La reprise des hostilités dans le Nord-Kivu au début du mois d’octobre avec son corollaire malheureux devenu un triste classique de déplacements des populations civiles (80.000, selon l’ONU) a trouvé écho auprès de la médiation de l’Union africaine conduite par le président angolais. A ce titre, Joao Lourenco, en séjour à Nairobi au Kenya, entend réactiver les processus dits de Luanda et de Nairobi dont le point central reste le cantonnement des « rebelles » du M23 soutenus par le Rwanda.
Arrivé dans la capitale kényane le samedi 21 octobre, le président João Lourenco a volontiers reconnu que le processus de médiation de l’Union africaine pour la normalisation des relations entre la RDC et le Rwanda sous l’égide de l’Angola est dans l’impasse. Le président angolais a présenté comme obstacle majeur, le cantonnement des rebelles du M23 après un désarmement préalable.
«Nous avons fait de grands progrès ensemble, tant dans le processus de Luanda que dans celui de Nairobi, nous avons fait de bons progrès ensemble, mais nous avons stagné sur un point : nous avons besoin que le cantonnement du M23 soit réalisé », a déclaré Joao Lourenco.
De son côté, William Ruto, dont le pays mène un dialogue plus large avec de nombreux groupes armés opérant dans l’Est de la RDC, a proposé un mécanisme pouvant faciliter le cantonnement des rebelles.
«Nous pensons qu’il est possible d’engager des consultations, de stabiliser la partie orientale de la RDC (République Démocratique du Congo) et de permettre au peuple de la RDC en général de bénéficier de ses progrès, de son développement, de la stabilité et du progrès dans sa région », a déclaré le président kenyan.
Au-delà des positions officielles exprimées par les deux chefs d’Etat demeure l’équation de la présence de l’armée rwandaise sur le sol congolais telle qu’attestée par plusieurs rapports tant de l’ONU que d’organisations non gouvernementales. Ce à quoi Kigali a toujours brillé dans des dénégations, faisant croire, sans convaincre, que la crise dans l’Est de la RDC est une affaire purement congolo-congolaises.
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CONSULTATIONS OU NEGOCIATIONS
En souhaitant l’organisation des consultations, le président William Ruto affiche en réalité la position de la plupart de chefs d’Etat de la sous-région, et à laquelle s’accroche le M23 depuis toujours : celle des négociations directes entre Kinshasa et «ses » rebelles. Sauf que les autorités congolaises ne l’entendent pas de cette oreille, ayant collé depuis l’étiquette de terroristes au M23. Kinshasa campant sur sa position, il ne sera jamais possible de «négocier » avec le mouvement rebelle tant que ses éléments n’auront pas déposé les armes et rejoint les sites de leur cantonnement.
Le déplacement du médiateur de l’Union africaine à Nairobi intervient en outre au moment où la tension est montée d’un cran à la suite des affrontements qui opposent désormais sur le terrain «les jeunes patriotes », dits Wazalendo, à la force coalisée M23/RDF et que l’armée loyaliste ne prend plus part aux combats, dans le respect du cessez-le-feu de Luanda, arrêté le 23 novembre 2022.
Quant à la force sous-régionale de l’East african community (EAC), elle se limite à observer la situation sur le terrain, provoquant le courroux de Kinshasa qui l’accuse de connivence, voire avec les M23/RDF. En attendant l’arrivée annoncée au Nord-Kivu d’un contingent de la SADC sous commandement angolais.
Econews