà du rituel annuel à l’étiquette protocolaire bien huilée au timing rigide d’environ 15 minutes, Félix Tshisekedi aura à batailler fort pour répéter et faire admettre pour la énième fois à l’aréopage onusien l’évidence de l’agression dont son pays est l’objet de la part de son voisin rwandais depuis plus d’une année.
Du haut de la tribune des Nations Unies, Félix Tshisekedi aura pleinement conscience d’une forme de lassitude qui s’est emparée des représentants des pays qui, dans l’entre-deux sessions, ont clairement condamné la présence militaire rwandaise en RDC, incitant Kigali à cesser son soutien à la «rébellion» du M23 et à se conformer aux processus dits de Luanda et de Nairobi incitant à un cessez-le-feu, au désarmement et le cantonnement des éléments du M23 débarrassés de leur soutien rwandais.
Sans préjudice du contenu du discours, dont seul le Chef de l’Etat détient le secret, il n’est pas déplacé d’imaginer que Félix Tshisekedi ne devrait pas ménager certaines puissances occidentales qui affichent une ambivalence paralysante face aux atrocités régulièrement enregistrées dans les secteurs occupés des territoires de Rutshuru et de Masisi au Nord-Kivu.
UN LABORIEUX EXERCICE D’EQUILIBRISME
En effet, les condamnations du Rwanda clairement exprimées par les Etats-Unis (et le MONUSCO) comportent toujours une incise invitant le gouvernement de Kinshasa à abandonner tout appui aux rebelles rwandais des FDLR et à ne pas engager des opérations militaires conjointes avec eux; des affirmations que Kinshasa a toujours rejetées. Ce faisant, l’on conçoit que Paul Kagame prend prétexte de ces positions américaines pour justifier la présence de ses troupes aux côtés du M23 au nom d’un insidieux «droit de poursuite».
Il est également probable que Félix Tshisekedi ne manquera pas de porter à la connaissance de l’assemblée générale son ressentiment vis-à-vis de la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) dont l’apathie et une forme de collusion avec les M23-RDF est régulièrement dénoncée par son gouvernement, et sa volonté de voir les Kényans, Ougandais mettre fin à leur présence sur le sol congolais, faute de résultats. Une démarche qui ne semble pas emporter l’assentiment des ses alliés devenus encombrants et qui affichent la volonté de prolonger leur présence dans une région riche en ressources minières.
La 78ème session de l’assemblée générale de l’ONU offre ainsi à Tshisekedi l’opportunité de se trouver de nouveaux alliés dans un jeu d’équilibrisme où l’apathie, voire la duplicité des puissances les plus influentes conduisent à l’enlisement et à la poursuite de l’occupation d’une partie du territoire congolais.
LA FORCE REGIONALE DE L’EAC EN BALLOTAGE
De New York, le Chef de l’Etat reste en effet conscient que la prorogation pour une nouvelle période de trois mois le 5 septembre du mandat de la force de l’EAC a été mal reçue au sein de l’Exécutif congolais. Elle passe d’autant plus mal que la plupart de ses collaborateurs miseraient plutôt pour le déploiement de troupes de la SADC.
Parmi les responsables les plus critiques à l’égard du maintien de la force de l’EAC figure le puissant vice-premier ministre en charge de la Défense nationale.
Selon des sources s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, Jean-Pierre Bemba ne mâcherait pas ses mots en privé sur le bilan désastreux de la force de l’EAC qui affiche une complaisance et une collusion avec le M23 soutenu par Kigali.
Recevant la sous-secrétaire d’Etat américaine Victoria Nuland au début du mois d’août, Félix Tshisekedi lui-même avait répété son intention de ne plus renouveler le mandat de la force régionale, exprimant son vœu de la voir entamer rapidement son retrait.
Mais il a dû faire volte-face certainement à l’instigation du président burundais Evariste Ndayishimiye, mettant du coup en veilleuse le déploiement projeté des troupes de la SADC bien que la perspective de leur déploiement n’a pas été formellement abandonnée.
A New York, Félix Tshisekedi pourra compter sur le soutien du voisin burundais avec lequel il vient de conclure un accord militaire aux termes duquel Bujumbura aura la latitude de déployer de nouvelles troupes en RDC en sus de celles déjà présentes depuis plus d’une année, celles-ci étant appelées à opérer hors mandat de l’EAC et qui auraient vocation à rester sur le sol congolais après le retrait de cette dernière.
Econews