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L’OMC en crise : la guerre commerciale sino-américaine expose l’impuissance d’un système dépassé

La bataille commerciale entre les Etats-Unis et la Chine révèlent l’inutilité de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) dans un monde dominé par la loi du plus fort. En imposant unilatéralement ses droits de douane autant à l’Union européenne qu’à la Chine, le président américain Donald Trump a démontré jusqu’à quel point il s’en fichait de l’OMC. Ses mesures unilatérales de Donald Trump soulignent la primauté de la force sur le multilatéralisme.

Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine entrent dans leur sixième année, un constat s’impose : l’Organisation mondiale du commerce (OMC), censée incarner l’arbitrage des échanges globaux, semble réduite au rôle de spectatrice. Les droits de douane imposés unilatéralement par l’administration Trump dès 2018, tant à l’encontre de la Chine que de l’Union européenne, ont non seulement ébranlé l’économie mondiale, mais aussi révélé la marginalisation croissante d’une institution paralysée par les rapports de force géopolitiques.

L’OMC, une institution en panne face aux géants

Fondée en 1995 pour réguler les litiges commerciaux via des règles communes, l’OMC se heurte aujourd’hui à une réalité brutale : dans un monde où la puissance économique prime, ses mécanismes de résolution des conflits sont systématiquement contournés. Donald Trump, durant son mandat, a incarné cette logique en délaissant les procédures multilatérales pour des sanctions ciblées, frappant l’acier européen (25 %) et l’aluminium (10 %) en 2018, puis lançant une guerre tarifaire contre la Chine, avec des taxes atteignant jusqu’à 25 % sur 250 milliards de dollars de produits chinois. Une stratégie justifiée par la « sécurité nationale » et les « pratiques déloyales » en matière de propriété intellectuelle, mais perçue comme un déni du cadre onusien.

« L’administration Trump a montré que lorsque les intérêts nationaux priment, même les alliés traditionnels deviennent des cibles », analyse Clara Dupont, économiste au Centre d’études stratégiques de Genève. « L’OMC, déjà affaiblie par le blocage de son Organe d’appel depuis 2019, n’a eu ni l’autorité ni les outils pour intervenir. »

Pékin, initialement bénéficiaire du système, a répondu par des mesures de rétorsion et un renforcement de son hégémonie technologique, illustrant à son tour la priorité donnée au pouvoir sur le droit. Les subventions massives aux entreprises d’État et les barrières non tarifaires chinoises, bien que régulièrement contestées à l’OMC, persistent sans sanctions efficaces. « La bataille actuelle autour des semi-conducteurs ou des véhicules électriques prouve que les deux géants préfèrent désormais la confrontation frontale au dialogue institutionnel », souligne Mark Lensen, chercheur à l’Institut Peterson.

Un système en quête de sens

Pour les pays émergents, cette realpolitik commerciale est un signal alarmant. « Si même les États-Unis, architectes historiques de l’OMC, en ignorent les règles, comment convaincre les autres de les respecter ? », s’interroge Aminata Diallo, ancienne négociatrice pour le Sénégal. Les tentatives de réforme de l’OMC, évoquées sous l’ère Biden, peinent à aboutir, minées par les divergences entre membres.

La guerre commerciale sino-américaine aura au moins servi de révélateur : dans un paysage où le multilatéralisme recule face au nationalisme économique, l’OMC risque de sombrer dans l’obsolescence sans une refonte profonde. Reste à savoir si les nations parviendront à réinventer un cadre équitable… ou si la loi de la jungle deviendra la norme.

Faustin K.

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