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Kabila balaie tout lien avec le M23 : « Ces accusations sont tout simplement infondées »

L’ancien président de la République, Joseph Kabila, a rompu le silence dans une tribune publiée dernièrement par un média sud-africain, annonçant son grand retour sur la scène politique après des années de retrait discret. Depuis lors, il a délié sa langue. Une démarche symboliquement renforcée par sa rencontre à Johannesburg avec l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki, figure respectée de la diplomatie africaine.

Au terme de cette rencontre, le président honoraire, qui a dirigé la RDC pendant 18 ans (2001-2019), a fermement rejeté les accusations récurrentes du pouvoir de Kinshasa l’impliquant dans le soutien au groupe rebelle M23, actif dans l’Est du pays. «Ces accusations sont tout simplement infondées. La prochaine fois que vous le verrez, demandez-lui de vous fournir les preuves de ses dires », a-t-il lancé, visant sans le nommer son successeur, Félix Tshisekedi.

Kabila, connu pour son laconisme, s’est montré inhabituellement loquace, inversant la charge de la responsabilité dans la crise sécuritaire qui ravage les provinces du Kivu. «Je crois que le problème au Congo est le Président Félix, la solution est le Président Félix », a-t-il asséné, appelant le Chef de l’État à assumer pleinement son rôle.

« Arrêtons le jeu des blâmes »

Dans un plaidoyer pour l’introspection nationale, l’ancien chef d’Etat a critiqué la tendance à externaliser les causes des crises congolaises : « Il est clair que nous devons arrêter avec ce jeu de blâme qui consiste à penser que tout ce qui se passe est le résultat de quelqu’un d’autre. À un moment donné, nous devons nous demander si ce n’est pas nous le problème ou notre problème et voir comment nous pouvons le résoudre en tant que Congolais ».

La rencontre avec Thabo Mbeki, artisan des accords de paix historiques en Afrique, n’est pas anodine. Elle intervient dans un contexte où Kabila cherche visiblement à repositionner son influence, tandis que son parti politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), reste un acteur clé dans un paysage politique congolais fragmenté.

Si Kabila se présente en sage appelant à l’unité, ses détracteurs dénoncent une tentative de réécriture de son héritage, marqué par des accusations de corruption, de clientélisme et de répression. Son règne, bien que ayant mis fin à la deuxième guerre du Congo en 2003, n’a pas permis de stabiliser durablement l’Est, miné par des dizaines de groupes armés.

Réactions en suspens

À Kinshasa, le pouvoir de Tshisekedi n’a pas encore officiellement réagi à ces déclarations. Mais l’entourage présidentiel, ces dernières semaines, a multiplié les mises en garde contre « les anciennes pratiques » et « les ingérences », allusion voilée à Kabila et à ses alliés.

Sur le terrain, la population de l’Est, épuisée par des décennies de violences, observe ces joutes verbales avec scepticisme. Pour beaucoup, les discours politiques comptent moins que les actes concrets : désarmer les milices, restaurer l’autorité de l’État et garantir l’accès aux services de base.

Le retour de Joseph Kabila sur le devant de la scène risque de complexifier davantage l’équation politique congolaise. Reste à savoir si cette sortie médiatique annonce une véritable offensive ou vise simplement à rappeler son existence dans un paysage politique en ébullition.

Une chose est sûre : en désignant Tshisekedi comme « le problème et la solution », Kabila place son successeur face à un dilemme : poursuivre la confrontation ou chercher un improbable dialogue avec l’homme qui incarne, pour une partie des Congolais, les ombres du passé.

Econews 

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