Malgré les chantages à répétition auxquels s’adonne désespérément l’Algérie au sujet du différend régional autour du Sahara marocain, l’Organisation des Nations Unies vient d’insister, une fois de plus, sur l’importance primordiale de l’implication de toutes les parties au conflit dans le processus politique, mené sous l’égide du Secrétaire général de l’ONU.
C’est ce qu’a bien réaffirmé le porte-parole adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, Farhan Haq lors de son briefing quotidien, mercredi à New York, lorsqu’il répondait à une question sur la dernière manœuvre en date de l’Algérie, qui a rejeté la résolution 2602 adoptée par le Conseil de sécurité ainsi que le processus des tables rondes.
«Nous croyons qu’il y a encore possibilité pour que toutes les parties et acteurs régionaux se retrouvent» dans le cadre du processus politique au sujet de la question du Sahara, a souligné le porte-parole du SG de l’ONU, relevant que le nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara marocain, Staffan de Mistura discutera avec «toutes les parties et tous les Etats concernés dans la région» en vue de la reprise de ce processus.
N’en déplaise à l’Algérie, il y a lieu de rappeler que le Conseil de sécurité dans sa plus récente résolution sur le Sahara marocain a demandé à M. de Mistura, de reprendre la facilitation du processus politique des tables rondes, avec ses quatre participants, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le «polisario».
Encore plus, l’Algérie est considérée par le Conseil de Sécurité en tant que partie. C’est pourquoi il l’a enjoint dans ses dernières résolutions, dont la 2602 de vendredi dernier, à participer aux tables rondes et l’a citée à cinq reprises, soit autant de fois que le Maroc.
Regain de tensions entre Alger et Rabat
Trois Algériens ont été tués au Sahara, dans un bombardement attribué par Alger aux autorités marocaines. Rabat n’a pas réagi officiellement aux accusations de son voisin, mais l’Algérie assure que «l’assassinat» de ses ressortissants «ne restera pas impuni».
Des images de camions algériens carbonisés sur la route reliant Nouakchott à la ville algérienne de Ouargla – qui longe le Sahara – étaient apparues mardi 2 novembre sur les réseaux sociaux. Mercredi, Alger a donné sa version des faits, mettant directement en cause son voisin marocain.
«Trois ressortissants algériens ont été lâchement assassinés par un bombardement barbare », écrit la présidence algérienne dans un communiqué, repris par l’agence de presse nationale APS. «Plusieurs facteurs désignent les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental comme ayant commis avec un armement sophistiqué ce lâche assassinat», qui «ne restera pas impuni», ajoute la présidence algérienne.
Pour Al-Jazeera, «l’incident souligne le risque d’escalade entre les deux pays nord-africains, après plusieurs mois de détérioration de leurs relations», empoisonnées par le dossier du Sahara occidental.
«Dérive de trop»
Le Maroc n’a pas officiellement commenté les accusations «mais une source informée au sein du royaume», citée par la chaîne qatarie, assure que Rabat «n’a jamais pris et ne prendra jamais pour cible des citoyens algériens, en dépit des circonstances ou des provocations. Si l’Algérie veut la guerre, ce n’est pas le cas du Maroc».
Les deux pays s’écharpent depuis des décennies sur la question du Sahara. Le Maroc revendique sa souveraineté sur l’ancienne colonie espagnole, tandis que l’Algérie soutient le Front Polisario qui réclame un référendum d’autodétermination.
La normalisation, l’an dernier, des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur la région disputée, avait remis le feu aux poudres. Alger a rompu en août les relations diplomatiques avec son voisin, et a mis fin la semaine dernière à un contrat de gazoduc algérien passant par le Maroc à destination de l’Espagne.
Le titre algérien L’Expression, proche du pouvoir, relaie les accusations de la présidence et dénonce pêle-mêle la «dérive de trop» et «la folie» des dirigeants marocains. «Après les innombrables provocations», le royaume «s’adonne maintenant au harcèlement d’un pays voisin et souverain. Toute guerre n’est pas souhaitable, mais si elle venait à être imposée aux Algériens, ils savent se battre », avertit le quotidien.
Le site TSA-Tout sur l’Algérie se range lui aussi du côté de la présidence algérienne. Il s’interroge «sur les motivations du Maroc à travers cet acte gravissime» et se demande «jusqu’où ira l’escalade après cette énième provocation directe? »
Mensonges
Tout aussi remontée, la presse marocaine crie à la manipulation et aux mensonges du voisin algérien, à l’instar du site Hespress, qui se demande « si ces nouvelles accusations de l’Algérie, ne seraient pas la réponse du régime algérien à la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a balayé d’un revers de la main toutes les manœuvres algériennes visant à saper le processus onusien dans le dossier du Sahara ».
La semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé les acteurs du conflit à reprendre les négociations «sans préconditions et de bonne foi ».
Mais Middle East Eye rappelle qu’Alger refuse depuis 2019 de «revenir à la table des négociations » entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Front Polisario, estimant que «Rabat, en évitant les discussions bilatérales avec le Front Polisario, essaie de présenter le conflit comme ‘régional et artificiel’ et non comme un conflit de décolonisation».
Pour Morocco World News, les autorités algériennes veulent avant tout faire diversion. «La détermination d’Alger à aggraver dangereusement les tensions avec le Maroc a surtout vocation à aider une élite politique menacée et défaillante à échapper à la critique et à l’examen populaire, en ralliant la population autour d’ennemis étrangers », écrit le site.
Econews avec MAP