La République Démocratique du Congo, au cœur de la transition énergétique mondiale grâce à ses minerais stratégiques, est à l’aube d’une opportunité historique. L’accord en cours de finalisation avec les États-Unis pourrait dépasser le cadre strictement minier pour devenir un véritable levier de reconstruction globale, inspiré du modèle du Plan Marshall. Cependant, la réussite dépendra de la capacité à sécuriser durablement l’Est du pays, à réformer profondément les institutions, à investir massivement dans l’éducation, la santé et l’agriculture, et à instaurer une gouvernance transparente et inclusive. Cet article explore les conditions nécessaires pour faire de cet accord non pas un énième projet d’exploitation minière, mais une réelle dynamique de renaissance pour l’Est de la RDC.
Introduction
L’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) incarne à la fois une terre de richesses inestimables et une tragédie humaine persistante. Cette région, véritable coffre-fort naturel, détient environ 60 % des réserves mondiales de cobalt, un composant critique pour les batteries des véhicules électriques et les technologies renouvelables. Elle abrite également d’importantes quantités de lithium, de cuivre, et de coltan, des minerais devenus stratégiques dans l’économie numérique. Pourtant, cette richesse naturelle contraste cruellement avec les réalités locales : plus de 70 % de la population de la RDC vit sous le seuil de pauvreté (World Bank, 2021), et l’Est du pays demeure ravagé par des conflits armés. Plus de 120 groupes armés y sont actifs, alimentant un climat d’insécurité chronique (UN Group of Experts, 2022).
Dans ce contexte complexe, l’accord à signer entre la RDC et les États-Unis ouvre une perspective nouvelle. Cet accord portera principalement sur la sécurisation et la valorisation des chaînes d’approvisionnement en minerais critiques, dans une logique de partenariat stratégique visant à réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine, qui contrôle actuellement près de 70 % du raffinage mondial du cobalt (IEA, 2022). L’accord prévoit des engagements en matière d’investissement responsable, de promotion de la transparence et de renforcement de la durabilité environnementale. Si cet accord est pleinement mis en œuvre, il pourrait marquer un tournant historique pour la RDC, en offrant à l’Est du pays les moyens de sortir de la spirale de la pauvreté et du conflit. À l’image du Plan Marshall, qui a injecté l’équivalent d’environ 173 milliards de dollars actuels pour reconstruire l’Europe après la Seconde Guerre mondiale (Eichengreen, 2007), cet accord pourrait constituer le point de départ d’une reconstruction économique et sociale d’envergure.
Toutefois, pour éviter que cet accord ne se limite à un simple projet extractif profitable à une minorité, il doit être envisagé comme un levier global de transformation structurelle. Il ne s’agit pas seulement d’encadrer l’exploitation minière ; il faut élargir son impact à l’ensemble de la société congolaise. Cela passe d’abord par une réforme institutionnelle profonde, pour construire un État capable d’assurer la sécurité juridique, de lutter contre la corruption — la RDC étant classée 165ᵉ sur 180 à l’indice de perception de la corruption de Transparency International en 2022 (Transparency International, 2022). Cela suppose aussi de lancer des investissements massifs dans l’éducation et la santé, secteurs où les besoins sont immenses : on estime par exemple que seul 1 enfant sur 5 termine l’école primaire dans l’Est du Congo (UNICEF, 2021), tandis que moins de 50 % de la population a accès à des soins de santé de base (WHO, 2022).
Enfin, pour construire une croissance inclusive, il est impératif de réhabiliter l’agriculture, secteur dont dépendent plus de 60 % des emplois en RDC (FAO, 2022). Développer l’agriculture permettrait non seulement de diversifier l’économie, mais aussi de renforcer la sécurité alimentaire, de réduire la pauvreté rurale et de créer un équilibre durable avec l’exploitation minière.
Cet article analysera donc successivement les dimensions clés permettant de transformer cet accord stratégique en un véritable « Plan Marshall » pour l’Est de la RDC. Dans un premier temps, nous examinerons l’importance géopolitique de l’accord RDC–États-Unis et son potentiel de redéfinir le rôle du Congo dans l’économie mondiale. Dans un second temps, nous analyserons les conditions nécessaires à la réussite d’une telle ambition, en insistant sur les réformes institutionnelles, les investissements sociaux et la modernisation agricole. Enfin, nous proposerons une réflexion sur les responsabilités respectives des différents acteurs — État congolais, partenaires internationaux, secteur privé — pour assurer la mise en œuvre cohérente et efficace de cette vision de reconstruction intégrale.
