la cheffe de la diplomatie congolaise

Crise dans l’Est : De New York à Dar es-Salaam, tout chemin mène au dialogue

Alors que la guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo atteint un tournant critique avec la chute de Goma et l’avancée du M23 vers le Sud-Kivu, les appels au dialogue se multiplient. De New York, où le Secrétaire général de l’ONU António Guterres plaide pour une médiation urgente, à Dar es-Salaam, où un sommet conjoint SADC-EAC a tenté d’unifier les efforts de paix, la diplomatie s’active pour éviter une escalade incontrôlable. À Genève, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, alerte sur un risque d’embrasement régional. Malgré cette mobilisation, Kinshasa reste inflexible, refusant toute négociation avec le M23 et pointant directement Kigali comme l’interlocuteur principal. Reste à savoir si la pression internationale parviendra à infléchir cette position.

Alors que l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) s’enfonce davantage dans la tourmente, la prise de Goma par les « terroristes » du M23 et leur progression vers le Sud-Kivu inquiètent la communauté internationale. Face à cette escalade dramatique, les appels au dialogue se multiplient à travers le monde, de New York à Dar es-Salaam, en passant par Genève. Si les Nations Unies, l’Union africaine et les organisations régionales insistent sur la nécessité de négociations directes pour éviter un embrasement régional, Kinshasa, de son côté, reste catégorique : aucun dialogue ne sera possible avec le M23, qu’il accuse d’être un instrument du Rwanda.

L’ONU PLAIDE POUR UNE SOLUTION POLITIQUE

Depuis le siège des Nations Unies à New York, le Secrétaire général António Guterres a sonné l’alarme, appelant à une mobilisation générale pour la paix en RDC. « Nous sommes à un moment charnière et il est temps de nous mobiliser », a-t-il déclaré jeudi dernier lors d’un point de presse. Insistant sur l’urgence d’une médiation, il a ajouté : « Il est temps de procéder à une médiation. Il est temps de mettre un terme à cette crise. Il est temps de faire la paix. Les enjeux sont trop importants.»

Guterres a également souligné la nécessité d’un engagement actif des pays voisins, des organisations régionales comme la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ainsi que de l’Union africaine et des Nations Unies elles-mêmes. Un message fort qui vise à mobiliser toutes les parties prenantes pour trouver une issue pacifique à un conflit qui menace de plonger toute la région des Grands Lacs dans une instabilité encore plus profonde.

DAR ES-SALAAM : VERS UNE FUSION DES PROCESSUS DE PAIX ?

L’appel du chef de l’ONU a trouvé un écho particulier à Dar es-Salaam, en Tanzanie, où un sommet conjoint entre la SADC et l’EAC s’est tenu pour discuter de la situation en RDC. Lors de cette rencontre, les chefs d’État et de gouvernement présents ont plaidé pour une fusion des initiatives de paix actuellement en cours : le «processus de Luanda », conduit sous l’égide de l’Angola, et le « processus de Nairobi », piloté par l’EAC.

Cette proposition vise à harmoniser les différentes approches diplomatiques afin d’éviter les doublons et de maximiser les chances de succès. Toutefois, cette initiative se heurte à une difficulté majeure : l’attitude de Kinshasa, qui continue à rejeter toute idée de pourparlers avec le M23 et insiste pour que toute négociation se fasse directement avec le Rwanda, qu’il accuse d’être le véritable acteur derrière l’offensive rebelle.

Dans le communiqué final du sommet, les dirigeants régionaux ont réaffirmé « la solidarité et l’engagement inébranlable de continuer à soutenir la RDC dans ses efforts de sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale ». Une position qui, si elle marque un soutien formel à Kinshasa, reste néanmoins prudente en évitant de désigner clairement le Rwanda comme un acteur direct du conflit.

GENEVE ALERTE SUR UNE CATASTROPHE HUMANITAIRE IMMINENTE

Pendant ce temps, à Genève, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a fait part de ses profondes inquiétudes face à la situation sur le terrain. Une commission d’enquête a été mise en place pour documenter les exactions commises dans la région de Goma depuis 2022 et jusqu’à l’entrée des troupes de la coalition RDF/M23.

«Si rien n’est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l’Est, mais aussi au-delà de la RDC », a averti Türk, soulignant que le risque d’une escalade régionale n’a jamais été aussi élevé. Selon lui, les violations des droits de l’homme et les crimes de guerre documentés jusqu’ici nécessitent une réponse immédiate de la communauté internationale, sous peine de voir la crise dégénérer en une catastrophe humanitaire encore plus dramatique.

KINSHASA FERME LA PORTE AU DIALOGUE AVEC LE M23

Malgré ces nombreux appels au dialogue, Kinshasa reste inflexible. Pour le gouvernement congolais, il n’est pas question de s’asseoir à la table des négociations avec le M23, considéré comme une organisation terroriste manipulée par Kigali. Les autorités congolaises estiment que toute solution politique au conflit doit passer par un dialogue direct avec le Rwanda, et non avec les rebelles qu’il soutient.

Cette position, bien que compréhensible du point de vue de Kinshasa, complique les efforts diplomatiques en cours. Car pour de nombreux acteurs internationaux, y compris au sein de la SADC et de l’EAC, il est illusoire de penser que la crise pourra être résolue sans un minimum de pourparlers avec les différentes parties en présence, y compris le M23.

Dans ce contexte, la diplomatie continue de s’activer en coulisses pour tenter de convaincre les autorités congolaises d’explorer toutes les pistes de désescalade. Mais avec une situation militaire qui évolue rapidement sur le terrain et un climat de méfiance grandissant entre Kinshasa et Kigali, la voie du dialogue semble plus incertaine que jamais.

UN AVENIR INCERTAIN

Alors que le conflit dans l’Est de la RDC s’intensifie, la communauté internationale se retrouve face à un dilemme : comment convaincre Kinshasa de s’engager dans des négociations tout en respectant sa souveraineté et son droit à défendre son territoire ? Comment impliquer le Rwanda dans un processus de paix sans donner l’impression de légitimer son rôle présumé dans le conflit ?

Autant de questions qui restent en suspens alors que la crise continue de s’aggraver. Mais une chose est sûre : sans une solution politique rapide, l’Est de la RDC risque de s’enfoncer encore plus profondément dans la guerre, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour toute la région des Grands Lacs.

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Econews

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