Des fausses cartes d’identité

Dans l’euphorie qui a entouré la publication du gouvernement et l’attente de l’investiture du gouvernement Suminwa, une information capitale est demeurée hors de portée, comme il est devenu coutumier dans une société qui s’emballe pour des événements parfaitement devenus pourtant anodins par leur répétition et leurs contenus folkloriques.

Pendant qu’ils bataillaient pour arracher t-shirts et casquettes floqués des portraits de leurs champions, certains blessés dans leur acharnement à accéder à tout prix à la salle des congrès du palais du Peuple, un drame autrement plus pernicieux se jouait loin des regards. Pourtant, l’information avait toutes les chances de réveiller des passions, voire de susciter des revendications  citoyennes à juste titre.

L’on apprenait en effet sur les réseaux sociaux (comme toujours désormais), que l’Inspecteur général des finances (IGF) avait adressé une correspondance au gouvernement dans laquelle  il indique clairement que le contrat ONIP-AFRITECH pour la délivrance de la carte d’identité nationale est irréalisable. Pour le financer, ses concepteurs veulent mettre sous séquestre les avoirs de la Banque centrale du Congo (BCC) par la banque commerciale prêteuse. La firme française IDEMIA/FRANCE contactée par l’IGF ne reconnaissant pas sa participation au projet.

Pour information, et c’est la cerise sur le gâteau, les propriétaires de la société AFRITECH sont les mêmes qui sont impliqués dans le sulfureux dossier des forages et des lampadaires.

Pour faire court, la question est de savoir si les quelques cartes d’identité déjà délivrées à quelques privilégiés ont encore une valeur légale. Plus grave, c’est le président de la République qui détient la carte n° 0001 !

Dans ces conditions, tout serait-il à refaire ? la réponse est à la fois oui et non.

Oui, si le nouveau gouvernement se résout à changer de prestataire, laissant la patate chaude entre les mains des cours arbitrales internationale avec ce que cela implique de  conséquences en matière d’interruption abusive de contrat, les montants engagés dans le projet versés au compte des pertes et profits.

Non, si le gouvernement Suminwa laisse courir, se lavant les mains et se déchargerait sur le cabinet de son prédécesseur et son ministre des Finances déjà englués jusqu’au cou dans le même dossier des forages-lampadaires.

Dans ce dernier cas de figure, la probabilité pour le Congolais lambda d’entrer un jour en possession de la carte d’identité s’éloignerait inéluctablement.

Econews