- Un accord stratégique à fort potentiel de transformation
Le processus de négociation entre la République Démocratique du Congo (RDC) et les États-Unis autour des minerais stratégiques constitue une étape historique qui dépasse le simple échange commercial. Cet engagement bilatéral en cours s’inscrit dans un contexte géopolitique global où les matières premières critiques sont devenues l’épicentre de la compétition mondiale. A titre de rappel, le cobalt, le lithium et d’autres minerais présents en abondance dans le sous-sol congolais sont essentiels à la transition énergétique : les batteries des véhicules électriques, les installations photovoltaïques et les technologies de stockage énergétique en dépendent massivement. À titre d’exemple, le cobalt extrait de la RDC représente environ 70 % de l’approvisionnement mondial, ce qui confère au pays un rôle absolument stratégique pour l’avenir énergétique mondial.
Pour les États-Unis, ce futur accord vise à sécuriser l’accès à ces ressources vitales. Depuis plusieurs années, Washington cherche à réduire sa dépendance envers la Chine, qui contrôle près de 73 % de la capacité mondiale de raffinage du cobalt (IEA, 2022), et domine largement le marché du lithium et du graphite. Dans ce contexte de rivalités géopolitiques, la RDC apparaît comme un partenaire clé pour diversifier les chaînes d’approvisionnement, tout en promouvant des standards plus élevés de durabilité et de responsabilité sociale. Le soutien américain pourrait fournir à la RDC des ressources financières et techniques pour moderniser ses infrastructures minières, renforcer la traçabilité des minerais et valoriser localement une partie de la production.
Pour la RDC, les enjeux sont encore plus cruciaux. Si cet accord est finalisé et exploité intelligemment, il pourrait initier une véritable révolution économique. En effet, les exportations minières représentent aujourd’hui environ 95 % des recettes d’exportation du pays (IMF, 2023), mais leur impact réel sur le développement inclusif reste limité. Le modèle actuel, dominé par l’extraction brute, génère peu de valeur ajoutée locale et laisse de vastes pans de la population dans la misère. Le partenariat stratégique avec les États-Unis offre la possibilité de changer cette donne, en introduisant des mécanismes de développement local, des investissements dans la transformation industrielle sur place, et des normes de responsabilité sociale des entreprises (RSE) renforcées.
Le potentiel de cet accord ne se limite pas aux seuls aspects économiques. Il ouvre également une fenêtre politique pour remettre à l’agenda des réformes de gouvernance en RDC. Selon l’Indice Mo Ibrahim 2022, la RDC est classée 45ᵉ sur 54 pays africains en matière de gouvernance globale (Mo Ibrahim Foundation, 2022), ce qui montre l’ampleur du défi. En conditionnant l’aide et les investissements à des progrès mesurables dans la lutte contre la corruption, la promotion de l’État de droit et la protection des droits humains, l’accord pourrait agir comme un puissant catalyseur de changement institutionnel.
Cependant, cette transformation ne sera possible que si la RDC parvient à éviter les erreurs du passé, où des ressources stratégiques ont souvent été exploitées au détriment du développement national. À ce titre, cet accord doit être perçu comme une opportunité non seulement de capter des financements, mais surtout de les orienter vers une reconstruction structurelle : infrastructures modernes, services publics efficaces, et diversification économique. Il s’agit d’un projet de société qui nécessite une vision de long terme, une capacité d’absorption des investissements et une volonté politique forte.
