L’inaptocratie s’est installée en RDC (Steve Mbikayi)

De plus en plus, la classe politique est constituée de personnes qui n’ont jamais travaillé. Sous l’influence familiale ou par la corruption des organisateurs des élections et des juges, des sans-emplois, des étudiants ou des nouveaux diplômés sont bombardés députés, sénateurs, gouverneurs, mandataires, ministres … Sans avoir jamais travaillé ni payé les impôts et sans aucune expérience professionnelle, on commence sa carrière par une ordonnance présidentielle ou un mandat électif.

Que pouvons-nous attendre de ce phénomène ? Parce qu’on est assis sur la caisse de l’ État, on l’utilise pour gagner de la place pour différents membres de la famille en postulant à tous les postes à l’idée de faire une passe à un fils , une épouse, un frère (suppléants ). S’il est vrai qu’on ne peut pas refuser à ces derniers d’occuper différents postes en tant que congolais, il y a cependant lieu de dénoncer le fait que ceux qui gèrent, utilisent l’argent de l’État pour propulser beaucoup de membres de familles sans expérience.

Conséquence, environ 60% des sénateurs élus sont députés nationaux, ministres, gouverneurs, députés provinciaux … Avec des parents suppléants sans cursus connus qui vont se retrouver sénateurs, députés nationaux ou ministres arrivistes. Donc, les deux chambres seront occupées par les mêmes familles qui auront des ramifications au gouvernement et dans les entreprises publiques.

L’opinion assiste impuissante à la résurgence d’une oligarchie en République Démocratique du Congo. Le peuple murmure et pourra gronder un jour. En notre qualité d’élu de ce peuple, nous ne devons pas faire la sourde oreille. Nous devons anticiper et proposer des solutions allant dans le sens de répondre à ses préoccupations. Il dit non à cette caste qui vient de s’installer dans le pays.

En vue d’atténuer ce phénomène, le moment venu, nous allons introduire un amendement à la loi électorale. En cas d’empêchement d’un élu ou sa nomination à d’autres fonctions, son suppléant doit être le candidat député qui était sur la même liste que lui, qui avait battu campagne et qui venait en ordre utile en terme des voix obtenues plutôt que d’offrir le mandat du parti à un suppléant qui n’a apporté aucune voix à la liste en vue d’atteindre le seuil ou le quotient électoral.

Ainsi, ça ne sera plus nos femmes, nos enfants et nos frères néophytes et souvent méconnus du parti, qui viendront nous remplacer en vue de maintenir le grand nombre de nos compatriotes sous le joug d’une classe des privilégiés constituée par la ruse et sans aucun mérite. Aussi, avant d’aspirer à des hautes fonctions (Gouvernement, Parlement, entreprises…), il faut prouver qu’on a réellement une expérience professionnelle réelle et connue (Pas fournir des attestations des services rendus faites de toutes pièces). Il faut aussi prouver qu’en bon citoyen, on a eu à travailler et à payer les impôts.

Ainsi, nous commencerons à mettre fin au système de «chance eloko pamba », en d’autres termes l’inaptocratie. C’est-à-dire, le système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés (achetés) par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation et le détournement de la richesse et du travail d’un nombre de producteurs en diminution continuelle. (Jean Lefèvre d’Ormesson ).

Nous insisterons aussi pour que dans la loi qu’il soit interdit de faire des dons et offrir de l’argent aux électeurs à tous les niveaux. Cette pratique a instauré une concurrence déloyale qui a vu tous les membres du gouvernement et des gouverneurs être élus à différentes fonctions au détriment de ceux qui n’ont pas eu la possibilité de faire la main basse sur la caisse de l’État.

En tout cas, cette fois-ci, c’est très criant et honteux.

Ça doit changer.

Steve Mbikayi

Député national (Elu de Kinshasa/Funa)