A deux semaines des élections générales du 20 décembre, l’heure est aux ralliements dans les camps respectifs des candidats présidents de la République. Face aux défis logistiques hors-normes dans un pays aux dimensions continentales, défis que curieusement beaucoup semblent n’avoir jamais anticipés, les plus réalistes ont vite fait de jeter l’éponge et faute d’aller voir ailleurs dans l’attente des futures échéances électorales dans cinq ans, ils ont tourné casaque et rallié le camp de Moïse Katumbi, avec l’opportunité de sillonner le pays à bord des jets de ce dernier, et pourquoi pas, de grappiller une notoriété aussi factice qu’éphémère lors des rassemblements devant des foules qui les découvrent enfin. Dans le camp de l’Union sacrée, l’heure n’est pas non plus à une sérénité absolue. Les candidats à tous les niveaux menaçant de « se déterminer », faute d’avoir reçu des fonds pour battre campagne.
L’absence d’un consensus autour d’un candidat commun de l’opposition dans l’ambition de mettre les bâtons dans les roues du candidat du pouvoir a fini par se déliter face à un imbroglio d’idéologies imprécises porté par des egos irréconciliables. La campagne électorale ayant montré des contraintes multiformes sans précédent, quatre prétendants ont carrément sauté le pas et rejoint le leader d’Ensemble pour la République. A ce jour, Franck Diongo, Seth Kikuni et Delly Sesanga sont de tous les déplacements de Katumbi.
Seul l’ancien premier ministre Matata Ponyo (dont on dit qu’il est loin de tirer le diable par la queue) a emprunté une voie différente. Il bat campagne pour son nouvel allié à sa manière dans son fief incontesté du Maniema, ne se contentant pas de bains de foule quotidiens dans les capitales provinciales, étant conscient que les foules ne sont pas nécessairement ce peuple responsable qui détermine les contours d’une élection présidentielle à un tour.
Des 20 candidats restés en lice dans la dernière ligne droite, dont le président-candidat, à peine un tiers sortent du lot, alors qu’une bonne majorité reste inaudible. D’une part, les alliés putatifs ou affirmés de l’Union sacrée de la nation rangés derrière la candidature de Félix Tshisekedi commencent à donner de la voix, protestant contre l’absence du financement de leur campagne électorale par le camp présidentiel. Des communicants tout aussi putatifs les ont rejoints menaçant de torpiller les derniers jours de la campagne du candidat-président.
A ce sujet, le Secrétaire général de l’UDPS Augustin Kabuya a tranché. S’exprimant dans les médias locaux, il n’y est pas allé par quatre chemins, disant ne pas comprendre qu’après avoir versé leur caution auprès de la CENI, l’on en vienne encore à exiger des frais de campagne.
Déclaration qui a déclenché une sourde colère au sein des irréductibles d’hier, et qui explique la morosité de la campagne électorale à Kinshasa où mise à part la présence de panneaux publicitaires, d’affiches de dimensions diverses et de calicots tendus au dessus des rues, il s’observe dans le camp de l’USN un climat latent d’attente que la direction du parti présidentiel fait mine d’ignorer.
UN RENIEMENT QUI NE DIT PAS SON NOM
Au moment où Moïse Katumbi et ses alliés opèrent un maillage électoral grâce à une logistique sans précédent, Martin Fayulu fait cavalier seul, lui aussi à bord d’un jet privé. Une rumeur enfle à ce sujet, certains se posant la question de l’origine des ressources apparemment illimitées dont il bénéficierait, d’une part.
De l’autre, que Fayulu ait adopté la narratif des «candidats de l’étranger» dont Félix Tshisekedi a fait l’un des arguments-phares de sa campagne suffit à faire dire qu’il a secrètement opéré un camp de celui qu’il a toujours accusé de lui avoir «volé» sa victoire lors de la présidentielle de 2018.
DU RIFIFI À L’UNION SACRÉE
Signe que l’ambiance n’est pas non plus au beau fixe au sein de l’Union sacrée, plateforme politique pilotée par le président de la République, cette déclaration incendiaire de Dany Banza à Lubumbashi à la veille de l’arrivée du chef de l’Etat dans la Capitale du cuivre.
S’adressant aux militants de l’UNAFEC parti de feu Kyungu wa Kumwanza, ce proche de Félix Tshisekedi a mis en garde ses collègues de l’USN qu’il accuse de ne pas faire grand cas des intérêts katangais dont la province est, selon lui, la première contributrice au budget de l’Etat.
Mais surtout, Dany Banza a déclaré le vice-président de l’Assemblée nationale André Mbata persona non grata au Katanga, invitant les jeunes de l’UNAFEC à «s’occuper de lui» si, par malheur, il devait faire partie de la délégation présidentielle qui était attendue ce mardi à Lubumbashi.