- S’inspirer du Plan Marshall : reconstruction globale au-delà du secteur minier
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe se trouvait dans un état de désolation économique et politique comparable à certaines situations de crise contemporaine. L’infrastructure industrielle avait été détruite, les réseaux commerciaux étaient désorganisés, les systèmes bancaires effondrés, et la population, appauvrie, faisait face à une famine imminente. C’est dans ce contexte que naquit le Plan Marshall, officiellement connu sous le nom de Programme de rétablissement européen (European Recovery Program). Doté d’une enveloppe de près de 13 milliards de dollars de l’époque — soit l’équivalent d’environ 173 milliards de dollars actuels — il visait à reconstruire les infrastructures, relancer la production industrielle, stabiliser les économies et empêcher la propagation du communisme en Europe de l’Ouest. Les résultats furent spectaculaires : les pays bénéficiaires du Plan Marshall connurent en moyenne une croissance économique de 4 à 5 % par an durant la décennie suivante, jetant ainsi les bases de la prospérité et de l’intégration européenne. Le succès du Plan Marshall ne tenait pas uniquement à l’importance des fonds déployés, mais aussi à la vision stratégique qui liait reconstruction économique, stabilité politique et progrès social.
Le contexte de l’Est de la République Démocratique du Congo, bien que très différent historiquement, présente aujourd’hui certaines similitudes frappantes avec celui de l’Europe de 1947. Comme l’Europe de l’après-guerre, l’Est congolais est une région riche en potentiel mais ravagée par des décennies de conflits, de destruction des infrastructures, et d’effondrement des institutions publiques. À l’instar de l’Europe ruinée, le besoin fondamental est double : reconstruire physiquement des infrastructures essentielles (routes, écoles, hôpitaux) et reconstruire politiquement une gouvernance capable d’assurer la stabilité et de garantir l’état de droit. Cependant, il existe aussi des différences majeures. En Europe, malgré la guerre, les États restaient institutionnellement solides ; en RDC, l’appareil étatique demeure fragile, rongé par la corruption et le clientélisme, et souvent absent des vastes zones rurales. De plus, la structure économique est différente : alors que l’Europe disposait déjà d’une base industrielle avancée à réactiver, l’économie congolaise est dominée par un secteur extractif faiblement intégré et par une agriculture de subsistance affectée par l’insécurité et le sous-investissement chronique.
Pour que l’accord entre la RDC et les États-Unis produise des effets comparables à ceux du Plan Marshall, il sera donc essentiel d’adapter les leçons historiques au contexte spécifique congolais. L’erreur serait de concentrer l’effort uniquement sur l’exploitation minière, sans prendre en compte les besoins globaux de la société. L’expérience du Plan Marshall montre que la relance économique durable n’est possible que lorsqu’elle s’accompagne d’investissements massifs dans les infrastructures publiques, l’éducation, la santé et la stabilisation institutionnelle. Dans le cas de la RDC, cela implique que les revenus générés par les minerais stratégiques doivent impérativement être réinvestis dans la construction d’écoles, de centres de santé, de routes rurales, ainsi que dans la relance du secteur agricole, dont dépend la majorité de la population.
Par ailleurs, la réussite du Plan Marshall reposait aussi sur la conditionnalité des aides à des réformes internes, notamment en matière de gouvernance économique et de coopération régionale. Cette approche doit être transposée en RDC : les investissements liés à l’accord devraient être strictement conditionnés à des avancées mesurables dans la transparence des institutions, la lutte contre la corruption, et la création de mécanismes fiables de redevabilité publique. Cela signifie également que la RDC devra renforcer ses capacités administratives pour absorber et gérer efficacement les flux financiers, éviter les détournements, et garantir que les bénéfices du développement atteignent réellement les populations locales.
Enfin, pour atteindre un impact semblable à celui du Plan Marshall, l’effort ne pourra être porté par un seul acteur. Une coopération étroite devra être instaurée entre le gouvernement congolais, les États-Unis, les autres partenaires internationaux, ainsi que le secteur privé et la société civile. Sans coordination stratégique ni transparence des actions entreprises, le risque est grand de voir l’accord reproduire les erreurs passées, où les richesses minières profitaient à quelques élites sans modifier substantiellement la trajectoire de développement du pays.
Ainsi, loin d’être un simple transfert de ressources ou un partenariat technique sur les minerais, l’accord à venir entre la RDC et les États-Unis doit être conçu comme un projet global de reconstruction économique, sociale et institutionnelle, fondé sur une vision à long terme. L’expérience historique du Plan Marshall offre un modèle inspirant, mais son adaptation au contexte congolais nécessitera innovation, engagement politique et rigueur dans l’exécution.
