Mauvais départ à l’Hôtel de ville de Kinshasa

A l’Hôtel de ville de Kinshasa, c’est en principe aujourd’hui vendredi 28 juin que le Gouverneur de la ville, Daniel Bumba Lubaki, se présente devant les élus provinciaux pour solliciter l’investiture de son gouvernement. 48 heures avant son grand oral, le chef de l’exécutif provincial avait rendu public son gouvernement, alignant 10 ministres et, curieusement, 10 autres commissaires généraux, passant outre les instructions de son chef hiérarchique, le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, Jacquemain Shabani, qui, quelques jours auparavant, avait enjoint les gouverneurs de province de se limiter à un gouvernement de 10 membres – pas plus. Comme Daniel Lubaki dans la ville de Kinshasa, Jacques Kyabula lui a emboîté le pas en dévoilant jeudi son gouvernement de 10 ministres et 10 commissaires généraux. Déjà à Kinshasa, la nomination dans le gouvernement Bumba d’une femme policière au poste de ministre provincial de l’Interieur pose problème, sans compter les nombreux dysfonctionnements qu’affiche déjà le patron de la ville à ses premiers pas de l’exercice du pouvoir. Un mauvais départ qui augure des lendemains très agités.

A l’Hôtel de ville de Kinshasa, l’attelage du gouvernement provincial présente déjà de graves fissures. Néanmoins, ce vendredi, sauf imprévu, le Gouverneur de la ville, Daniel Bumba Lubaki, se présente devant les élus provinciaux pour solliciter l’investiture de son gouvernement.

Cependant, des tensions sont palpables dans l’air alors que de vives controverses entourent la composition de son équipe dirigeante.

48 heures avant l’événement crucial, Daniel Bumba Lubaki a dévoilé publiquement son gouvernement, composé de 10 ministres et 10 commissaires généraux. Une démarche qui n’est pas passée inaperçue, en particulier aux yeux du vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, Jacquemain Shabani. Celui-ci avait pourtant recommandé aux gouverneurs de province de se limiter à un gouvernement de seulement 10 membres, contrairement à la liste étendue présentée par Daniel Lubaki.

Cette décision a créé des remous non seulement à Kinshasa, mais aussi dans d’autres provinces, illustrée par l’action similaire de Jacques Kyabula qui a également nommé 10 ministres et 10 commissaires généraux. Un acte de rébellion à l’autorité hiérarchique qui n’est pas passée inaperçue.

En outre, la nomination d’une femme policière au poste de ministre provincial de l’Intérieur au sein du gouvernement Bumba a suscité des vagues de critiques et semé la controverse. Les premiers pas de Daniel Lubaki à la tête de la ville ont déjà été entachés par des dysfonctionnements apparents, laissant présager un avenir politique agité pour la région.

Comment satisfaire les parrains

Loin de tout cet assemblage politique qui présente de graves distorsions, bien avant l’investiture du gouvernement Bumba à l’assemblée provinciale de Kinshasa, le patron de la ville se voit aussi confronter à une difficile équation : satisfaire ceux qui l’ont aidé à avoir les commandes de l’Hôtel de ville de Kinshasa.

Alors que la ville de Kinshasa s’apprête à être dirigée par le gouverneur Bumba fraîchement notifié, une lutte de pouvoir se dessine en coulisses entre le groupe Milvest de Turhan ainsi que les propriétaires des prestigieux hôtels Novotel et Hilton. Qui détient réellement les rênes de la capitale congolaise ?

Les spéculations vont bon train sur les faveurs et avances financières accordées par ces acteurs puissants et influents à Daniel Bumba, en échange de sa victoire électorale. Les Kinois se questionnent sur la façon dont ces «dettes morales » seront remboursées, alors que les montants en jeu restent difficiles à chiffrer.

Il est à noter que Daniel Bumba et ses députés provinciaux ont résidé au Novotel la veille du vote crucial du 29 avril dernier, laissant planer le doute sur d’éventuelles influences exercées par les propriétaires de l’établissement. Plus récemment, c’était au tour des promoteurs de l’Hôtel Hilton d’accueillir le gouverneur et ses équipes, alimentant les spéculations sur les possibles ingérences externes dans la gestion de la ville.

Cette situation soulève des interrogations légitimes quant à l’indépendance et à la liberté d’action dont disposera le gouverneur Bumba pour diriger Kinshasa, sans être enchaîné par des obligations envers ses bienfaiteurs. La présence annoncée de recommandations du Turc dans le cabinet de Bumba soulève par ailleurs des inquiétudes quant à d’éventuelles pressions extérieures sur les décisions politiques de la capitale congolaise.

Alors que la corruption morale et les malversations financières s’invitent de plus en plus dans le débat public, la population locale reste vigilante face aux manœuvres des élites économiques et politiques qui tentent d’exercer leur influence sur le devenir de Kinshasa. Seule l’évolution de la situation dans les prochaines semaines permettra de déterminer qui sera réellement aux commandes de la ville et quelles seront les conséquences de ces alliances opaques pour ses habitants.

Ce début houleux autour de la composition du gouvernement Bumba et la lutte pour le pouvoir à Kinshasa laissent entrevoir des lendemains incertains et mouvementés. Les enjeux politiques sont décisifs et les luttes internes pour le contrôle du pouvoir menacent de plonger la ville dans une période d’instabilité et de tensions croissantes.

Déjà, la présence dans l’entourage de Daniel Bumba des transfuges du gouverneur honoraire, André Kimbuta, intrigue. C’est le cas de Magloire Kabemba, géniteur de la DGRK (Direction générale des recettes de Kinshasa), placé au très stratégique ministère provincial des Finances. A l’Hôtel de ville, on parle du grand retour d’un autre «Kimbuta boy’s», en l’occurrence Jean-Claude Muissa qui était aux avant-postes du règne Kimbuta.

Daniel Bumba serait-il finalement la réplique de Kimbuta ? Difficile à dire. Une chose est vraie, le gouverneur de la ville entame son mandat dans l’imbroglio.

Econews