« Si le M23 refuse de coopérer, il devra assumer les conséquences». Félix Tshisekedi ne croyait pas si bien dire à son homologue angolais. En convoquant un mini-sommet en marge de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union africaine à Addis-Abeba, le président angolais João Lourenço a laissé planer un brin d’espoir dans le chef des Congolais en général, et des milliers de déplacés internes qui arpentent jour et nuit les routes de l’exil quand ils ne sont pas entassés dans des camps de fortune dans le dénuement le plus total, en particulier. Malheureusement, le face-à-face entre les présidents Tshisekedi et Kagame est venu alourdir l’atmosphère déjà délétère et souligner l’impasse dans lequel le conflit dans le Masisi et le Rutshuru s’enlise.
Que le jour-même de l’ouverture des travaux un drone militaire rwandais attaque l’aéroport de Goma a tout l’air d’une opération préméditée par Kigali en signe d’avertissement : le Rwanda n’entend nullement se prêter à la démarche diplomatique en dépit de la bonne foi et des efforts du Médiateur. Un signe également que Paul Kagame a mis définitivement une croix sur les processus dits de Luanda et de Nairobi auxquels Kinshasa reste inexplicablement scotché.
Les dernières pressions en date venues de Washington sommant Kigali de retirer ses troupes et ses missiles sol-air déployés dans l’Est congolais ont l’air du déjà entendu, et les pseudo-sanctions ne trompent plus personne. Ou du moins, elles ne retiennent plus l’attention que de ceux qui dans leur optimisme suicidaire croient encore que les multinationales anglo-saxonnes qui prêtent main forte au pillage des ressources naturelles dans les zones occupées et dont les têtes de pont sont installées à Kigali, voire à Kampala, seraient disposées à se passer des terres rares dont le sous-sol des Kivu regorge.
Il reste dès lors à voir quel discours le gouvernement congolais apportera lors de la prochaine réunion prévue à Luanda à la fin du mois de février. Le ton en est d’ores et déjà donné du reste : il n’y aura pas de tête-à-tête Tshisekedi-Kagame. Les deux dirigeants seront reçus séparément par le Médiateur. Auquel cas, la balle ne resterait plus que dans le camp des dirigeants congolais : le retour de la paix dans l’Est du pays ne viendra ni de l’Orient ni de l’Occident. A condition que le peuple congolais fasse montre d’un nouveau type de cohésion nationale débarrassé de népotisme, de tribalisme à outrance. Un peuple porté par une armée nationale forte et au patriotisme éprouvé.
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