Mains tendues, des personnes de tous les âges sillonnent les grandes artères de la ville de Kinshasa en quête du pain quotidien. Le phénomène, plus visible dans la commune de Gombe qui abrite les institutions nationales, a pris de l’ampleur suite au chômage de masse.
Sur les grandes artères de la ville de Kinshasa, et spécialement sur le boulevard du 30 Juin situé dans la commune de Gombe, on observe depuis plusieurs années des gens courir lorsqu’un véhicule s’arrête pour l’une ou l’autre raison sur la chaussée pour tendre la main à son conducteur qui souvent circule avec les vitres remontées ou à ses occupants. Le spectacle attire la curiosité des passants qui critiquent ou non le comportement de ces gens.
Majoritaires au début de ce phénomène, des personnes vivant avec handicap ont été rejointes par des personnes aptes. La mendicité est devenue donc un véritable phénomène social dans la ville de Kinshasa avec ses incidences négatives dans la société où selon nos mœurs il n’a pas de place.
Le nombre de mendiants grossit au jour le jour. Les personnes vivant avec handicap sont aidés par des personnes valides à majorité des petits enfants de deux sexes, dont la tranche d’âge varie entre 6 et 11 ans, aux fins de susciter la compassion pour s’attirer les faveurs des passants.
Cette pratique est observée également dans les arrêts de bus ou les gens mendient sous prétexte qu’ils manquent d’argent pour emprunter un moyen de transport afin de se rendre à leur destination.
Maniant la langue de Voltaire avec aisance, certains prétendent revenir d’une société de la place où ils avaient été convoqués pour être embauchés ou avoir eu un rendez-vous qui n’a pas tenu.
A ce sujet, la rédaction d’econews s’est entretenue avec quelques kinois, bienfaiteurs ou victimes de la demande exagérée de ces personnes.
«Chrétienne, j’éprouve de la compassion pour les pauvres, mais surtout pour les personnes vivant handicap qui souffrent », a déclaré Rosette Tumba qui a signalé que chaque fois qu’elle est à l’arrêt de bus après le travail, une ou deux personnes viennent auprès d’elle pour quémander l’aumône. Et, selon elle, elle ne manque pas de délier sa bourse au profit de ces handicapés. Un geste qui est, pour elle, une source de bénédiction.
Si aider les pauvres ou les personnes avec handicap est une bénédiction pour les uns, contrario pour les autres qui dénoncent cette pratique, soutenant «qu’il s’agit-là d’un fonds de commerce » et qu’il y a lieu de la décourager.
«C’est bien d’aider, mais pas voir les même personnes mendier des années, malgré l’argent reçu qui pouvait leur permettre de débuter une activité commerciale. Malheureusement, ils en font un ‘travail à vie’ », argumente Monsieur Patrick Mabaya.
«Devenu orphelin de père et de mère à l’âge de 11 ans, je vivais chez ma tante maternelle qui, piquée on ne sait pas quelle mouche, m’a chassé de sa maison sous prétexte que j’étais un sorcier », a raconté un enfant de rue, communément appelé «Shégué », la mort dans l’âme. Il a ajouté que «c’est pour cette raison que pour survivre il a été obligé de mendier pour chercher de quoi mettre sous la dent ».
Enfin, a-t-il déclaré, « s’il y a une personne qui peut me prendre en charge pour me scolariser, je vais arrêter cette vie de mendiant et de rue, car je souffre étant donné que passe la nuit à la belle étoile ».
En République Démocratique du Congo, la loi interdit la mendicité sur la voie publique. Mais elle n’est quasiment jamais appliquée. Des tentatives timides ont bien été entreprises par l’Hôtel de ville, interdisant la pratique sur les grandes artères, dont le boulevard du 30 Juin.
Benny Lutaladio