La Russie a dévoilé vendredi des propositions de traités pour limiter drastiquement l’influence américaine et de l’Otan dans son voisinage, dont les États-Unis se sont dits prêts à discuter, en consultation avec les Européens.
«Moscou énumère ses exigences pour désamorcer les tensions en Ukraine », résume la BBC. La Russie a rendu publiques, vendredi 17 décembre, des propositions de traités dans lesquelles « elle exige des limites strictes aux activités de l’Otan, l’alliance militaire dirigée par les États-Unis, dans les pays d’Europe de l’Est».
Selon ces documents, les pays qui ont rejoint l’Otan après la chute de l’Union soviétique ne devraient pas déployer de troupes ou d’armes dans des zones où elles pourraient être considérés comme une menace pour la Russie. Les bombardiers lourds et les navires de guerre ne seraient pas autorisés à se rendre dans des zones situées en dehors de leur espace aérien ou de leurs eaux nationales à partir desquelles ils pourraient lancer une attaque.
Alors que l’Otan, « créée à l’origine pour défendre l’Europe contre d’éventuelles menaces de l’ancienne Union soviétique, dispose de forces dans les républiques baltes et en Pologne, cela signifierait que l’alliance ne jouerait aucun rôle » dans ces pays, décrypte la BBC. «Et l’Otan devrait abandonner tout projet d’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’alliance occidentale».
«La Russie demande l’impossible »
«La Russie demande l’impossible», juge le correspondant en Russie de la BBC. « [Elle] exige un droit de veto sur ceux qui rejoignent l’alliance. C’est voué à l’échec», puisque l’Otan a déjà dit à maintes reprises que Moscou n’avait pas son mot à dire sur l’adhésion de ses membres. «De plus, les Russes veulent remonter le temps jusqu’en mai 1997. Tout pays ayant rejoint l’alliance après cette date ne sera pas autorisé à recevoir des troupes ou des armes de l’Otan. Comment les États baltes, qui considèrent la Russie comme une menace potentielle, réagissent-ils à cela ?»
Pourquoi faire ces demandes, «quand Moscou sait très bien que l’Occident ne les satisfera pas ?». «Il s’agit peut-être d’une tactique de négociation, demander la lune pour obtenir des concessions», conjecture le journaliste. «Ou peut-être est-ce un message à visée interne : convaincre la population russe que les tensions croissantes entre la Russie et l’Occident ne sont pas de la faute de Moscou».
Pour le New York Times, ces propositions «établiraient en Europe de l’Est un dispositif de sécurité digne de la guerre froide», ce que les responsables de l’Otan ont immédiatement rejeté.
«Les experts estiment que les exigences radicales de la Russie rendront encore plus difficile la poursuite des négociations», écrit de son côté The Moscow Times.
Les États-Unis prêts à discuter, mais pas sans les Européens
Ces demandes, « qui ont peu de chances d’être satisfaites », selon les mots de la BBC, surviennent alors que l’Occident craint que la Russie n’envisage d’envahir son voisin ukrainien. Des dizaines de milliers de soldats russes ont en effet été déployés le long de la frontière ces dernières semaines.
La Russie, de son côté, reproche à l’Otan de se livrer à des provocations et de menacer sa sécurité, note The Moscow Times. Elle a déclaré à plusieurs reprises qu’elle voulait une garantie juridiquement contraignante que l’Ukraine ne rejoindrait jamais l’Otan et que l’alliance mettrait un terme à son expansion vers les frontières russes.
Moscou a demandé des discussions urgentes avec les États-Unis. Ces derniers ont répondu vendredi qu’ils étaient ouverts aux discussions, mais qu’ils n’y participeraient pas seuls. «Il n’y aura pas de discussions sur la sécurité européenne sans nos alliés et partenaires européens », a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, face à des journalistes.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les dirigeants de l’Union européenne avaient eux prévenu, lors d’un sommet à Bruxelles, que toute agression aurait « des conséquences massives et un coût sévère » et évoqué des sanctions, tout en appelant à des efforts diplomatiques pour résoudre la montée des tensions.
La communauté mondiale réunit 93 milliards de dollars US en appui à une reprise résiliente dans les pays les plus pauvres du monde.
Econews avec Courrier international