L’appel lancé lundi par le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, à la classe politique pour compléter les postes encore vacants à la Céni (Commission électorale nationale indépendante) commence déjà à faire des victimes. En réalité, dans l’opposition parlementaire représentée essentiellement par le FCC (Front commun pour le Congo) de Joseph Kabila, la panique gagne déjà les rangs.
Avec trois postes à pourvoir, dont celui du 2ème vice-président, questeur et rapporteur adjoint, ceux qui revendiquent encore leur loyauté à Joseph Kabila sont sur le point de traverser la rue. A la manœuvre, il y a Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, président de l’Assemblée nationale, qui a lancé sa pêche miraculeuse pour amener vers la Céni certains cadres du PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), premier parti politique de la nébuleuse FCC.
Dans les filets de Mboso, un poids lourd du PPRD serait déjà tombé. Il s’agit de Didi Manara, député national et président du groupe parlementaire PPRD à l’Assemblée nationale, qui aurait déjà rejoint le navire Céni. En contrepartie, le président de l’Assemblée nationale lui a promis le poste de 2ème vice-président de la Céni. Un autre transfuge du FCC devait obtenir le poste encore vacant de questeur de la Céni, alors que celui de rapporteur adjoint serait réservé, selon certaines indiscrétions, au courant progressiste du FCC porté par Constant Mutamba et Agée Matembo.
Au PPRD, la grande traversée de Didi Manara n’est pas restée sans effets. Aussitôt informé, le bureau politique du PPRD a procédé au changement de la direction de son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale en destituant Didi Manara pour «haute trahison». Il perd ainsi son poste de président du groupe parlementaire PPRD à l’Assemblée nationale, remplacé par François Nzekuye, élu de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu.
Sur son site, Oura-gan.cd présente François Nzekuye comme un parlementaire «rompu» et un «exemple de loyauté» à Joseph Kabila dont il est resté très proche, après son départ de la Présidence de la République en janvier 2019.
En effet, François Nzekuye traîne derrière lui plusieurs législatures. Depuis son arrivée à l’hémicycle, il s’est toujours affiché PPRD. Malgré la déroute du FCC, consécutive au changement de majorité au sein de la chambre basse du Parlement, François Nzekuye ne s’est jamais détourné de ses convictions politiques, toujours prêt à défendre le FCC, sa famille politique, et le PPRD, son parti politique.
Il se dit loyal jusqu’au bout à Joseph Kabila. Il n’a jamais été tenté de traverser la rue comme d’autres «vagabonds politiques». Désormais, le stratège Nzekuye, fin politique et ami de la presse, va donner la vraie cadence politique au débat parlementaire. Pas dans l’agitation ou dans le style de la politique spectacle, à l’instar de son prédécesseur Didi Manara, mais avec méthode surtout qu’il a un mental d’acier.
Avec Nzekuye, l’ex-parti présidentiel sort sa meilleure cartouche qui va titiller l’Union sacrée de la Nation. La voix de l’opposition sera désormais mieux portée, s’est réjoui un élu FCC.
Hugo Tamusa