III. Les conditions de succès : une approche intégrée et inclusive
La transformation de l’accord en cours de négociation entre la RDC et les États-Unis en un véritable plan Marshall pour l’Est du Congo repose sur une série de conditions indispensables, sans lesquelles toute ambition de reconstruction risquerait de se diluer dans les écueils du passé. La première de ces conditions est la sécurisation effective de la région. Aujourd’hui, plus de 120 groupes armés sont actifs dans l’Est de la RDC, entretenant un climat de violence et d’insécurité permanente qui freine non seulement l’activité économique, mais aussi toute tentative sérieuse de développement humain (UN Group of Experts, 2022). La pacification du territoire est donc un préalable absolu. Elle nécessite une action robuste de désarmement, de démobilisation et de réintégration des combattants, ainsi qu’une réforme profonde des forces de sécurité congolaises.
Parallèlement, il est impératif de mener une réforme institutionnelle ambitieuse afin de restaurer l’autorité de l’État et de garantir l’état de droit. La faiblesse chronique des institutions publiques congolaises est documentée depuis longtemps : selon Transparency International, la RDC est classée 165ᵉ sur 180 pays en matière de perception de la corruption (Transparency International, 2022). Sans institutions judiciaires indépendantes, sans administrations efficaces, et sans mécanismes de lutte contre l’impunité, aucun projet de développement durable ne pourra s’enraciner. Les accords futurs doivent donc conditionner les financements à des progrès tangibles dans la réforme du système judiciaire, la création d’organes de contrôle financiers indépendants, et la mise en place d’une gouvernance transparente dans la gestion des revenus miniers.
Mais la réussite ne dépendra pas uniquement de la régulation du secteur extractif. Il est essentiel d’élargir la gouvernance à l’ensemble des secteurs stratégiques du développement. Dans un pays où l’agriculture emploie environ 60 % de la population (FAO, 2022), focaliser exclusivement sur les minerais reviendrait à marginaliser la majorité des Congolais. Il est urgent de concevoir des politiques publiques intégrées qui visent également la modernisation de l’agriculture, le développement des infrastructures rurales, l’amélioration des systèmes éducatifs et de santé, ainsi que la promotion de l’entrepreneuriat local. Cette approche multisectorielle est la seule à même de construire une croissance inclusive et de prévenir l’émergence de nouvelles inégalités.
L’investissement social constitue ainsi un pilier fondamental du succès. Aujourd’hui, la situation de l’éducation et de la santé dans l’Est de la RDC est alarmante : selon l’UNICEF, seul un enfant sur cinq termine l’école primaire dans certaines provinces touchées par les conflits (UNICEF, 2021), et plus de 50 % de la population n’a pas accès aux soins de santé de base (WHO, 2022). La reconstruction économique doit être indissociable d’une reconstruction du capital humain : investir massivement dans la formation, la santé publique, l’accès à l’eau potable, et les infrastructures éducatives constitue une condition sine qua non pour bâtir une société capable de soutenir durablement la croissance.
La relance du secteur agricole représente également un levier stratégique majeur. Longtemps négligée au profit du secteur minier, l’agriculture congolaise a pourtant un potentiel considérable. Selon la FAO, la RDC possède plus de 80 millions d’hectares de terres arables, dont à peine 10 % sont actuellement exploitées (FAO, 2022). En investissant dans la modernisation des techniques agricoles, en construisant des infrastructures rurales de qualité, et en créant des chaînes de valeur locales pour la transformation des produits agricoles, il est possible de créer des millions d’emplois, d’améliorer la sécurité alimentaire et de réduire la dépendance du pays à l’exploitation minière.
Enfin, la réussite de cet accord dépendra de l’engagement partagé de tous les acteurs impliqués. Le gouvernement congolais devra prendre ses responsabilités en assurant la planification stratégique et en renforçant les institutions. Les États-Unis devront, au-delà de l’intérêt stratégique, soutenir financièrement et techniquement l’ensemble des réformes nécessaires. Les partenaires internationaux et les organisations multilatérales devront assurer un suivi indépendant, garantissant la transparence et la redevabilité. Sans une coordination rigoureuse, sans des mécanismes solides d’évaluation et de contrôle, les risques d’échec resteront élevés.
