A l’occasion de la Journée (des Nations Unies) de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les Journalistes ce 2 novembre, le Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a souligné l’importance et le sens de responsabilité des journalistes dans le traitement de l’information, et chose inédite, il a également encouragé les journalistes à pratiquer l’autocensure. Un peu comme pour dire aux téméraires : « Autocensurez-vous Messieurs-Dames, avant que vous ne soyez censurés ! « .
Naturellement le porte-parole du gouvernement était dans son rôle et ancien journaliste lui-même (il aime à répéter qu’il l’est resté malgré ses charges politiques), Patrick Muyaya avertit à juste titre qu' » il se trouve malheureusement dans notre contexte des journalistes qui ne le sont pas au sens strict du terme, mais qui bénéficient de la couverture du métier et s’adonnent à la désinformation, à la diffamation, et c’est connu de tous […] Mais toutes ces personnes-là qu’est-ce qu’on en fait ? Nous savons tous qu’ils dérapent ». Ce qu’on fera dorénavant de ces pratiquants du dérapage ? Seul Muyaya le sait.
D’évidence, l’organisation Journaliste en Danger (JED) dont le Secrétaire général Tshivis Tshivuadi présentait ce jour un Rapport explosif intitulé : «Nouvelle loi sur la presse, nouveaux abus contre les journalistes», voit autrement la réalité que vivent les journalistes en RDC, déclarant que « La situation sécuritaire fragile ne doit pas servir de prétexte aux autorités pour entraver le travail normal de la presse et imposer un régime de censure sur les médias « .
Le Rapport de JED énumère des cas qui entravent la liberté de l’information : des tentatives de contrôle politique sur les médias ou l’assujettissement de l’information à des fins privées. Au même moment sont apparus de nouveaux prédateurs animés de la volonté de musèlement des médias. Et ces prédateurs sont à Kinshasa et en provinces ; ils sont dans les institutions ou dans les services de sécurité. Ils sont dans les zones sous occupation ou sous contrôle du gouvernement…
En invitant les journalistes à pratiquer volontairement l’autocensure, le ministre Muyaya enfonçait une porte largement ouverte : il y a belle lurette que les professionnels des médias congolais s’adonnent à l’autocensure, sachant la susceptibilité (un euphémisme) des magistrats, des services de sécurité ou des renseignements militaires face aux auteurs d’analyses ou d’enquêtes jugés (à leurs yeux) attentatoires aux intérêts politiques quelquefois discutables.
ECONEWS