Pour une fois, la CENI (Commission électorale nationale indépendante) se dit être dans l’incapacité d’afficher les listes des électeurs au niveau de chaque bureau de vote. Dans un communiqué de la CENI, son rapporteur avance des raisons qui ne tiennent pas la route. Bien plus, la République Démocratique du Congo n’est pas à son premier cycle électoral de la 3ème République.
Depuis l’adoption de la Constitution du 18 février 2006, la CENI a déjà organisé trois cycles électoraux, en 2006, 2011 et 2018, en se pliant strictement à cette logique de publier, 30 jours avant la date de scrutins, les listes des électeurs au niveau de différents bureaux de vote.
Ce n’est donc qu’en 2023, au 4ème cycle électoral de la 3ème République, que Denis Kadima, président de la CENI, soulève cette exception. Pour quelle raison ? Il est le seul à le savoir. Que cache-t-il finalement ? Nul ne le sait non plus.
Evidemment, l’option soulevée par le président de la CENI donne des arguments à ceux qui, depuis toujours, dénoncent un fichier électoral corrompu dont l’audit a été mené dans l’opacité la plus totale.
En étalant au grand jour son incapacité d’afficher les listes électorales, comme l’ont fait ses trois prédécesseurs, Denis Kadima se compromet. Il jette le doute sur un processus qui a déjà du mal à faire l’unanimité.
Que lui reste-il à faire ? Pas grand’chose. Sinon se plier aux dispositions légales qui l’obligent à afficher les listes électorales dans les bureaux de vote sans chercher des faux-fuyants pour contourner cette procédure.
Pour des élections voulues apaisées, crédibles et véritablement transparente, Denis Kadima n’a aucun intérêt à inventer «sa» procédure, celle qu’aucun autre avant lui n’avait appliquée.
Il a tout aussi à se rappeler les bons conseils du président de transition gabonaise, le général Brice Oligui Nguema, qui a déchu le président Ali Bongo Ondimba par le fait d’une élection présidentielle totalement bâclée. Denis Kadima ferait mieux de s’en souvenir pour éviter au pays un tel scenario.
Parlant des élections à venir en RDC, le nouvel homme fort du Gabon a été pragmatique : « Nous souhaitons que ça se passe dans la paix, la paix sociale que nous avons constatée depuis l’avènement du Président Félix Tshisekedi au pouvoir, il y a la paix ici au Congo ».
Pour avoir des élections apaisées qui ne compromettent pas l’avenir du pays, la balle se trouve dans le camp de la CENI, menée par Denis Kadima. Avec tous les ratés qu’il accumule depuis sa prise de pouvoir, on est engagé sur une mauvaise pente.
Il a encore environ 68 jours pour se ressaisir et ramener le processus électoral sur le droit chemin.