Election présidentielle : que le meilleur gagne !

Ils seront 26 sur la ligne de départ, dont Tshisekedi, Mukwege, Katumbi, Matata…
Il y a eu plus de peur que de mal finalement. Particulièrement dans le camp du candidat Moïse Katumbi. Le leader du parti politique Ensemble pour la République a été au centre d’une lourde controverse autour d’une probable invalidation de sa candidature par la Cour constitutionnelle. A l’initiative d’un autre candidat, Noël Tshiani, qui soutenait mordicus que l’ancien gouverneur du Katanga détenait la nationalité zambienne, étant de surcroît d’ascendance zambienne. Requête déclarée recevable mais non fondée. Dans la même veine, deux autres candidats, dont Joëlle Bile – deuxième femme à se lancer dans la course – ont vu leurs dossiers agréés, faisant passer le nombre de candidats à la présidentiel de 24 à 26. C’est le dénouement de plusieurs semaines d’une forte tension politique sur fond de menaces et d’une forte pression sur la Haute Cour qui, à la longue, joue au Ponce Pilate et dédouane par ricochet la Commission électorale nationale indépendante (CENI) au centre d’une polémique alimentée par l’opinion interne d’une part et des menaces à peine voilées de sanctions de la «communauté internationale» et longtemps accusée par l’opposition de faire le jeu du régime, d’autre part.
Que le meilleur gagne !, serait-on tenté de s’exclamer. En effet, des vingt-quatre dossiers de candidatures à l’élection présidentielle transmises par la centrale électorale à la Cour constitutionnelle, assorties de deux requêtes en invalidation, la Haute Cour a tranché, aucune candidature n’a été invalidée et mieux, deux candidats ont été repêchés. La journée de ce vendredi 26 octobre sera certainement marquée d’une pierre blanche dans les camps de Moïse Katumbi et dans une moindre mesure celui de l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo sur qui pèsent des accusations dans l’interminable dossier judiciaire de la débâcle du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo.
Quant à la requête introduite par un autre candidat, Seth Kikuni, et mettant en cause le président de la République qui brigue un second mandat, accusé de faux et usage de faux dans le libellé de ses noms et patronyme, elle a été déclarée irrecevable. La Cour constitutionnelle a même fait mieux : deux candidats retoqués par la CENI ont été repêchés, portant le nombre de candidats dans la course à la présidentielle à vingt-six.

DES RISQUES D’INTOLÉRANCE POLITIQUE
Passé le moment d’euphorie dans les camps des oppositions, il est malgré tout prématuré de clamer que «tout est bien qui finit bien». Loin de constituer un aboutissement, les arrêts de la Cour constitutionnelle inaugurent une autre période d’incertitude en cette période de précampagne qui devrait s’exacerber quand, à compter du 18 novembre s’ouvrira la campagne électorale proprement dite. On devrait assister à des restrictions de mouvements et des interdictions de rassemblements politiques de la part des services d’ordre, agissant la plupart du temps dans un excès de zèle croyant contenter les tenants du pouvoir.
L’exemple d’intolérance politique le plus récent est celui posé par le gouverneur UDPS du Kassaï central. John Kabeya qui avait, au cours d’un rassemblement publique à Kananga, appelé tous les autres candidats à aller battre campagne ailleurs car sa province appartiendrait au seul «Fatshi» ! L’absence d’une condamnation ferme de ses propos, tenus quelques semaines après la violente agression dans la même ville du député et candidat Delly Sesanga blessé à la tête, suivie du silence des autorités au plus haut niveau laisse présager une campagne qui sera tout sauf apaisée.

Econews