Dans une ville de plus de 10 millions d’habitants de la dimension de Kinshasa, il se pose un réel problème de mobilité. La solution passe aussi par la diversification des moyens de transport. Ce qu’a dit, lundi devant la presse, le ministre des Transports, Voies de communication et Désenclavement, Marc Ekila.
Explorer et mettre en œuvre de nouveaux modes de transports suppose de gros investissements en infrastructures. Très engagé aux côtés du Gouvernement congolais, l’entreprise turque Milvest s’est donné l’ambition d’innover avec le transport téléphérique.
Le projet de téléphérique vise à soulager la congestion routière à Kinshasa en introduisant une ligne de transport aérien par câble reliant deux gares stratégiques : l’Université de Kinshasa, dans la commune de Lemba, et la station Triangle dans la commune de Mont-Ngafula. Avec une longueur de deux kilomètres, le téléphérique aura une capacité de transport quotidienne de 5.000 passagers.
Plusieurs vidéos de signa[1]ture du contrat entre le Gouvernement et Milvest ont été balancées sur les réseaux sociaux, avant une descente sur terrain du ministre des Finances et celui de l’Aménagement du territoire annonçant la construction d’un nouveau moyen de transport moderne qui pouvait résorber tant soit peu le problème de transport. Depuis lors, plus rien. Le dossier semble d’enliser dans raison.
«Ce projet ambitieux s’inscrit pleinement dans la vision du chef de l’État, Félix Tshisekedi, qui s’est engagé à développer les infrastructures de transport en République Démocratique du Congo pour soutenir la croissance économique et améliorer la qualité de vie de la population. Nous avons lancé ce projet. Une étude préalable a été faite. Nous sommes tombés sur l’opportunité», avait expliqué le ministre Loando de l’Aménagement du territoire, au terme de cette visite.
Que se passe-t-il? Le transport téléphérique à Kinshasa serait-il encore une pro[1]messe qui ne sera pas tenue? Autant de questions qui alimentent la chronique.
Lundi, devant la presse, le ministre Marc Ekila des Transports a été prié d’éclairer l’opinion publique autour des contacts exacts de ce projet, destiné à fluidifier le trafic dans la ville de Kinshasa. Marc Ekila est paru plutôt évasif, se limitant à dire que toutes les signatures requises pour ce projet ont été déjà bouclées. La réalité sur le terrain est plutôt le contraire.
Des sources proches du dossier disent plutôt le contraire et indiquent que le projet serait bloqué à l’étape du ministère des Transports et Voies de communication qui tarde à poser sa signature alors que toutes les études préalables ont été faites selon les règles de l’art, et cette ligne-témoin sera installé partant de l’Université de Kinshasa au triangle non loin du rond-point Ngaba !
« Il n’y a aucun blocage », a insisté le ministre Ekila à la question d’Econews, lundi au traditionnel briefing.
Des administratifs proches du dossier, contactés par Africanews, tri-hebdomadaire paraissant à Kinshasa, font part, contrairement à l’assurance du ministre Marc Ekila, d’un «retard de quatre mois enregistré à ce jour à cause de la lenteur ou du refus du ministre des Transports d’apposer sa signature alors que tous ses autres collègues con[1]cernés l’ont déjà fait».
«Le ministre ne peut tout de même pas mentir en direct à la télévision nationale et dans un briefing officiel», dit un conseiller à la Présidence de la République, repris sous le sceau de l’anonymat par Africanews.
Qui dit vrai ? Pour autant que, lundi devant la presse, le ministre Marc Ekila n’est pas allé par le dos de la cuillère, affirmant urbi et orbi qu’il n’y avait aucun blocage autour de ce projet de transport téléphérique porté par l’entreprise turque Milvest.
Pour rappel, c’est en juin 2023 que le ministre de l’Aménagement du territoire, Guy Loando Mboyo, avait officielle[1]ment signé un contrat d’ingénierie d’approvisionnement et de construction avec la société turque Milvest au nom de la RDC. Ce contrat marquait une étape importante dans les efforts continus de la RDC pour améliorer les infrastructures de transport dans la capitale, Kinshasa.
«Ce projet ambitieux s’inscrit pleinement dans la vision du Chef de l’État, Félix Tshisekedi, qui s’est engagé à développer les infrastructures de transport en RDC pour soutenir la croissance économique et améliorer la qualité de vie de la population», a rap[1]pelé le ministre Guy Loando.
Le Gouvernement a ainsi accordé un financement pour la réalisation de ce projet d’envergure. Les travaux de construction de ce projet étaient censés débuter en juillet 2023 – Milvest estimant que la majeure partie du projet devait être livrée d’ici décembre 2023.
Pour rappel, le téléphérique est un mode de transport déjà exploité avec succès dans plusieurs grandes villes du monde, telles que New York, Medellin et Rio de Janeiro. Son introduction à Kinshasa contribuera à la valorisation des quartiers desservis et aidera à désenclaver ces zones urbaines.
Outre ses avantages en termes de développement urbain, le téléphérique est également un moyen de transport respectueux de l’environnement. Il émet moins de CO2 que d’autres modes de transport tels que les tramways ou les métros, ce qui en fait une option durable pour la RDC.
Le contrat d’ingénierie avec Milvest témoignait de l’engagement du gouvernement congolais à améliorer les infrastructures de transport de Kinshasa et à offrir des solutions innovantes pour répondre aux besoins de mobilité de sa population en pleine croissance.
La RDC a salué ce partenariat avec Milvest, attendant avec impatience la mise en service du téléphérique qui marquera une nouvelle ère de développement et de modernisation pour la capitale congolaise.
Depuis lors, au ministère des Transports, Marc Ekila a posé son véto sur ce projet rénovateur, bloquant toute la machine.
Hugo Tamusa