Depuis cinq jours, le Centre financier de Kinshasa accueille les États généraux de la Justice, un événement d’envergure visant à réformer en profondeur un système judiciaire en crise. Après des échanges en plénière qui se sont achevés mardi, les participants se sont répartis en neuf commissions pour traiter des problèmes qui gangrènent la Justice congolaise.
Le diagnostic est partagé par l’ensemble des intervenants : la Justice en RDC est dans un état préoccupant. Problèmes d’indépendance, dysfonctionnements administratifs, corruption, inaccessibilité aux services judiciaires et manque de moyens sont autant de symptômes dénoncés. L’objectif de ces États généraux est de dresser un état des lieux sans complaisance et de proposer des solutions concrètes pour soigner ce « malade ».
NEUF COMMISSIONS POUR CANALISER LES REFORMES
Pour mieux cibler les problématiques spécifiques, les participants ont formé neuf commissions de travail, chacune dédiée à un aspect crucial de la réforme judiciaire. Ces commissions aborderont des thématiques telles que :
1. État de droit et accès à la justice pour tous : cette commission se concentre sur l’égalité d’accès aux services judiciaires pour les citoyens, en particulier les plus vulnérables, afin de garantir une justice équitable et accessible.
2. Statuts des magistrats : les discussions portent ici sur les conditions de travail, la rémunération et les droits des magistrats pour renforcer leur statut et améliorer leur engagement.
3. Indépendance de la Justice : une justice autonome est au cœur des préoccupations, avec la volonté de réduire les ingérences politiques et d’instaurer un système réellement impartial.
4. Conseil supérieur de la magistrature : cette commission se penche sur la gouvernance et le rôle de cette institution pour renforcer l’éthique, l’indépendance et l’efficacité du corps judiciaire.
5. Modernisation de l’administration judiciaire : face à une administration judiciaire jugée obsolète, cette commission travaille sur des réformes de performance et de modernisation technologique.
6. Amélioration du climat des affaires : l’environnement judiciaire pour les entreprises est également concerné, avec pour ambition d’instaurer une justice commerciale plus attractive et sécurisante pour les investissements.
7. Justice respectueuse de la dignité humaine : cette commission vise à garantir une justice pénale et pénitentiaire fondée sur le respect des droits de l’homme et de la dignité des détenus.
8. Planification, coordination et suivi des réformes : pour éviter que les réformes ne restent sans suite, cette commission est chargée de mettre en place des outils de suivi et de financement.
9. Justice internationale et transitionnelle : les discussions incluent la coopération avec les institutions internationales et la mise en place d’une justice de transition pour traiter les séquelles des conflits.
LA CLOTURE REPORTEE POUR APPROFONDIR LES ECHANGES
Initialement prévue pour ce mercredi 13 novembre, la clôture des États généraux a été reportée, signe de l’importance des débats et de la nécessité d’affiner les recommandations. Les conclusions devraient être présentées avant la fin de la semaine, avec des propositions de réformes qui seront ensuite soumises aux autorités compétentes pour une éventuelle mise en œuvre.
La réussite de ces États généraux pourrait marquer un tournant pour la Justice congolaise. En redéfinissant ses priorités et en engageant des réformes ambitieuses, l’objectif est de restaurer la confiance des citoyens en une institution perçue comme opaque et inefficace. Les neuf commissions ont pour mission de bâtir les fondations d’une Justice plus forte, respectueuse des droits et conforme aux standards internationaux.
Alors que la clôture approche, les espoirs sont grands, mais les défis demeurent nombreux. Il reste à voir si les engagements pris durant ces États généraux seront traduits en actions concrètes pour que la Justice congolaise, autrefois «malade», puisse enfin guérir.
Tighana M.
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