- Une coopération internationale coordonnée
La réussite du projet d’accord en cours de négociation entre la République Démocratique du Congo et les États-Unis, dans sa vocation à devenir un véritable plan Marshall pour l’Est congolais, dépendra d’une coopération internationale étroite, fondée sur la clarté des responsabilités, l’engagement mutuel et la transparence. En premier lieu, la responsabilité principale repose sur la RDC elle-même. C’est au gouvernement congolais qu’il reviendra d’assurer le leadership politique nécessaire pour piloter l’ensemble du processus de reconstruction. Cela implique non seulement l’adoption de réformes institutionnelles profondes, mais aussi la définition d’une vision stratégique de long terme, fondée sur des objectifs précis et mesurables. À cet égard, la planification devra intégrer la dimension locale : il sera essentiel de consulter et d’impliquer les communautés affectées par l’exploitation minière et les projets de développement, afin d’accroître leur appropriation et de renforcer la légitimité des politiques publiques mises en œuvre.
Le rôle des États-Unis sera déterminant pour garantir la crédibilité et l’ampleur du projet. Au-delà de la sécurisation des chaînes d’approvisionnement, Washington devra fournir un soutien financier substantiel, comparable aux efforts engagés dans d’autres plans de reconstruction, ainsi qu’une expertise technique de haut niveau pour accompagner les réformes institutionnelles, la modernisation des infrastructures, et la promotion des normes environnementales et sociales. Mais l’expérience historique montre que l’efficacité d’un tel soutien dépendra de la capacité des partenaires à imposer une conditionnalité rigoureuse : le respect de principes de bonne gouvernance, de transparence et de résultats mesurables doit être une exigence non négociable. Cette approche a prouvé son efficacité dans plusieurs initiatives de développement, notamment dans le cadre du Millennium Challenge Corporation, où l’accès aux fonds est strictement conditionné à des performances en matière de gouvernance et de droits humains (MCC, 2022).
Cependant, les États-Unis ne pourront porter seuls l’immensité de la tâche. Les organisations multilatérales telles que la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et les agences spécialisées de l’ONU devront jouer un rôle central dans la supervision des projets, l’évaluation des progrès, et l’assistance technique. La Banque mondiale, déjà impliquée dans plusieurs programmes de développement en RDC, dispose de l’expertise nécessaire pour appuyer les réformes structurelles, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et de l’éducation (World Bank, 2023). De même, les investisseurs privés auront un rôle clé, à condition qu’ils respectent des standards élevés de responsabilité sociale et environnementale, et qu’ils inscrivent leurs activités dans une logique de création de valeur locale plutôt que dans une simple logique d’extraction et de profit immédiat.
Enfin, une gouvernance collective et transparente sera indispensable pour éviter la capture du processus par des intérêts privés ou des réseaux politico-économiques corrompus. Il est impératif de créer des mécanismes de suivi et d’évaluation indépendants, intégrant la société civile, les communautés locales et les partenaires internationaux, afin d’assurer une reddition régulière des comptes et d’ajuster les actions en fonction des résultats. Cette approche participative est d’autant plus nécessaire dans un contexte comme celui de la RDC, où la méfiance envers les élites politiques est profonde, et où la transparence publique reste insuffisante.
Conclusion
La République Démocratique du Congo, riche de ses ressources stratégiques, est aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. L’accord en cours de négociation avec les États-Unis représente bien plus qu’une opportunité économique : il offre la possibilité de réinventer le destin de l’Est congolais en transformant la richesse minière en levier de développement humain, social et institutionnel. Mais cette transformation exige plus qu’une exploitation responsable des minerais ; elle requiert une vision intégrée de reconstruction, s’inspirant des leçons du Plan Marshall, articulée autour de la pacification du territoire, de la réforme de l’État, de l’investissement massif dans l’éducation, la santé, et l’agriculture, et d’une gouvernance transparente et inclusive.
L’accord ne saurait réussir sans une coordination internationale rigoureuse, un engagement réel des autorités congolaises, et une exigence de résultats partagée entre tous les partenaires. Le défi est immense, mais les enjeux le sont tout autant. L’Est de la RDC, longtemps symbole de tragédies humaines, peut devenir un laboratoire d’espoir et de renaissance africaine. Il appartient désormais aux décideurs, congolais comme internationaux, de transformer cette ambition en réalité durable.
Références
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