Candidature surprise de Martin Fayulu à la présidentielle : une taupe dans l’Opposition

Candidat de la dernière heure à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023, après avoir publiquement annoncé le boycott, Martin Fayulu, leader d’ECIDé, s’est visiblement adjugé un mauvais rôle. Depuis le dépôt de sa candidature – à la surprise générale d’ailleurs – Martin Fayulu a pris pour cible certains candidats, se réclamant de l’Opposition, qu’il ne rate pas de vilipender à chacune de ses apparitions. Ses cibles privilégiées sont notamment Moïse Katumbi, Matata Ponyo Mapon, Delly Sesanga et Adolphe Muzito. Pourquoi cette volte-face ? Martin Fayulu serait-il finalement cette taupe infiltrée dans l’Opposition pour mieux la diviser. De passage à Kikwit, Martin Fayulu a encore remué le couteau dans la plaie, s’autoproclamant candidat commun de l’Opposition … comme en 2018, avant d’échouer face à Félix Tshisekedi.
Martin Fayulu est dans tous ses états. Fini son éternel combat de la «vérité des urnes» qu’il a alimenté pendant toutes ces années. Candidat à la présidentielle de décembre prochain, après l’avoir boycottée, le leader d’ECIDé a décidé de s’attaquer à ses vieux amis de l’Opposition qui se sont aussi engagés dans la course présidentielle.
Le leader d’ECIDé a totalement changé sa stratégie. Le Président de la République, Félix Tshisekedi, n’est pas sa cible idéale. Une façon de tourner définitivement la page de la «vérité des urnes». Sur sa ligne de mire, il y a notamment Moïse Katumbi, Matata Ponyo, Delly Sesanga et Adolphe Muzito à qui il a juré de régler les comptes en bonne et due forme.
Profitant de son passage à Kikwit dans la province du Kwilu, Martin Fayulu s’est autoproclamé candidat unique de l’Opposition à la prochaine présidentielle, prenant le soin de lancer des flèches empoisonnées à ses vieux compagnons de l’Opposition.
Sur la liste de 24 candidats qui se sont lancés dans la course présidentielle, il dit n’avoir du respect que pour Denis Mukwege. A ce titre, il est convaincu – pour des raisons qu’il est le seul à connaître – d’être le candidat idéal de l’Opposition, en souvenir sans doute du compromis de Genève de 2018.
«Le candidat commun, c’est Martin Fayulu. Il a été désigné par le peuple congolais. On a volé à ce peuple sa victoire, cette-fois-ci il n’y a pas à transiger. Si les gens veulent venir, qu’on se mette autour d’une table et qu’on discute, je suis d’accord. Qui parmi tous ces candidats peuvent, sur le plan moral et éthique, lever son doigt et dire que je suis le premier ? Seul le docteur Denis Mukwege est un bon candidat. Il y en a qui parlent qui sont des voleurs patentés qui ne peuvent pas être comparés à moi (…) Si la justice demande à ce qu’on mette en prison ces voleurs patentés, je serai d’accord », a lancé Martin Fayulu. Avant de se pavaner dans un étalage de ses compétences : «Sur le plan professionnel, compétence, maîtrise des questions politiques, sécuritaires, économiques et sociales du pays, qui peut lever le doigt et dire que je bats Fayulu ? »
Si en 2018, il a bénéficié d’un grand apport financier des leaders de l’Opposition, dont Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba et les autres, pour la présidentielle de décembre prochain, il se tourne vers le peuple – ses partisans – pour le soutenir financièrement. «Qu’on soit clair et qu’on se le dise. Il y a des gens qui disent que je n’ai pas d’argent (…) L’argent, c’est quoi ? Donald Trump est milliardaire, mais sa campagne électoral eest soutenue par ses supporters américains».

Curieux revirement
Qu’est-ce qui explique donc cette volte-face de Martin Fayulu? Pourquoi déverse-t-il toute sa colère sur certains leaders de l’Opposition, alors que tous aspirent à une alternance au terme de la présidentielle du 20 décembre 2023 ?
Sur son compte X (ex-twitter), le journaliste Peter Tiani, très proche de Moïse Katumbi, pense avoir trouvé la réponse : «Quel est l’intérêt pour Martin Fayulu de s’attaquer à l’opposition aujourd’hui? Quel en est l’opportunité ? Pendant que le Dr Denis Mukwege et le chairman Moïse Katumbi se battent avec Félix Tshisekedi, c’est le moment que choisit Martin Fayulu pour s’attaquer à ces leaders? Que gagne-t-on en s’attaquant entre frères? Le problème est dans l’opposition ou dans la gestion du pouvoir? Je crois que Martin Fayulu est un grand homme politique, porté par beaucoup de Congolais dans mon pays, il peut bien faire sa campagne sans s’en prendre à ses amis dont certains l’avaient soutenu hier. La classe politique congolaise est et reste une merde ! Triste ! »
Iracan Gratien de Saint-Nicolas, député national de l’opposition, resté fidèle à Moïse Katumbi, est tout aussi stupéfait : «Il (Ndlr : Martin Fayulu) se réclame seul candidat de l’Opposition. N’est-il pas acheté pour tout déstabiliser? Ce qui se dit risque d’être confirmé».
Franklin Tshiamala, secrétaire général de LGD, le parti de Matata Ponyo Mapon, a également réagi aux déclarations de Fayulu.
En s’autoproclamant «candidat commun» de l’Opposition, le SG de LGD pense que Martin Fayulu «devrait attendre que la question soit inscrite à l’ordre du jour du bloc de l’opposition, que des délibérations se fassent et que l’on connaisse vers qui les faveurs penchent».
Si Martin Fayulu s’accroche encore à ce qui avait été décidé à Genève, Franklin Tshiamala lui rappelle : «Nous sommes en 2023, 2018 est derrière nous. Tous ceux qui l’ont accompagné ont changé de casaque. Ils sont ailleurs et ont même effacé les déclarations faites en sa faveur. Nous sommes donc tous au point de départ».

Francis N.