C’est le 1er vice-président de la Commission électorale nationale indépendante Didi Manara qui signe le communiqué invitant les candidats président de la République à prendre part aux consultations que la centrale électorale débute ce lundi 13 novembre 2023. Les 26 candidats président de la République ouvrent le débat, suivis le lendemain des députés nationaux. Quoique l’ordre du jour de la rencontre n’ait pas été divulgué, des interrogations fusent de partout, à moins de quarante jours de la tenue des élections. Des interrogations tant au niveau de la cartographie électorale que du déploiement dans toutes les circonscriptions électorales du matériel électronique en commande auprès du Sud-Coréen Miru Systems. Le président de la CENI qui vient de séjourner à Séoul confirmait il y a moins d’une semaine la finition du conditionnement du matériel de vote dont l’arrivée en RDC serait imminente. Face au temps qui s’écoule inexorablement, les consultations engagées par la CENI restent entourées d’un profond mystère.
L’invitation aux consultations à l’attention des candidats à l’élection présidentielle n’avait pas encore reçu d’écho dans les milieux de l’opposition au moment où nous mettions sous presse. Elle est intervenue alors même qu’un groupe d’opposants étaient donnés pour l’organisation d’une réunion en Afrique du Sud au cours de la semaine. Le groupe formé de Moïse Katumbi, Matata Ponyo, Delly Sesanga, Martin Fayulu et Denis Mukwege serait en passe d’engager une concertation destinée à s’accorder sur un candidat commun de l’opposition à la présidentielle.
Des 26 candidats déclarés, le groupe emmené par Moïse Katumbi et Martin Fayulu n’a eu de cesse d’exiger de la CENI au cours des mois ayant précédé le dépôt des candidatures intervenu au mois de juin, un audit indépendant du fichier électoral, afin de corriger les nombreuses irrégularités qui, selon leur entendement, entachaient un processus électoral vicié destiné à favoriser le seul camp du président sortant.
L’initiative de la CENI est de nature à porter un coup d’arrêt aux concertations internes de l’opposition ou à tout le moins à l’amener à postposer une décision définitive dans le sens de dégager un consensus autour d’une seule candidature. C’est également une savante manœuvre de diversion capable de jeter le doute et de semer les graines d’une division parmi des politiques dont les egos démesurés restent inconciliables.
DES PROBABILITES D’UN GLISSEMENT DU CALENDRIER ELECTORAL
A moins de deux mois des élections, tout ne semble pas aller pour le mieux dans l’organisation des scrutins de décembre. En effet, il est quasiment impossible que la CENI mette à profit le court laps de temps restant pour réceptionner le matériel électoral, le repartir en provinces, dévoiler la cartographie des sites de vote, etc.
Après avoir annulé l’affichage des listes des électeurs devant chaque centre de vote, invitant ces derniers à contacter les secrétariats exécutifs, la CENI a dû faire marche arrière devant le tollé soulevé dans l’opinion publique, déroutée par les tâtonnements du bureau présidé par Denis Kadima.
Aussi invraisemblable que cela laisserait à penser, les réalités de terrain ne plaident pas pour l’organisation des élections dans le délai, malgré l’optimisme béat affiché par le président de la CENI.
Outre les contraintes matérielles, le processus électoral en cours est plombé par une situation sécuritaire qui exclut des milliers d’électeurs qui vivent dans les zones de conflits.
Aux parties du territoire jusqu’ici impactées par une occupation de fait, sont venues s’ajouter au cours des dernières semaines le conflit interethnique à Kisangani (Tshopo). Autant de facteurs qui pourraient amener la CENI à solliciter des parties prenantes un renvoi des élections à une date ultérieure à convenir d’un commun accord. Le projet est un secret de polichinelle. Il ne reste qu’à trouver la stratégie de sa mise à exécution.
Econews