Chassez le naturel…

De nos jours, tout finit par se savoir et se sait. Au grand bonheur des internautes qui s’en donnent à cœur joie. Aucune autorité, ni une institution n’échappe plus aux regards inquisiteurs et charmés d’une opinion publique en perte des repères.

A l’ère où tous les secrets d’Etat, secrets défense ou des services réputés secrets, des délibérations censées confidentielles se retrouvent sur la place publique, la société se régale au quotidien de juteux scandales et se gargarise des dérives des dirigeants souvent donnés pour avoir perdu la boussole, ou tout simplement enivrés de pouvoir au point d’en perdre le sens même de l’éthique.

L’une des « fuites » de documents officiels qui défraient la chronique concerne cet ordre de mission kilométrique signé de la main du président de l’Assemblée nationale. Ou plutôt, et pour être précis, son secrétariat a abreuvé la sphère des internautes de deux correspondances qui ne cessent d’alimenter la chronique. Et c’est peu dire que ces révélations sont loin de susciter des applaudissements en faveur du speaker de la chambre basse du parlement.

Le premier document est un ordre de mission reprenant les noms des personnes qui doivent accompagner Vital Kamerhe à Montréal au Canada où il devrait prendre part à compter du 3 juillet à la conférence annuelle de l’Association parlementaire francophone. Jusque là, il n’y a rien à redire.

Les choses prennent cependant une autre tournure quand on dissèque la composition de sa suite. Pas moins de 22 personnes dont des assistants parlementaires, ses deux chargés de mission, pour seulement cinq députés. La mission devrait durer dix (10) jours (sic) pour la rondelette somme d’environ un demi-million de dollars !

Le deuxième document est une lettre du président de l’Assemblée nationale demandant à la ministre des Affaires étrangères d’établir des passeports diplomatiques au bénéfice de « ses enfants » aux patronymes évocateurs. Il y a une Mpiana et un Kinuani dont les géniteurs respectifs sont plus que de simples célébrités. Toujours en vie, ils ne sont pas non plus de vulgaires indigents !

« La RDC n’est pas le Sénégal », se gaussait naguère le même Kamerhe devant la célérité avec laquelle le président Diomaye Bassirou Faye avait mis en place son gouvernement. Certainement il est aussi informé que le président sénégalais, qui vient de séjourner en France, était logé à l’ambassade de son pays.

« Chassez le naturel, il revient au galop », dit l’adage. Les réalités congolaises étant ce qu’elles sont, l’opinion, résignée, observe, digère et se tait.

Econews