Les conseillers municipaux, issus des élections générales de décembre 2023, donnent de la voix pour solliciter du Gouvernement l’accélération de leur installation effective avec, dans la foulée, la régularisation du versement de leurs émoluments. Le renvoi aux calendes grecques de l’élection des bourgmestres par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), « faute de moyens financiers », ne devrait pas, en toute logique, servir de prétexte à la paralysie des organes délibérants municipaux, estiment certains élus municipaux abordés par Econews.
Sept mois après l’annonce des résultats des élections de décembre 2023 par la CENI, la joie a rapidement laissé la place à la tristesse et à la désillusion. Les conseillers communaux se disent abandonnés à leur triste sort. Alors qu’ils sont censés jouer un rôle important dans la gouvernance locale, ils s’estiment marginalisés par le gouvernement. De plus en plus, ils expriment leur indignation et dénoncent de multiples difficultés qui plombent leurs conditions de travail.
Ils soulignent notamment le non-paiement de leurs émoluments, des frais d’installation et de fonctionnement de leur organe, selon l’article 10 de la loi organique qui régit les Entités territoriales décentralisées (ETD) et leur assure indépendance et dignité.
Ayant dans leurs prérogatives l’élection des bourgmestres en catalyseurs de la participation citoyenne à la gestion des entités urbaines, les conseillers municipaux sont montés au créneau pour dénoncer une forme de discrimination sociale et politique à laquelle ils sont confrontés alors qu’ils sont élus en même temps que les députés nationaux et provinciaux, après une campagne électorale éprouvante.
LES LANGUES SE DELIENT
Depuis leur élection, l’Etat congolais ne s’acquitte d’aucun de ses devoirs, estiment-ils.
«Nous avons déjà commencé à tenir des plénières avec nos propres moyens. Nous n’avons pas de moyens de fonctionnement. Depuis notre installation, nous n’avons bénéficié d’aucun frais comme si nous n’étions pas compté parmi les élus du peuple au même titre que les députés nationaux et provinciaux, alors que nous sommes tous issus de l’élection du 20 décembre 2023 », a déclaré Me Trésor Luyela, conseiller communal de Kimbanseke. Et d’ajouter : «Le collectif des conseillers communaux a été reçu par madame la Première ministre, Judith Suminwa et le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe. Nous avons porté à leur connaissance l’essentiel de nos problèmes. Nous sommes en train de rédiger un mémorandum à déposer incessamment aux autorités compétentes pour résoudre cet épineux problème. Nous appelons le gouvernement à prendre ses responsabilités pour permettre aux conseils communaux de fonctionner dans les meilleures conditions».
Un conseiller communal de la commune de Maluku, qui a requis l’anonymat, demande au Président de la République et au Président de l’Assemblée nationale à réviser le budget national de 2024 pour inclure la prise en charge des conseillers communaux et au premier ministre à ajuster sa politique salariale pour ces conseillers ainsi que les frais de fonctionnement de leurs bureaux : « Nous demandons au chef de l’Etat et à la Première ministre d’inclure le salaire des conseillers municipaux au budget national, et non au budget annexe, et de nous doter de moyens nécessaires pour travailler dans des conditions optimales requises, car notre travail est un travail de terrain et de proximité avec la population».
Il dénonce en même temps la «discrimination » dont ils sont victimes : «Le Gouvernement doit nous traiter au même titre que les députés nationaux et provinciaux, car nous sommes tous élus par cette même population. Nous regrettons le traitement que le gouvernement nous inflige en nous abandonnant à notre triste sort. Nous nous sentons humiliés par nos propres électeurs qui avaient placé leur confiance en nous, comme si nous n’étions pas les élus du peuple ».
A noter que la situation des élus des municipalités de Kinshasa la même que celle des élus municipaux dans les provinces.
En effet, les conseillers communaux ont pour mission de discuter de toutes les questions d’intérêt communal lors des délibérations; ils élisent les conseillers urbains et les bourgmestres. Ils assurent en plus la supervision de la gestion des municipalités.
Benny LUTALADIO