Boulos

Après le passage de Massad Boulos, Kinshasa suspend tous les lobbyings aux Etats-Unis 

Dans un communiqué choc, signé lundi 7 avril par sa porte-parole Tina Salama, le Président Félix Tshisekedi a annoncé la suspension immédiate de « tout contrat avec des firmes de lobbying » aux États-Unis. Une décision qui vise en priorité le récent partenariat avec le cabinet Earath Turner, lié à l’ex-conseillère de Donald Trump, Mme Karen Giorno, dont le montant pharaonique – 1,2 million USD par mois – a provoqué un tollé à Washington. Un revirement intervenu quelques jours après la visite à Kinshasa de Massad Boulos, beau-père de Donald Trump Jr. et conseiller Afrique du président américain Donald Trump.

Le contrat avec Earath Turner, signé à Kinshasa le mois dernier en présence du conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, a immédiatement alerté les observateurs. D’abord en raison de ses clauses financières : 1,2 million USD mensuels sur six mois, soit dix fois plus que le contrat liant Kinshasa au cabinet Ballard Partners (10000 USD/mois). Ensuite, à cause des acteurs impliqués. Mme Karen Giorno, fondatrice de ce cabinet basé sur la K Street (épicentre du lobbying à Washington), est une figure connue des cercles républicains. Ancienne conseillère de Trump lors de sa campagne de 2016 en Floride, elle a aussi travaillé pour Laura Bush et l’ex-gouverneur Rick Scott.

Une photo, diffusée dans les coulisses politiques, a ajouté au scandale : on y voit le Président Félix Tshisekedi arborant une casquette rouge « Make America Great Again », lors d’une rencontre avec Mme Giorno à Kinshasa. «Le Président mise tout sur Trump, qui n’a pourtant plus de cartes maîtresses en main», ironise un expert américain sous couvert d’anonymat.

À Washington, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Plusieurs sources diplomatiques et lobbyistes s’étonnent de ce contrat «opaque», signé avec une firme quasi inconnue. « Les soupçons de surfacturation et de corruption grossissent. Le montant est disproportionné pour un cabinet sans réseau établi », confie un diplomate occidental. Le Foreign Agents Registration Act (FARA), loi américaine exigeant la transparence sur les activités de lobbying pour des puissances étrangères, est brandi comme un garde-fou théorique. Mais selon des documents consultés par Actualités Congo, le contrat avec Earath Turner circulait déjà dans les cercles politiques, suscitant méfiance et interrogations.

Le communiqué de la présidence congolaise invoque une «volonté de privilégier des canaux directs » avec Washington, mais peu y croient. «Tshisekedi a anticipé la fronde. Le mal est fait : cette affaire entache son image », analyse un consultant en relations internationales.

LE PASSAGE DE MASSAD BOULOS, ELEMENT DECLENCHEUR ?

La suspension des contrats intervient peu après la visite discrète à Kinshasa de Massad Boulos, conseiller Afrique de Trump et beau-père de Donald Trump Jr. Si les détails de son séjour restent flous, plusieurs observateurs y voient un lien direct avec le revirement congolais. «Boulos a peut-être alerté Kinshasa sur les risques juridiques et médiatiques de ce partenariat», avance une source proche du dossier. D’autres suggèrent que Trump qui tient à préserver sa côte de popularité dans l’opinion américaine, cherche à éviter tout scandale lié à des alliés étrangers.

Cette affaire plonge le président congolais dans une tempête politique inédite. Alors que son gouvernement justifie cette suspension par une «révision stratégique», l’opposition locale dénonce un «gaspillage de fonds publics » et exige une enquête. Sur la scène internationale, les partenaires occidentaux, déjà méfiants face aux dérives autoritaires présumées du régime, pourraient durcir leur posture.

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