A deux ans de la présidentielle de 2023, le microcosme politique congolais est en pleine ébullition. Moise Katumbi Chapwe, président du parti politique, Ensemble pour la République, a été le premier à se lancer dans une vaste opération de charme, profitant du lancement à partir des provinces démembrées de l’ex-Province Orientale de son parti politique. Kisangani, Buta et Isiro ont été le terrain expérimental de Katumbi pour mesurer son ancrage dans le Congo profond. Réponse du berger à la bergère, le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a pris le sens contraire en allant à l’assaut du Grand Kasaï, son fief naturel en rapport avec ses origines. Entre les deux leaders qui continuent, malgré tout ce qui les oppose, à battre pavillon Union sacrée de la nation, on assiste désormais à un duel à distance, prélude d’une pré-campagne électorale à rebondissements.
Le Président-candidat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’affronte à distance avec son plus redoutable challenger, Moïse Katumbi Chapwe, chairman du parti politique Ensemble pour la République. Entre les deux personnalités, appelées normalement à être politiquement ensemble, l’évolution et des incompréhensions mineures les séparent régulièrement. Toujours est-il qu’elles se remettent ensemble parce que leur amour pour le pays et le peuple congolais est connu de tous. Mais, leur agenda politique n’est pas forcément le même.
Pour des différences de posture, il est devenu quasiment impossible de les voir marcher la main dans la main. Une grande méfiance s’est installée entre ces deux personnalités. Désormais, chacun travaille pour se positionner utilement.
Même si Katumbi a répondu à son appel en rejoignant les rangs de l’Union sacrée de la nation, Félix Tshisekedi n’a jamais pardonné le soutien apporté à Martin Fayulu alors que Katumbi se sent humilier et flouer dans la mise en place du nouveau bureau de la Céni (Commission électorale nationale indépendante). Certes, il en avait une ligne rouge, menaçant de reconsidérer sa participation dans l’Union sacrée, mais Katumbi semble avoir finalement passé l’éponge.
Allié au sein de l’Union sacrée, il le restera. Entre-temps, il ratisse large, embouchant à chacune de ses apparitions un discours qui l’éloigne fondamentalement de Félix Tshisekedi.
Une rude bataille
A deux ans de la présidentielle de 2023, les deux personnalités se livrent désormais une bataille à distance.
La première à prendre publiquement l’initiative est le populaire ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi. Dans le cadre de l’implantation de son parti, Katumbi a effectué une démonstration de popularité, loin de son fief du Katanga.
C’est à Kisangani que «les hostilités » ont été lancées. Une foule nombreuse a communié avec Katumbi. Ayant enfilé le costume d’opposant, Katumbi a eu des mots durs et sans ambiguïté sur sa perception de la gestion du pays. Pour lui, rien n’est fait pour changer le train de vie des Congolais qui sont en majorité plongés dans la misère.
Pour confirmer son ancrage dans la population, Katumbi s’est placé du côté des victimes de la taxe RAM.
Il ne fallait pas plus pour pousser le Président de la République dans la course afin de se rattraper après la dernière sortie de Kolwezi, dans la province du Lualaba. Au Kasaï, le terrain était miné par la grande déception de la population. Un discours anti-Tshisekedi avait habité les habitants. Tout semblait partir en vrille.
Pour contrer Katumbi dans l’opinion publique, le camp présidentiel a programmé ce voyage de plusieurs jours dans le Kasaï. L’enjeu étant la démonstration de popularité, le Président de la République s’est offert un bain de foule à Mbujimayi, puis un meeting exactement comme Katumbi à Kisangani.
Pré-campagne
Les deux hommes sont en campagne électorale prématurée pour la prochaine présidentielle.
L’erreur est du Chef de l’État qui a pollué son mandat en se déclarant candidat à mi-mandat. En lieu et place, le Président de la République est obligé de séduire l’électorat.
Pour éviter qu’il soit en grand retard sur ses concurrents – Katumbi étant le plus redoutable – Tshisekedi s’est donc lancé directement dans la campagne pré-électorale. Si Katumbi se sert de l’implantation de son parti, Ensemble pour la République, Tshisekedi veut vendre sa recette du Programme de développement à la base de 145 territoires.
Entre les deux leaders, la partie ne fait que commencer. Le passage de Katumbi au Kasaï sera suivi avec une attention particulière. Pour le moment, c’est Tshisekedi qui a pris le devant pour se réconcilier avec sa base naturelle.
Econews