Mœurs congolaises au rabais : des vivants convoitent le cimetière de Kintambo

Lancés il y a plus d’une année, les travaux de construction d’un mur de clôture du cimetière de Kintambo, situé dans la commune du même nom, s’accélèrent depuis la mort d’un ouvrier sur le chantier, causée par l’effondrement d’un monticule de montagne.

Financés par le Trésor public et supervisés par l’Office des voiries et drainage (OVD) et le Bureau technique de contrôle (BTC), ces travaux ont été entrepris suite aux convoitises des dernières demeures des personnes décédées.
En effet, des gens sans scrupules ont commencé à y ériger des baraquements sans le respect dû aux morts conformément aux mœurs congolaises.

Aussitôt terminée la première phase des travaux de la clôture de ce mur au niveau de la chaussée Benseke, l’entreprise Aaron Sefu a entamé en grande pompe la deuxième phase au niveau de la route Mbila et de la rivière Maluku, séparant le Camp Luka du cimetière de Kintambo. Le bulldozer élargit la rivière Maluku en taillant sur des parcelles érigées à ses abords.

Si certaines personnes louent ce projet, d’autres, par contre, craignent que la furie des eaux ne cause des dégâts lors des pluies torrentielles. Aussi, interpellent-ils le Gouvernement à prendre des dispositions pour éviter une telle situation.

«L’idée d’ériger un mur de clôture du cimetière de Kintambo est non seulement louable, mais redore aussi l’image ternie du quartier Camp Luka. Le gouvernement ne doit pas se limiter à construire ce mur, mais doit aussi penser à construire un autre entre le cimetière et les habitations pour protéger les habitants contre la furie des eaux de la rivière de Maluku au cas où celle-ci sortait de son lit», a fait remarquer Mme Cathy Katangwa, une habitante de ce coin.

Matondo Mwanza, également habitant du coin, a clarifié cette situation. Selon lui, «la rivière Maluku est tranquille pendant la saison sèche, mais pendant la saison de pluie, comme c’est le cas maintenant, nous vivons dans l’angoisse car dès qu’il commence à pleuvoir nos cœurs battent la chamade et implorons le Seigneur pour que rien de mal nous arrive ».

Interrogé, un ingénieur de l’entreprise Aaron Sefu qui a requis l’anonymat, a affirmé que le projet consiste uniquement à ériger un mur de clôture du cimetière de Kintambo. Toutefois, a-t-il laissé entendre, le directeur général de cette entreprise a introduit une demande au gouvernement pour solliciter des fonds afin d’ériger un mur entre le cimetière et les habitations. Cela en vue de protéger la population contre la furie des eaux de la rivière Maluku.

Pour rappel, le cimetière de Kintambo est désaffecté depuis plusieurs décennies mais on continue à y enterrer des morts en les superposant. Conséquence, plusieurs familles ne retrouvent plus les tombes des leurs. Preuve : le 1er août de chaque année, journée dédiée aux morts notamment, des familles qui se rendent dans ce cimetière pour se recueillir devant les tombes des leurs et qui ne retrouvent plus leurs traces éclatent en sanglots. Un spectacle qui ne laisse pas indifférents des gens aux cœurs sensibles qui réagissent en vouant les profanateurs aux gémonies.

Jossart Kumeso (Stagiaire/IFASIC)