Le traitement de 65e édition du Ballon d’Or par les médias étrangers a confirmé mardi que cette cérémonie n’avait plus le même lustre que par le passé.
Le Ballon d’Or, indubitablement, a perdu de son éclat ces dernières années. Les «fuites» qui accompagnent désormais chaque édition et qui font que tout le monde connaît déjà le vainqueur avant la grand-messe, participent certainement à l’érosion du précieux métal. Mais ce n’est sans doute pas tout.
L’Espagne, comme une amante éconduite
Comme le souligne la BBC dans son édition numérique, seul Luka Modric en 2018, a réussi à stopper le règne sans partage du duo Messi-Ronaldo. Entre 2008 et 2021 (l’édition 2020 n’ayant pas eu lieu en raison de la pandémie), l’hydre à deux têtes du football mondial a gobé les 12 Ballons d’Or. Parfois sur leur seul nom et au détriment des critères supposés désigner le lauréat (palmarès, rayonnement collectif…).
Cette baisse d’intérêt de la part des médias étrangers peut aussi s’expliquer par des amours déçues. Prenez le Portugal par exemple. Cristiano Ronaldo, récompensé à cinq reprises par un Ballon d’Or, loin du coup, le quotidien «A Bola» préfère consacrer sa Une au scandale du match arrêté entre Belenenses et Benfica samedi et à «l’absence de coupables», qu’au nouveau sacre de l’Argentin.
En Espagne, pendant des années, les deux joyaux argentino-portugais ont été choyés. Ces derniers partis sous d’autres cieux, la presse ibère, à l’image du quotidien As, pro Real assumé, fait sa Une sur les deux lauréats, mais regrette dans ses colonnes que Karim Benzema ne reparte sans aucun trophée alors que Marca évoque «le glamour perdu de CR7 ».
Beaucoup de médias, y compris américains comme ESPN, rebondissent en effet sur la polémique autour des déclarations du rédacteur en chef de France Football, Pascal Ferre, qui a affirmé au New York Times que le seul but de Ronaldo était de terminer sa carrière avec plus de Ballons d’Or que Messi. Des allégations démenties par le Portugais qui accuse le Français de se faire de la publicité sur son nom pour promouvoir sa publication.
Le Daily Express, en Angleterre, y consacre d’ailleurs une manchette de sa Une davantage portée vers le nouveau coach de Manchester United, Ralf Rangnick et sa prétendue capacité à convaincre Paul Pogba de rester.
L’Allemagne amère pour Lewandowski
«Pourquoi pas le donner à Pelé ? C’était bien aussi… », ironise le journal en titre. Et de poursuivre son attaque en règle contre l’Argentin du PSG : « Il n’y a pas un joueur qui a été meilleur que Lionel Messi cette année… Il y en a beaucoup !»
Si Bild ne conteste pas que le neo Parisien «reste dans l’absolu le meilleur joueur du monde », il rappelle aussi sa fin de saison chaotique avec le Barça : «Il s’est rebellé, a divisé le club catalan et a menacé de le poursuivre en justice».
Pourquoi une telle diatribe alors que les autres pays se montrent beaucoup plus neutres dans leurs commentaires ? La raison tient en deux mots : Robert Lewandowski. S’il n’est pas Allemand, le Polonais joue au Bayern Munich. Le journal polonais Sport l’affiche d’ailleurs sur sa couverture en compagnie de son épouse avec en titre un très simple et partisan : «Léo, non, Lewy ».
Quant à Bild, le choix du serial-buteur est revendiqué : «Lewandowski a connu une saison de Bundesliga incroyable avec 41 buts et cette année il a déjà marqué 25 fois en 20 matchs », rappelle le journaliste qui conclut : «Dans mon classement, Lewandowski aurait devancé Messi, tout comme Salah, Jorginho, Mbappé, Benzema, De Bruyne, Haaland, Kanté, Neymar et bien d’autres…».
On peut ne pas être d’accord avec Bild mais au moins peut-on saluer cette prise de position courageuse. Si le Ballon est d’or, le silence lui, ne l’est pas toujours.
Econews avec France Info