Alors que la RDC s’apprête à vivre un moment décisive de son histoire institutionnelle, deux visions du pouvoir s’affrontent. D’un côté, Vital Kamerhe, gardien sourcilleux des prérogatives parlementaires. De l’autre, Dieudonné Kamuleta, prêt à bousculer les traditions juridiques. Ce 14 mai, bien plus qu’une simple audience censé rendre le verdict dans le procès Bukanga-Lonzo qui met en cause le député national Matata Ponyo Mapon sous son statut d’ancien Premier ministre, c’est l’équilibre des pouvoirs qui se joue à Kinshasa.
Tout Kinshasa bruisse. Les chancelleries s’interrogent. Les juristes retiennent leur souffle.
La République Démocratique du Congo s’apprête à vivre, ce mercredi 14 mai 2025, une séquence inédite : un affrontement institutionnel ouvert entre le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, et celui de la Cour constitutionnelle, Dieudonné Kamuleta.
Un duel inattendu, mais inévitable.
Kamerhe : la force de la légalité
Vital Kamerhe ne s’est pas levé pour défendre un homme, mais une institution : l’Assemblée nationale, deuxième pilier de la République après la Présidence.
Son rappel à l’ordre, dans la lettre du 25 avril 2025, est devenu un acte politique majeur : « Vous ne pouvez pas juger un député national sans levée préalable de ses immunités par la plénière »
Un simple rappel d’un texte oublié par la Cour : l’article 107 de la Constitution, que même un étudiant de première année de droit connaît par cœur.
Dans le procès Bukanga-Lonzo, il y a donc deux thèses qui s’affrontent. Il y a d’un côté, Vital Kamerhe a choisi son camp : celui du droit, de la procédure et du respect du mandat parlementaire, et de l’autre, Dieudonné Kamuleta qui a le choix avec l’audace de la rupture, comme l’a fait, en son temps, son prédécesseur à ce poste, Dieudonné Kaluba qui n’a pas voulu trahir le droit qu’il a pris et qu’il enseigne aux étudiants comme professeur-juriste.
Pour l’instant, cependant, Kamuleta s’entête, maintenant l’audience du 14 mai, malgré l’absence de levée d’immunité, malgré l’arrêt irrévocable de 2021, malgré la protestation du président de l’Assemblée nationale.
On assiste donc à un défi sans précédent : un président nommé qui ose défier l’institution – la 2ème de la République – élue du peuple.
Une bataille pour la République
Il ne s’agit plus d’un procès Matata. Il s’agit d’un combat pour savoir qui détient la clef de voûte de la République : le Parlement ou la Cour ?
L’Assemblée nationale représente 500 élus nationaux, dépositaires de la volonté populaire. La Cour constitutionnelle, elle, ne détient qu’un pouvoir délégué par la loi, et pourtant, elle prétend agir sans se soucier du législateur.
Un rendez-vous à haut risque
Ce 14 mai pourrait bien devenir un tournant historique. Deux scenarios sont possibles : si la Cour persiste, elle s’expose à un isolement institutionnel irréversible, si la sagesse l’emporte, elle devra reconnaître l’autorité du Parlement et ajourner l’audience.
Dans tous les cas, l’histoire retiendra ce duel comme le plus spectaculaire bras de fer institutionnel depuis l’instauration de la Troisième République.
Econews