Un mot ne fait pas carrière par hasard. Celui d’antivaleur fait désormais partie du vocabulaire quotidien des Congolais. L’idéal pour ce peuple couvert de honte, devenu la risée du monde et qui aspire légitimement à un changement réel, est que les candidats à l’élection présidentielle du 20 décembre prochain puissent s’engager à faire face à ce fléau qui mine la République Démocratique du Congo (RDC) et de le combattre. Cela doit donc être une priorité. Seul un homme – pourquoi pas une femme ? – d’une probité morale sans faille et qui se montrera à la hauteur de l’enjeu, c’est-à-dire à même d’incarner, du fait de son projet présidentiel, l’espoir d’un avenir meilleur, d’établir une nation souveraine et ayant une vision d’une nation unie pour réaliser le développement durable du pays aura à n’en point douter le soutien du peuple congolais.
Une réflexion est le plus souvent soumise aux
servitudes de l’actualité. Celle-ci s’inscrit dans cet esprit. Aussi, la mise en orbite de la notion d’antivaleurs en RDC doit interpeller le peuple congolais qui semble s’accoutumer à l’ignominie de sa pratique.
Arrosées par le silence complice de la classe politique, les antivaleurs poussent comme des champignons mettant en mal l’éthique qui devrait s’actualiser chaque jour par la mobilisation des forces intellectuelles et morales, pour faire advenir une société plus juste et plus équitable.
Les valeurs séculaires de la dignité humaine en RDC ont tout bonnement vidé la place, laissant le champs libre d’une part aux antivaleurs qui ont pour noms corruption, cupidité, vol, mercantilisme effréné, individualisme, mensonge (érigé en mode de gouvernance), prime à la médiocrité, arrivisme, tribalisme, régionalisme, clanisme et népotisme, et d’autre part au règne des troubadours et des encenseurs.
Les adeptes de ces antivaleurs ont banalisé, discrédité et dépouillé par touches habilement orchestrées les références spirituelles et historiques du peuple congolais. Les vertus du travail et le goût de la sueur se sont aplatis à jamais devant le rouleau compresseur de l’argent facile. Les citoyens ne sont plus départagés par le mérite et par la compétence mais plutôt par la médiocrité des liens égoïstes, amicaux et familiaux, des appartenances régionales, claniques, tribales et politico-politiciennes.
Quand le vice a simplement pris la place de la vertu, la République est en perdition. Des comportements, somme toute à mille lieues de l’éthique publique, jadis sévèrement réprimés, sont aujourd’hui approuvés par un silence assourdissant.
Cet État spolié de sa neutralité, par le jeu de valeurs et comportements qui vont contre l’éthique, ouvre la porte à l’inceste politique qui tue la décence, au viol des consciences et surtout à l’impunité qui enlève toute crédibilité à la Justice pour les individus hors castes ou les parias déboussolés car inégalement traités. Les Congolais, qui portent ces antivaleurs en banderole, échappent allègrement aux foudres de la Justice.
RESTAURER L’ÉTAT DE DROIT
LA RDC figure parmi les pays où les antivaleurs sont prônées. Une situation qui doit interpeller les candidats à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023, mais aussi tous les Congolais. C’est un cancer qui tue les institutions et le peuple. Et pour combattre ce phénomène, il faut que la justice soit impartiale et poursuive toute personne, quelle qu’elle soit, qui commet un méfait.
Dès lors, restaurer l’État de droit ne peut se résumer à un simple label habilement étudié pour asseoir une opinion. Il doit plutôt recouvrir une réalité, c’est-à-dire une valeur, un idéal, voire l’idéologie dominante de la société congolaise.
Il est triste de constater à quel point les privilégiés s’en donnent à cœur joie à siphonner les immenses richesses naturelles du pays. Leurs fastes n’émeuvent plus personne, outre mesure. Ils font désormais partie des intouchables de la République. C’est un secret de polichinelle que la tragédie de la RDC est l’impunité qui protège l’élite corrompue, responsable du pillage systématique des ressources de ce pays. La RDC est ainsi devenue le lieu d’expérimentation des vices les plus fous.
Pour mettre un terme à cet état de fait, le peuple congolais veut un véritable changement. Il veut une rupture avec le passé, c’est-à-dire combattre les antivaleurs qui minent le pays aujourd’hui. Et, pour lutter contre ces méfaits, il n’y a pas d’autres secrets que de restaurer l’État de droit avec toutes ses fonctions régaliennes. À cet effet, Il faut à la tête de ce beau et grand pays un homme de la relance du Congo, le symbole et le chef de file d’une nouvelle classe politique plus dynamique, plus novatrice, plus réaliste, plus ambitieuse.
