Nul besoin de récompense pour ceux qui sont déjà lauréats, et argumentent en faveur de milliers de milliards de dollars US de dépenses publiques supplémentaires… Peu importe ce que les précédents plans similaires n’ont pas réussi à accomplir.
Comme nous l’avons vu, un groupe de 17 lauréats du prix Nobel d’économie, à la tête desquels se trouve Joseph Stiglitz (récompensé en 2001), soutient le plan Build Back Better de Biden. Un plan contenant quelque 5.000 milliards USD de dépenses supplémentaires… mais qui compte encore ?
Nous expliquions hier que, malgré toutes nos recherches au fil des ans, nous peinons à trouver un « investissement » fédéral qui aurait été payant, dans l’histoire récente.
La dette a bien flambé, de 23.000 milliards USD entre 1999 et 2021. Mais tout cet argent dépensé par l’Etat US n’a pas vraiment rapporté de dividendes pour rembourser la masse d’emprunts. Juste des taux de croissance du PIB de plus en plus faibles, et encore plus de dettes.
Peut-être avons-nous tort, cependant… Alors voyons comment ces nobélisés s’expliquent.
Un argument idiot
Leur argumentation comporte deux parties.
D’abord, ces programmes de dépenses vont augmenter le rendement…
Selon Stiglitz:«Ce sont des mesures importantes, côté offre, qui augmentent la capacité d’un plus grand nombre d’Américains à participer de façon productive à l’économie, contribuant ainsi à améliorer notre faible ratio emploi/population en âge de travailler. En réduisant considérablement le nombre d’enfants qui grandissent dans la pauvreté, et en leur donnant accès aux prématernelles et à une formation universitaire, cela rapportera énormément au cours des années à venir».
C’est un argument tellement idiot que nous daignons à peine répondre.
Il n’y a qu’un volume donné d’heures, d’épargne, de travailleurs, de compétences et de ressources disponibles.
La question est la suivante : qui décide de ce qui leur arrive ? Soit les gens décident eux-mêmes… soit l’Etat décide à leur place.
Mais il n’existe aucune preuve – nulle part, de tout temps, et n’importe comment – montrant que, lorsque l’Etat dépense de l’argent public, il le fait mieux ou de manière plus efficiente.
Au contraire, toutes les indications – qu’elles soient empiriques ou théoriques – nous montrent que l’Etat est nul en matière d’affectation d’actifs.
Aucune menace inflationniste
Et ces dépenses supplémentaires ne seront-elles pas financées par «l’argent de la planche à billet» ? Et est-ce que cela ne va pas faire augmenter les prix… sapant ainsi tout bienfait que ces programmes de dépenses auraient pu générer ?
«Non», déclare Stiglitz : «Il nous faut des bâtiments scolaires et des ponts sûrs, et des soins abordables pour les enfants et les personnes âgées, que l’inflation soit à 2% ou 5%. Les investissements étant financés par des augmentations d’impôt, les impacts inflationnistes seront tout au plus négligeables – à moyen terme, les avantages côté offre les dépasseront. Par ailleurs, la progressivité des mesures fiscales aidera à régler l’un des problèmes les plus cruciaux du pays, la fracture économique grandissante».
Le gouvernement fédéral dépense bien plus aujourd’hui pour les écoles – y compris en prêts étudiants – qu’il ne l’a fait par le passé. Mais où sont donc tous ces contribuables mieux éduqués, gagnant plus d’argent et qui ont un sens civique ? Ils n’existent pas.
Pas plus que «l’offre» de biens et services n’augmente en prenant l’argent aux gens qui l’ont gagné pour le donner à d’autres.
Au contraire, elle est diminuée et altérée par des incitations perverses et l’inefficacité, la corruption et le gaspillage du gouvernement.
Mais Stiglitz continue de distiller son discours. «Les investissements». «Les besoins sociaux». «La crise du climat». Et tout cela peut s’accomplir «sans présenter aucune menace inflationniste».
Aucun gagnant
Dans quel monde cela se produit-il ? Où pouvez-vous prendre leur argent aux gens… le dépenser sur vos projets préférés… et que tout le monde s’en sorte ?
Où pouvez-vous «imprimer» de l’argent sans provoquer l’inflation ?
Comment l’Etat entreprend-il un projet à 5 000 Mds$, le plan Build Back Better, sans dilapider la majeure partie de l’argent ?
S’il se procure l’argent via la fiscalité… il n’y a aucun gain net. Certaines personnes sont gagnantes. La plupart d’entre elles sont perdantes.
S’il se procure l’argent via «la planche à billets», la facture est payée par les consommateurs, au bout du compte, sous forme d’augmentation des prix.
Et dans les deux cas… la richesse réelle est gaspillée.
Avec Chronique Agora