Mort et torture banalisées

Kilwa, territoire de Pweto (Haut-Katanga), le 15 août 2024. Les adeptes de la secte Mbidi de retour d’une veillée passent devant un poste militaire. Policiers et soldats ouvrent le feu. Le bilan fait état d’une dizaine de morts et de nombreux blessés dont des femmes et des enfants. Kinshasa s’empresse aussitôt d’évoquer une attaque des Mai Mai Bakata Katanga qui auraient attaqué les forces de l’ordre qui, à leur tour, auraient répliqué en légitime défense.

Pas plus tard que mercredi dernier, à Goma, un soldat, lassé des détournements continuels de sa solde, tire et abat l’officier qu’il accuse d’être l’auteur de ses malheurs. Et calmement, il se rend aux services compétents où il compte exposer sa défense.

Et tout récemment, ce jeudi, un «Wazalendo» manipule sa grenade qui explose et tue une personne et en blesse quatre autres au beau milieu d’un camp de déplacés dans le territoire de Nyiragongo.

La veille, plus à l’ouest en province de Mai Ndombe, une embarcation surchargée fait naufrage au cours d’un voyage nocturne. Elle transportait plus de 300 passagers dont une vingtaine sont retrouvés morts, tandis que l’on compte encore plus d’une centaine de disparus.

A Kamina (Haut-Lomami), c’est un avocat qui est battu par des militaires aux ordres du général Kifwa qui reprochait à l’auxiliaire de justice des propos qu’il aurait jugés offensants à travers des médias. L’officier général aurait été déféré auprès de la justice militaire.

Mercredi dernier, une violente altercation oppose à Selembao (sud de Kinshasa) des conducteurs de motos-taxis et de prétendus agents du service des Transports épaulés par les fameux Bureau 2 (Renseignements militaires). Bilan : 3 morts, des motos incendiées, des blessés…

La banalisation de la mort et de la torture a atteint un niveau jamais égalé par le passé. Entre les soupçons en forme d’épée de Damoclès et le risque d’être accusé de « faire le jeu de l’ennemi » et « d’outrage au chef de l’Etat » constamment brandis par les procureurs, la peur est de rigueur.

L’Etat de droit, croyons-nous savoir, c’est remettre au pas aussi bien les « Forces du progrès » de l’UDPS, une police nationale et une armée qui ont par trop tendance à faire leurs les élucubrations financièrement intéressées des politiciens corrompus.

Les heures ne sont pas graves seulement pour les pauvres populations des provinces martyrisées des provinces orientales, mais elles pèsent lourdement partout au pays.
Et pour conclure, comme c’est de coutume désormais, seul le chef de l’Etat est en mesure de recadrer les choses pour un retour à un semblant de normalité.

Econews