Les candidats à la magistrature suprême, en leur qualité (supposée) d’hommes ou femmes capables à rassembler, à susciter l’adhésion à leurs projets respectifs par-delà les clivages traditionnels, doivent s’engager de faire transiter le Congolais vers sa pleine citoyenneté par l’éducation aux vertus et aux principes de la République. Le vainqueur de l’élection sera attendu au tournant pour des promesses qu’il aura faites au peuple congolais, et qui saura le lui rappeler s’il ne tient point parole. Il sera jugé sur les actes qu’il posera ou ne posera pas, sur sa force et sa volonté de rencontrer ou de ne pas rencontrer l’espoir des Congolais, de réaliser ou de ne pas réaliser le Congo nouveau, le Congo ayant perdu de sa superbe depuis l’avènement de la troisième République.
LA PROFUSION D’ANTIVALEURS FAIT L’AFFAIRE DES TUTSI
La crise que traverse la RDC, depuis l’entrée de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), le 17 mai 1997, sur le territoire national est un handicap majeur à la stabilité politique et au maintien de la paix, garants du développement économique du pays. Et l’invasion de la RDC par la communauté tutsi depuis cette époque doit être démêlée, car certains délits sont commis avec la complicité de ces gens qui occupent le pays depuis vingt-six ans. Dans certains cercles politiques et médiatiques, on donne une explication simple à la logique de ce déferlement : il est dû à un plan de domination et, par ricochet, de balkanisation de la RDC. Et la profusion d’antivaleurs – un élément de désordre social – fait l’affaire des Tutsi qui ont souvent raillé l’irresponsabilité des autorités congolaises du fait de la mauvaise gouvernance.
L’ambition débordante et la malignité des Tutsi, qui rêvent de mettre le Congo à genoux, ne sont plus à démontrer. Bon nombre d’ouvrages et d’articles de presse ont été publiés là-dessus. Les enjeux sont très importants pour l’avenir du pays, et cela ne peut laisser indifférent les candidats à l’élection présidentielle qui sont censés être au fait de ce projet funeste orchestré par les Tutsi : dépecer la RDC. Ils sont soutenus dans leur entreprise par les multinationales avec la bénédiction de grandes puissances occidentales.
À cet effet, se retirer de l’EAC (Communauté d’Afrique de l’Est), un piège tendu par les Tutsi pour bien occuper le Congo et exploiter les ressources congolaises – en métaux précieux notamment – est une urgence pour le président élu. L’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC doivent être préservées.
L’ESPOIR EST PERMIS
La RDC plie sous le poids des antivaleurs. Le vainqueur de cette élection doit donc impulser une politique audacieuse en faisant partager une nouvelle vision de la société, guidé par le seul désir de voir naître un État où l’intérêt général, en tant que finalité ultime de l’action publique, pourra primer sur tout intérêt privé ou catégoriel.
L’éthique de société exige aujourd’hui que tout ce qui se fait et se décide, devrait se faire et se décider par, pour et avec les Congolais. Autrement, c’est un péché politique. C’est ce péché commis par les autorités politiques d’hier et d’aujourd’hui en ne répartissant pas de façon méritante la richesse du pays à ses dignes filles et fils, en prenant le soin de laisser la majeure partie de la population au bord de la route.
Tout Congolais, amoureux de son pays, doit dénoncer – de façon permanente – les comportements indignes des femmes et hommes politiques, tapis dans l’ombre de la gabegie, de la corruption, de la cupidité, du vol, du détournement de deniers publics, du mensonge, du tribalisme, du népotisme…au mépris du peuple souverain.
La politique peut et doit être le fief de la vérité, de l’éthique, de la responsabilité et du sacerdoce pour le grand bien du peuple. Les candidats à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023 devraient, encore et encore, se sentir interpellés par la profusion de ces antivaleurs qui ne cessent d’abâtardir les Congolais plongés dans un profond misérabilisme. L’heureux élu aura sans doute du pain sur la planche. Mais l’espoir est permis. Il lui faut mettre les bouchées doubles s’il veut réussir son mandat. La réputation et la crédibilité de sa présidence en dépendent.
Robert Kongo (CP)