Le cas Constant Mutamba

On retiendra de la publication du gouvernement Suminwa la nomination de l' »opposant » Constant Mutamba au ministère de la Justice et Garde des Sceaux. Un feu d’artifice de louanges à son adresse encombre aujourd’hui encore les réseaux sociaux, assorti d’un florilège d’infinie reconnaissance à la magnanimité du chef de l’Etat qui a eu l’incroyable sagesse de nommer un ancien proche de celui que lui-même s’est toujours gardé de citer le nom. 

Les superlatifs s’entrecroisent et magnifient le jeune leader de la DYPRO, un mouvement sorti tout droit de la cuisse du Front commun pour le Congo (FCC) à la veille des élections de 2023. Alors l’un des proches de Joseph Kabila dont il affectait de copier aussi bien les tenues martiales que l’exubérante tignasse hormis la barbe poivre et sel (il n’a pas encore de cheveux blancs), Constant Mutamba s’est démarqué de la démarche qui consistait, pour l’ancien camp présidentiel, à boycotter le processus électoral.

Ambitieux et se présentant comme une alternative à la politique nihiliste du FCC, l’homme a su jongler sur plusieurs tableaux et a réussi à arracher le seul siège dévolu à l’opposition à la centrale électorale, y plaçant le 1er vice-président en la personne de Didi Manara ci-devant président du groupe parlementaire du PPRD à l’assemblée nationale. Un coup de maître serait-on tenté de dire. Mais ses coups de gueule contre le pouvoir sur tous les médias d’ici et d’ailleurs ne lui valurent jamais de subir les affres de l’animosité des radicaux tshisekedistes dont le paroxysme est généralement un séjour humiliant à la prison centrale de Makala.

Sans doute en raison de ses positions contre le président rwandais Paul Kagamé ainsi que le pouvoir monoethnique tutsi à Kigali, et n’hésitant pas à vitupérer contre les ambassadeurs de l’Union européenne en poste à Kinshasa, accusés de collusion avec l’ennemi juré. Sans oublier sa plainte introduite à la CPI contre « le boucher » de Kigali. Un narratif qui n’a pas manqué de ravir au-delà de tout espoir au sommet de l’Etat congolais.

Narcissique à souhait, il aimait à se laisser filmer dès 5 heures du matin assis à son bureau rédigeant une énième proposition de loi à soumettre à l’approbation de l’assemblée nationale qu’il rejoint après les dernières législatives.

Le voici donc, à 36 ans, bombardé ministre d’une Justice malade comme dit l’autre. Reste à voir si, flanqué de l’intraitable Bestine Kazadi sa vice-ministre, il aura véritablement les coudées franches.

Quoi qu’il en soit, Constant Mutamba restera  »un cas » à part.

Mwin Murub