Kolwezi, l’eldorado

Le Chef de l’Etat est friand de comparaisons lorsqu’il s’agit d’envisager le futur de son pays sous son leadership. On savait l’ambition de Félix Tshisekedi, exprimée au tout début de son quinquennat, celle de « faire du Congo  l’Allemagne d’Afrique ». Une anecdote dont se gaussent sans fin ses adversaires politiques qui se désespèrent d’en voir un jour les prémices.  En voyage d’itinérance dans le Haut-Katanga et le Lualaba, il a trouvé encore mieux.

Au chef-lieu du Lualaba (Kolwezi), devant des foules venues l’écouter Place de la gare, il a longuement expliqué le pacte conclu avec les exploitants miniers et ses avantages : «C’est l’exploitation et la transformation pour créer les richesses et l’emploi.

Kolwezi deviendra l’Europe de demain; plus question d’aller chercher l’Eldorado ailleurs». Tout était dit.

Seulement voilà : le Président ne semble pas réaliser que d’autres dans son entourage avaient déjà découvert l’Eldorado et s’y ruent sans modération. Kolwezi (et le Lualaba) n’est peut-être pas ce mythique «pays de l’or » d’Amérique que la légende situait entre l’Amazonie et l’Orénoque. Mais ici, c’est la capitale mondiale du cobalt où le cuivre et d’autres minerais précieux affleurent à la surface du sol. Il n’y a qu’à se baisser pour les ramasser. Et l’on ne s’en prive pas. A condition de s’abriter sous un solide parapluie et de s’assurer d’une sécurité armée conséquente destinée à déguerpir les artisanaux et à confisquer sans coup férir les exploitants installés de longue date.

D’où le Lualaba (et dans une certaine mesure le Haut-Katanga)  reste la destination privilégiée où se télescopent à une cadence effrénée des délégations étatiques en «missions officielles».  Des missions-bidon dont l’intérêt pour la Nation est introuvable dans un cafouillis médiatique qui pousse à se demander si les autorités provinciales ne passent pas le plus clair de leur temps à régler des questions de protocole pour le confort de «Leurs Excellences».    

Pendant ce temps, plus au Nord, dans les anciennes provinces de l’Equateur, de la province Orientale, tout comme dans le Grand Bandundu, les populations délaissées récoltent au loin des échos venus de ces contrées chouchoutées, et que leurs gouverneurs et membres des organes délibérants se morfondent et ne rêvent que d’une chose : descendre à Kinshasa  à la recherche de quelques oripeaux de la civilisation.

Dans l’Est de la RDC, des cohortes de milliers de déplacés battent quotidiennement le pavé en quête de la sécurité perdue depuis des décennies.

Pendant ce temps, dans les villes minières du Grand Katanga, les invités de marque se comptent par millier… C’est cela aussi le Congo de tous les contrastes.

Econews