Martin Fayulu : un virage à 180°

Il aura attendu la toute dernière semaine pour enfin déclarer sa candidature à l’élection présidentielle du 20 décembre. Martin Fayulu en a surpris plus d’un. Ou, pour être plus précis, le leader de Lamuka, sa plateforme personnelle vidée de ses alliés qui l’avaient soutenu lors de la campagne de 2018 volent dorénavant de leurs propres ailes. Adolphe Muzito a déposé son dossier de candidature. Jean-Pierre Bemba s’accroche à Félix Tshisekedi. Moïse Katumbi sillonne le pays du nord au sud et d’est en ouest dans une campagne électorale précoce sans qu’il ne soit (cette fois) inquiété.
Après avoir appelé ses partisans à boycotter le processus électoral tant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’avait accédé à son exigence d’un nouvel audit indépendant du fichier électoral, et se mettant lui-même en marge en refusant de se faire enrôler, voici qu’il amorce un virage à 180° et se résout à rattraper le train en marche. C’est, assure-t-il avec aplomb, «à la demande du peuple congolais». Il laisse en rade, bras ballants sur le quai ses camarades qui au-raient ambitionné de postuler aux législatives provinciales et nationales dont la réception des candidatures est close depuis belle lurette.
Il lui a été posé la question de savoir avec quel parlement il comptait gouverner s’il était élu. Réponse embarrassée à la limite d’un surréalisme anecdotique : «Je gouvernerai avec les députés qui seront élus». Tout en restant conscient qu’en face, la machine UDPS et alliés se prépare à rafler une «majorité confortable» au profit du président sortant qui brigue un second mandat.
En définitive, le revirement de Martin Fayulu, quoique spectaculaire, n’a rien de surprenant. En 2018, l’opinion se souvient qu’avec d’autres, dont l’UDPS, il avait engagé un bras-de-fer avec le bureau de la CENI de Corneille Nangaa accusé d’avoir trafiqué les fameuses machines à voter. Avant de faire une impressionnante volte-face et de se lancer à corps perdu dans la campagne dont on connaît la suite.
Martin Fayulu déposera donc à la CENI son dossier de candidature au courant de la semaine. L’ho-mme n’a pas fini de surprendre. En effet, il pourrait tout aussi bien postuler en même temps aux législatives nationales. Voire provinciales. La loi l’y autorise. On ne sait jamais.
Une chose est sûre : Martin Fayulu se lance dans la bataille électorale en solitaire. Un homme seul dont l’intransigeance et une personnalité difficile à cerner lui ont aliéné des alliés de poids. Ce qui ne restera pas sans conséquence.

Econews